Le nouveau ministre du tourisme Yassir Zenagui décide enfin de faire sa première sortie médiatique. Motif : dresser le bilan de ses 100 premiers jours à la tête de ce département et présenter les grandes lignes de son plan d'action pour 2010 et 2011. Mais ce qu'on attendait de lui, c'est un bilan de fin de parcours pour le plan Azur. «Nous allons terminer l'année 2010 avec 9,4 millions d'arrivées touristiques. Ce qui veut dire un taux de réalisation de 94% de l'objectif initial», lance d'emblée le ministre. Et d'ajouter, «c'est un résultat très satisfaisant, compte tenu de la conjoncture internationale difficile qui a sévi durant les trois dernières années». Le satisfecit du ministre n'empêche pas l'audience, lundi dans un hôtel casablancais, de se demander quand le fameux objectif des 10 millions de touristes sera enfin atteint. «C'est ce que j'espère. Mais je considère qu'à 94% l'objectif est déjà atteint. D'ailleurs, dans le secteur bancaire où j'opérais dès que nous dépassions 75% de l'objectif nous pouvions crier victoire», répond Zenagui. Le ministre reconnaît à ce niveau que le plan Azur a besoin d'une amélioration de son pilotage stratégique et de sa gouvernance. C'est ce qui a d'ailleurs freiné à maintes reprises l'exécution des projets. Aussi, le ministre reconnaît que le secteur demeure concentré autour de deux destinations (Marrakech et Agadir) et deux marchés émetteurs (la France et l'Espagne). Autre critique, c'est le fait que les MRE constituent encore une part importante des arrivées. «Si dans un pays touristique aussi important que la Turquie on comptabilise les arrivées des émigrés comme étant des arrivées touristiques, qu'est-ce qui nous empêcherait de le faire ?», estime Zenagui. Le directeur général de l'ONMT, Abdelhamid Addou, a déclaré que «le challenge du tourisme marocain pour les dix années qui viennent c'est de pouvoir capter le même niveau des arrivées touristiques des MRE dont les générations nouvelles ne viennent pas pour voir la famille mais pour consommer un produit touristique de qualité». Addou annonce d'ailleurs le lancement d'une étude dont les résultats seront connus dans trois mois, par rapport aux attentes des deuxième et troisième générations de MRE. Les derniers chiffres du secteur, annoncés à l'occasion, font état d'une progression de 16% des arrivées touristiques qui dépassent déjà 1,3 million de touristes. Les nuitées marquent pour leur part une croissance de 7% et les recettes de 12% à plus de 10 milliards de DH. Une hausse qui intervient après une baisse de 20% enregistrée à la même période de l'année dernière. «Il est vrai que ces chiffres demeurent en baisse par rapport à 2008. Mais c'est un signe indéniable de reprise qui me permet de garder mon optimisme», lance le ministre. La première priorité pour 2010 et 2011 est l'accélération de la réalisation des stations touristiques. A ce niveau, Zenagui confirme les premières livraisons à Mogador et Lixus pour cet été. Pour ce qui est de Oued Chbika, les deux partenaires CDG et Orascom ont réalisé une augmentation de capital pour un montant de 600 millions de DH. Quant à Taghazout, Zenagui annonce sa relance à travers un repositionnement basé sur le patrimoine naturel de la région (notamment l'arganier) et le surf. Un consortium d'investisseurs est en train d'être constitué pour sa reprise. Une annonce est attendue dans ce sens avant juin prochain. Par ailleurs, Zenagui confirme qu'il mettra à profit son réseau londonien pour capter des investisseurs. «Mais ce n'est pas suffisant. Nous avons concentré nos efforts de promotion pour attirer non seulement les investisseurs touristiques mais aussi les fonds souverains, les fonds d'investissement et les autorités d'investissements», explique-t-il. A ce niveau, deux évènements de taille sont prévus. D'une part, une rencontre qui aura lieu demain, jeudi, à Casablanca, pour discuter des investissements touristiques au Maroc. Elle réunira de grands noms de la finance internationale tels que Goldman Sachs, Barclays, Abu Dhabi Investment Authority…. D'autre part, le ministère prévoit de participer en force à une foire d'investissements à Dubaï où les responsables du ministère rencontreront d'autres élites de la finance internationale. Au sujet de la vision 2020, Zenagui n'a pas été disert. «C'est une stratégie qui engagera l'Etat et nous devons faire attention à nos annonces», précise-t-il. Mais il indique néanmoins, qu'il sera question de mettre en place une carte des potentialités et des atouts touristiques pour chaque région. Il s'agit aussi de développer de grandes installations touristiques conformes aux normes du développement durable. Le sujet du tourisme sexuel a rattrapé le ministre à l'occasion de sa première sortie médiatique. «Je pense qu'il faut baisser le ton en parlant de ce sujet. Le tourisme sexuel est un terme dangereux qui ne s'applique pas au Maroc, où il n'y a pas de réseaux qui opèrent dans ce domaine. D'ailleurs, j'ai vécu dans des pays où chaque jour on voyait des annonces de viol d'enfants. Mais ce n'est pas pour autant que l'on parlait de tourisme sexuel», détaille Zenagui.