Faire un état des lieux de l'agroécologie, proposer des pistes pour la professionnaliser et décliner des perspectives pour améliorer le secteur, tels étaient les principaux objectifs des rencontres nationales sur l'agroécologie qui se sont déroulées les 26 et 27 janvier à Salé. Ce premier rendez-vous du genre a été initié par le Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM), en collaboration avec l'agence pour le développement agricole (ADA) et l'association Terre et Humanisme France. Selon l'association Sala Almoustaqbal organisatrice de l'événement, l'objectif reste la création d'un réseau pour les personnes qui sont intéressées par l'agroécologie et assurer l'intégration et le soutien aux petits agriculteurs, qui sont très actifs dans l'agriculture biologique. L'agroécologie dans le « Plan Maroc Vert » Dans son intervention, Hamid Felloun directeur de gestion des projets à l'ADA a abordé des problèmes tels que les changements climatiques, l'analphabétisme et le manque de moyens qui entravent le travail de ces derniers. Il s'est aussi focalisé sur la place de l'agroécologie dans le Plan Maroc Vert qui, selon lui, ambitionne de « développer l'agriculture marocaine en intégrant la dimension environnementale.» Deux études ont été réalisées dans ce sens par l'ADA. L'une consistait à déterminer les effets de l'agriculture sur l'environnement, tandis que l'autre s'est penchée sur l'impact de la finance carbone pour lutter contre les changements climatiques. La finance carbone est en fait un mécanisme de financement prévu par le protocole de Kyoto. Il s'agit de consacrer des investissements importants sur des techniques moins polluantes afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. De nombreux bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, l'Union européenne, la Banque africaine de développement, le Fond français pour l'Environnement souhaitent s'impliquer dans ces programmes. Felloun a annoncé que 4 projets d'un montant de 18,3 millions de dollars ont été déjà financés par le Fond pour l'environnement mondial (FEM). Un champ d'opportunités Les participants ont exposés les nombreux avantages de l'agroécologie au Maroc. Des vertus nutritionnelles, « avec une agriculture naturelle, biologique, l'agroécologie offre une production agricole respectueuse de la biodiversité naturelle et cultivée, qui permet une alimentation saine, et valorise les paysans, les ressources naturelles locales et les potentialités de chaque terroir ». Une alternative aux aléas du thermomètre, d'autant plus que le Maroc reste « un pays encore majoritairement rural, caractérisé par une agriculture familiale tributaire de l'aléa climatique. Plus de 90% du territoire est concerné par l'aridité». L'agroécologie est également un pourvoyeur d'emplois, parce qu'«en valorisant le statut et les savoir-faire des paysans, elle permet le maintient de la population rurale sur ses terres ainsi que le développement d'emplois ruraux et la création des activités génératrices de revenus pérennes dans le cadre d'une relocalisation de l'économie, en favorisant les relations entre producteurs et consommateurs ». Autre avantage, les économies de budget pouvant être réalisées, « à l'instar des pays en développement, le Maroc est aussi dans un dilemme entre production traditionnelle insuffisamment efficaces, et des pratiques agricoles modernes, coûteuses et insoutenables pour les paysans. Par exemple, il faut 10 calories d'énergie fossile pour produire une calorie de nourriture et la fabrication d'une tonne d'engrais nécessite aujourd'hui deux tonnes de pétrole ». adapté aux marchés locaux et aux filières courtes Le Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc envisage de mettre en place un réseau de labellisation pour les produits agroécologiques. D'après le RIAM, ce label dénommé « Systèmes participatif de garantie agroécologique (SPG) » est adapté aux marchés locaux et aux filières courtes. Le cahier des charges de cette certification devrait contenir les bonnes pratiques agroécologiques, des maraichages, des grandes cultures, de l'élevage, de l'arboricultutre, et de l'apiculture. Il permettra aussi de regrouper les acteurs du milieu, d'apporter un appui technique aux producteurs, développer les circuits de commercialisation des produits, et de sensibiliser les consommateurs. « Le label SPG permet la reconnaissance visuelle immédiate de l'engagement du producteur, dans une démarche de production agroécologique » , indique le réseau.