Dans le cadre du « rendez-vous CFCIM », la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM) a accueilli dans ses locaux à Casablanca, lundi, Pascal Boniface, dirceteur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) pour défricher les grands thèmes de l'actualité internationale. « Les mutations structurelles de l'ordre international », était le thème de cette conférence, qui a enregistré un grand nombre de participants puisque la salle était pleine. À tout seigneur, tout honneur, dit-on souvent et Pascal Boniface, orateur de renommée internationale le méritait bien. Prenant la parole, après le discours inaugural de Joël Sibrac, le président de la CFCIM, Pascal Boniface a entamé son discours par le déclin de l'Occident. Il a fait remarquer que les traditionnelles puissances occidentales ne mènent plus la danse sur les grands dossiers internationaux de nos jours. « D'autres acteurs prennent place à la grande table », a-t-il affirmé, faisant allusion au pays émergents tels que la Chine, le Brésil, l'Inde et autres, dont le poids sur les enjeux du monde actuel devient de plus en plus croissant. Cependant, Pascal Boniface reste persuadé que la « fin du monopole de l'Occident est loin d'être synonyme de la fin de la puissance occidentale ». L'Occident a perdu son hégémonie Pour lui, il revient à l'Occident de faire réagir ces puissances émergentes par rapport aux problèmes cruciaux auxquels est confrontée notre planète. « Il y a des réponses très différentes à apporter à cela », a-t-il estimé. Revenant à la révolution en cours dans le monde arabe, le directeur de l'IRIS a estimé qu'on ne devrait pas circonscrire cet événement uniquement dans le monde arabe. Il a ainsi donné l'exemple de la Russie où l'opposition a manifesté pour crier son ras-le-bol en décembre dernier. « Il y a encore quelques années, des manifestations de telle envergure étaient simplement impensables », a-t-il souligné. Il a de même évoqué l'exemple de la Birmanie où des réformes sont en cours et surtout les langues se sont déliées. Il a en outre cité l'exemple de la Chine qui compte aujourd'hui plus de 500 millions d'internautes, qui discutent sur des forums et qui ont des avis différents sur de nombreux sujets. Selon Pascal Boniface, les mouvements de révoltes observés dans le monde arabe et les avancées enregistrées dans ces pays précités prouvent que le pouvoir revient enfin au peuple. Mais avant tout, le directeur de l'IRIS a insisté dans son exposé sur la singularité des événements ayant marqué le monde arabe. « Chaque pays a son ADN » a-t-il dit. Il a également attiré l'attention de son auditoire sur les amalgames des médias à propos de cette révolution, notamment au sujet des partis islamistes. Selon Pascal Boniface, les contextes ont changé et les islamistes( La confrérie des Frères musulmans en Egypte, Ennahda en Tunisie etc) ont le temps d'adapter leurs discours. Les médias doivent éviter l'amalgame Il invite donc les médias à éviter de semer la confusion à travers leurs commentaires et surtout à prendre du recul afin d'opérer une analyse pertinente. Dans son exposé, Pascal Boniface a également survolé l'actualité marquante du moment dans la sous région, la guerre au Mali. Il a notamment fustigé le manque de solidarité des Européens sur le dossier. « Force est de constater que l'Europe puissance n'existe pas », a-t-il fait remarque avec regret. « Il n'y a que les soldats français au Mali. Cela veut dire que quand c'est les Etats-Unis qui demandent à l'Allemagne ou au Royaume-Uni d'intervenir en Afghanistan, ils sont prêts, mais quand c'est la France et bien c'est le contraire », a-t-il poursuivi. Le directeur de l'IRIS et chroniqueur de renom international est de même revenu sur la réélection de Barack Obama et ses défis notamment en matière de politique internationale. Selon lui, le 44ème président des Etats-Unis a été réélu parce que son adversaire républicain, Mitt Romney, était vraiment loin d'être à la hauteur de l'enjeu. Pascal Boniface a d'ailleurs résumé le premier mandat du président américain avec une formule assez simple: « Ben Laden n'existe plus mais General Motors existe toujours ». Barack Obama a limité les casses mais l'Amérique n'est pas encore totalement sortie de l'auberge, selon lui. Pascal Boniface a fait remarquer à son public que la supériorité militaire des Etats-Unis n'a pas porté ses fruits en Afghanistan. « L'Afghanistan est un échec pour l'OTAN », a-t-il dit. Sur le conflit israélo-palestinien, Pascal Boniface espère que Barack Obama va engager un bras de fer, maintenant qu'il n'a plus de contrainte électorale, avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pour faire évoluer les choses. Il a aussi évoqué le conflit qui oppose actuellement la Chine et le Japon au sujet des îles inhabitées que les deux pays se disputent. Selon lui, tout doit être mis en oeuvre pour éviter un affrontement entre la deuxième et la troisième puissance économique mondiale, car un tel choc aura forcément des répercussions sur l'économie mondiale. Enfin, Pascal Boniface a fustigé la pusillanimité de la communauté internationale par rapport à certains sujets cruciaux de l'actualité internationale. Il a notamment critiqué l'attitude des pays occidentaux notamment lors de la dernière opération militaire de l'Etat hébreu contre Gaza. De même, Pascal Boniface s'est dit déçu par le manque d'accord lors de la conférence de l'ONU sur le climat à Doha, il y a quelques mois. « La communauté internationale n'existe pas », a-t-il conclu.