Vous avez tenu, au début du mois courant, le cinquième conseil fédéral de votre parti. Quel constat faites-vous de votre action ? Notre parti ne s'est constitué qu'en mai 2010, et en ce peu de temps il a pu gagner la confiance de plus de 35 000 citoyens et citoyennes aux élections de novembre 2011 dans seulement le tiers des circonscriptions électorales. Avec le peu d'expérience dont il dispose, mais aussi le peu de ressources humaines et de présences organisationnelles dans le territoire sans évoquer le manque de moyens matériels, le parti est représenté au parlement. Sur le plan de la cause qu'il défend, notamment la dimension écologique dans le projet sociétal, il a pu sensibiliser voire plus, arriver à la faire valoir dans la nouvelle constitution marocaine de juillet 2011. Nous avons aussi gagné la confiance et le respect de quelques partis politiques marocains et noué des relations avec les Verts mondiaux, les Verts d'Europe et les Verts d'Afrique. A notre avi, bien sûr, c'est un début prometteur. Où se situe votre parti dans l'échiquier politique ? Être écolo dans une société comme la notre, c'est appartenir à la gauche démocratique. Mais étant donné la situation sociale et économique du pays, notre créneau constitue un domaine d'intersection, un centre d'intérêt commun à plusieurs acteurs politiques, sociaux, économiques et de la société civile. Le parti situé dans la conjoncture actuelle ne veut pas être cantonné dans un clan préétabli. Il a sa propre politique et reste libre de ses choix. Il joue son rôle dans l'opposition actuellement vu le scenario politique actuel. Notre Organisation noue de bonnes relations avec des partis de gauche comme du centre et garde ses distances politiques vis-à-vis des conservateurs de droite comme de gauche. À l'issue de votre conseil, vous avez dressé un constat plutôt négatif de l'actuel gouvernement. Que lui reprochez-vous au juste? Le parti a été déçu de l'action du gouvernement actuel durant les douze premiers mois de son mandat tant au niveau institutionnel que social, économique et culturel. La majorité des mesures prises ne constituent que la continuité des programmes et chantiers entamés par les gouvernements précédents (depuis El Youssoufi). Il n'y a aucune créativité concrète ni dans la vision ni dans l'élaboration et la planification de l'action gouvernementale. Une première qu'on peut compter pour l'actuelle majorité, c'est la guerre palabrée entre ses composantes et les sorties médiatiques spectaculaires du chef du PJD et du gouvernement. Nous avons le sentiment d'être face à une politique mesquine. De toutes les expériences du monde, jamais un chef du gouvernement n'a menacé l'opposition d'investir la rue. Le gouvernement n'a pas pris conscience de la priorité d'achever la réforme constitutionnelle par l'élaboration consensuelle et participative des lois organiques sans lesquelles notre démocratie ne serait qu'un mécanisme d'accès au gouvernement et non un système politique et un model de garantie de la dignité humaine des Marocaines et Marocains. Le temps presse pour redresser la situation, le gouvernement doit être conscient qu'il n'a pas le droit à l'échec, c'est le premier scenario politique pour l'exercice de la nouvelle constitution. Quelles sont les difficultés qui risquent de vous freiner ? Au plan général, la valeur de citoyenneté n'est pas chose intériorisée et sa mise en œuvre dans notre société représente encore un grand handicap pour notre processus de démocratisation et de modernisation. Ce faisant, dans un contexte international, le conservatisme et la négation de l'autre tendent vers l'hégémonie sur les mentalités à travers le monde. Ce qui affecte le degré d'influence et la capacité de mobilisation des gens autour des projets de société axés sur la raison et le respect de la dignité humaine en général et les projets innovants comme le notre, en particulier. C'est un défi pour tous les démocrates. Nous sommes confrontés, au quotidien, au manque de financement et de ressources humaines pour la mise en œuvre de notre programme d'action politique adopté par le conseil fédéral ce mois-ci. Mais, nous souffrons également de notre exclusion des mass-média publics qui ne font paraitre à l'écran que le PJD et le PAM, essentiellement. D'autres partis ne sont qu'un décor ou des figurants, ce qui légitime amplement notre question : Où en sommes-nous des droits de l'opposition, où est passée la HACA?