Loin de nous l'intention de remuer le couteau dans la plaie, l'équipe nationale n'a fait que rester fidèle à l'impression qu'elle a véhiculée en phase de préparation. On vous disait juste avant la CAN qu'une odeur de matchs nuls consécutifs se faisait sentir. Malheureusement, on a pas eu tort. Le Maroc a été éliminé du premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations suite à son dernier match nul (2-2) face au pays organisateur : l'Afrique du Sud. Les hommes de Rachid Taoussi nous ont réconfortés, réchauffés, pour ensuite tremper d'eau froide, et ce à deux reprises. Ce qui fait réellement jaser, c'est que les trois matchs joués au pays de l'extrême sud-africain nous ont permis de constater de près la qualité et le potentiel brut important. Mais encore fallait-il conjuguer ces facteurs devant des équipes qui n'ont pas forcément autant d'individualité, mais qui se font terriblement réalistes une fois que l'occasion se présente. Ce même réalisme était derrière le dernier revers, puisque les Marocains auraient pu tuer le match à deux reprises, deux contres où Chafni et Al Arabi se sont trouvé seuls devant le portier des Bafanas Bafanas. Mais la réalité, mêlée à un semblant de malchance, en a voulu autrement. Un acquis mal préservé La première mi-temps fut incontestablement celle de l'équipe nationale qui a très bien su aliéner attaques et repli défensif selon la fougue de l'adversaire. Le but précoce de Adoua (10') a donné confiance aux nôtres, et a rappelé aux éléments nationaux qu'ils n'avaient pas à fléchir devant n'importe quelle formation. Les changements apportés par Taoussi au Onze de départ ont consacré l'homogénéité mais surtout la combativité de l'équipe nationale, avec notamment un milieu de terrain plus influent. Toutes les lignes ont été remaniées, à commencer par la défense où Kantari a remplacé Adoua dans l'axe, tandis que ce dernier a été aligné comme milieu défensif, d'où le match très correct qu'il a fourni (irréprochable en récupération et en ballons aériens). El Kaoutari a retrouvé sa place comme arrière-gauche après la parenthèse Bergdich, alors que la régularité de Benatia et Chakir les a maintenus en liste. En ligne médiane, Chafni, titularisé à la place d'Alahmadi (auteur de la bourde synonyme du but face au Cap-Vert), a rendu une copie plus qu'honorable alors que Barrada, qui officiait toujours comme meneur de jeu, a été en proie à la fatigue dès la 60'. L'attaque a complètement changé d'allure avec le trio Belghazouani-Kaddioui-Al Arabi au lieu de Assaïdi, Amrabat et Al Hamdaoui. Le 4-3-3 était toujours présent, mais avec un net accent offensif en début de rencontre puisque les Lions ont exercé un pressing très haut. Cette refonte de la sélection nationale n'a pas été sans conséquences, puisque les poulains de Taoussi sont parvenus à maîtriser l'Afrique du Sud, et défendre l'unique réalisation de la première mi-temps. Les quelques occasions sud-africaines ont ensuite été avortées par l'intransigeance d'une défense qui pouvait même compter sur Belghazouani et Barrada. La concentration, talent d'Achille du Onze national La seconde période a été entamée par une infiltration de Barrada sur une passe de Kaddioui, mais l'arbitre n'a pas sifflé de penalty malgré une faute apparente sur le joueur de Getafe. Hafidi remplaçait ensuite El Kaddioui, peu avant l'occasion très franche ratée par Al Arabi qui a décidé de lober le gardien adverse, sans succès bien sûr puisque sa pichenette a été déviée. Taoussi renforçait le fort défensif, en incluant Bergdich et en faisant sortir Belghazouani, mais ce changement allait s'avérer vain car un relâchement en défense a permis à Malhangu de recevoir un ballon en entrée de surface et de le placer calmement en lucarne (71'). À la 80' le Cap-Vert rétablissait la parité face à l'Angola, renforçant les espoirs marocains. Hafidi a même apporté de la légitimité à ces espoirs en trompant le gardien sud-africain du pied gauche, après une remise intelligente de Bergdich (83'). Mais le manque de concentration de la défense et ses nombreux flottements on permis aux Sud-africains de revenir à la charge une nouvelle fois, à travers Sangweny 87'. Ce dernier noyait nos espérances, et nous forçait à ingurgiter l'amer goût de la disqualification prématurée, contre lequel certains commencent à développer de l'immunité. Les trois mois passés par Rachid Taoussi à la tête de cet effectif n'ont, paraît-il, pas suffi à insuffler la maîtrise et le panache nécessaires à une compétition comme la CAN. On attendra donc de la recevoir à domicile pour briser l'anathème du premier tour.