La première apparition de l'équipe nationale en Afrique du Sud s'est soldée par un match nul face au tenant du titre africain, la Zambie. Rachid Taoussi aurait encore du chemin à faire avant de parvenir au Onze de départ idéal, puisque le match de mardi a inspiré davantage de crainte que de confiance. Les arguments sont là, le talent est incontestable, mais pour la formation titulaire il va falloir encore attendre. Le premier match amical de la sélection marocaine, menée par Rachid Taoussi, nous laisse dans l'ambiguïté et ne présente aucune lecture préalable de l'équipe type qui entamera les matchs de la CAN sud-africaine. En scrutant la formation et les phases de jeu proposées par l'adversaire du Maroc mardi dernier, on peut constater que la Zambie a su construire un bloc équipe solide, compact et surtout homogène. C'était justement l'objectif du coach national, qui -en programmant ce match- était en quête d'un capital « cohésion durable ». Le choix de l'adversaire fut donc sans reproches, mais on ne pourrait pas en dire de même en ce qui concerne les choix tactiques de Taoussi, quoique le dernier mot lui revienne à lui seul. Le Maroc a débuté la première période avec une équipe à fort accent européen, avec l'alignement de Benatia, El Adoua, El Kaoutari, Al Ahmadi, Amrabat, Belhanda, Assaïdi et El Arabi. Hermach, Lemyaghri et Chakir complétaient le tableau. L'idée est claire et nette : donner la priorité aux professionnels à l'étranger, pour ensuite donner la chance aux éléments locaux. Un élément qui ne servirait pas forcément les attentes du sélectionneur, puisque la cohésion ne passe pas forcément par cette scission opérée entre joueurs de la Botola et ceux du vieux continent. Rachid Taoussi en compagnie d'Hervé Renard (coach de la Zambie) durant la conférence d'après-match en Afrique du Sud. Manque d'audace en attaque La première mi-temps de la rencontre fut vierge en terme d'occasions de but et de spectacle, ce qui est normalement le cas pour ce genres de matchs préparatoires. La Zambie, plus soudée et plus à l'aise dans le jeu grâce aux mécanismes qui se sont développés entre ses joueurs (à force de se côtoyer), a dominé la possession de balle (60%) malgré quelques sursauts offensifs du Maroc. La formation adoptée par Rachid Taoussi (un 4-3-3 ou 4-2-3-1 selon les phases de jeu) a favorisé la défense plutôt que l'attaque. Aux côtés de Benatia (exténué suite à sa dernière blessure) et Adoua ( impeccable sur la majorité des ballons qu'il a touchés), les deux arrières latéraux Chakir et El Kaoutari n'ont pas démérité, mais n'ont apporté aucun support notable aux offensives marocaines (si ce n'est les ballons longs souvent perdus face à la défense zambienne). Le milieu de terrain marocain a appuyé ce caractère défensif de l'équipe, puisqu'il était constitué de deux milieux défensifs (Hermach et Al Ahmadi) qui ne se sont pas particulièrement illustrés. Belhanda a endossé la tâche de distribution du ballon, qu'il n'a su assurer correctement puisque lui-même n'en a pas reçu une pléthore. Les deux ailiers Nouredine Amrabt et Oussama Saïdi se sont presque fait oublier, notamment le deuxième qui n'a absolument apporté aucun plus à l'attaque marocaine ( sûrement à cause d'une légère blessure contractée le week-end). En pointe, El Arabi foulait le gazon sans contribution apparente, lui qui n'a conclu qu'une seule et unique action suite à un contrôle piqué et un tir à bout portant non cadré. Bref, la défense n'a pas montré de signes de fébrilité flagrante, et a bien négocié la première période. Contrairement à l'attaque qui s'est faite toute petite, et qui a manqué de punch et de percussion. Le milieu de terrain a quant à lui pris des allures fantomatiques : présent mais à peine visible. La deuxième équipe plus entreprenante La seconde période a connu un remaniement complet de la formation marocaine, qui n'a gardé que Issam Adoua des onze joueurs qui ont entamé la rencontre. C'était au tour de Nouceir, Kantari, Chafni, Namli, Znaiti, Barrada, Bel Ghazouani, Hamdallah, El Kaddioui et Bergdich d'enfiler les crampons et d'apporter davantage d'énergie au jeu du Maroc, qui fut à la limite soporifique en première mi-temps. Le milieu de terrain s'est relativement remis de l'inertie dont il a fait montre durant les 45 premières minutes, et s'est attelé de la tâche d'initier les attaques. Barrada a insufflé un semblant d'énergie grâce aux quelques passes qu'il a adressées et aux quelques tirs qu'il a malheureusement loupés. Namli, le médian du MAT a inspiré de la satisfaction et s'est montré correct, Chafni n'a pas épaté, et Belghazouani a tenté -non sans peine- de semer le trouble dans la défense adverse. La graine de buteur de la Botola Pro, Abderraazk Hamdallah, est passé à côté de la rencontre mais on ne peut toujours rien lui reprocher. Le portier du MAS, Anas Znaiti, a fait preuve de calme et d'exactitude (sauf sur une balle qu'il a curieusement échangée avec sa transversale). Rappelons que la sélection angolaise, la première à défier le Maroc pour le compte de la prochaine CAN, a forcé la Zambie à s'incliner par 2-0 samedi dernier, ce qui donne un vif aperçu de la bonne forme de notre prochain rival. Ce qui suscite notre appréhension est le fait que Rachid Taoussi ne dispose plus que d'une semaine, ce qui devrait normalement écarter cette option de deux équipes distinctes, à chacune une mi-temps pour s'exprimer. On comprend que le sélectionneur ait besoin de tester l'intégralité des joueurs présents en Afrique du Sud (exception faite du duo du Raja, qui n'a fait que cirer le banc de touche pour l'on ne sait quelle raison), mais la nécessité de disposer d'une idée préalable sur le Onze titulaire est indiscutable. Durant la conférence de presse d'après-match, Rachid Taoussi s'est montré confiant, laissant comprendre qu'il ne voulait brûler ses cartes et dévoiler ses intentions de jeu dès maintenant. On croise les doigts pour que ce soit vrai. Aussi, cette timidité qui marque le flanc offensif de l'équipe, et qui instaure une nouvelle orientation jusque-là étrangère au football national nous interpelle. Toutes les équipes du Maroc à s'être distinguées dans le passé (on en citera celles de1986 et 1998) l'on fait grâce aux atouts virevoltants et menaçants de l'attaque. Une défense bétonnée est un plus qu'on ne saurait refuser, mais encore faut-il prendre soin d'exploiter des facteurs qui ont, traditionnellement dira-t-on, fait la force du Maroc. Un peu de cran ne ferait certainement pas de mal à un effectif qui est bourré de qualité individuelles. La prochaine rencontre contre la Namibie devrait nous en rassurer, ou museler nos espoirs. On espère que la première option sera la bonne… * Tweet * * *