Le diagnostic révèle la présence de plusieurs signes de détresse. Le Parti du renouveau et de l'équité, plus connu sous son emblème de la pomme, ne cache pas souffrir d'une « pathologie » nommée manque de moyens. Commune aux petits partis, elle semble avoir provoqué, au fil des années, des frustrations intestines. Alors que le conseil national du PRE se préparait à entamer ses travaux, samedi 19 janvier à Rabat, un document a été distribué à l'ensemble des participants annonçant la naissance d'un courant baptisé « Ensemble pour réaliser le changement ». Le document anonyme Ne portant aucune signature, le document de deux pages répertorie brièvement 14 points revendiquant dans leur globalité de meilleures conditions de travail au sein du parti, la révision de ses statuts et ses structures, la mise en place d'une stratégie et surtout plus de coordination. Un comité préparatoire constitué par quelques membres du conseil national du PRE en est l'origine. Il légitime son initiative anonyme par la nécessité d'asseoir la cohésion entre toutes les structures du parti par la voie de la communication et de la concertation. « Tous ces points sont à l'ordre du jour de cette session. Nous sommes, ici, pour en discuter ensemble afin de proposer des solutions. Nous n'allons certainement pas résoudre toutes nos difficultés, mais nous y veillerons au fil du temps », rassure le président du PRE, Chakir Achahbar. Pour ce dernier, le document anonyme témoigne d'une frustration qui se généralise, mais aucunement d'une hémorragie au cœur du parti. « L'hémorragie, ce serait le boycott du conseil national par ses membres, que ces derniers tiennent leur discussion ailleurs et s'expriment dans la presse. Mais à partir du moment où nous sommes dans notre Agora où chacun s'exprime, révèle ses angoisses par rapport au futur, à une certaine forme d'agir et de travailler, cela nous interpelle positivement, puisque c'est cela la démocratie », explique au Soir échos Chakir Achahbar. Et de souligner sa conviction que son parti surtout dans les régions est souvent « acculé à travailler avec peu de moyens ». C'est là que le bas blesse, amenuisant l'enthousiasme des troupes et amplifiant le traumatisme interne. « Tous frustrés » « Nous n'avons pas de quoi financer la communication par la voie d'un support, mais nous tentons de la maintenir par le biais de notre site web (pre.ma), le téléphone ou encore les réunions périodiques », précise Achahbar, qualifiant le document anonyme de « signe de bonne santé » grâce auquel ses instigateurs ont voulu provoquer « un électrochoc ». Effet réussi, ce dernier, pour le chef du parti, a bien dévoilé une frustration dont souffre chaque membre de son groupe. « Je suis moi-même frustré, je n'ai pas honte de l'admettre et cette séance ne nous fera que du bien », estime-t-il, persuadé que le « jeu politique » marginalise des partis au détriment d'autres qualifiés de « grands ». « Les petits partis ne sont pas soutenus par l'Etat comme c'est le cas pour les 8 partis nationaux. Les petits partis que je préfère appeler les partis qui grandissent sont victimes d'une règle de jeu défavorable (...) Nous pâtissons d'une concurrence déloyale », dénonce Achahbar précisant, toutefois, que son parti prend son mal en patience et ne perd pas son courage, utilisant, dans cela, les moyens que lui apportent ses militants auxquels s'ajoute « une petite aide de l'Etat ». Et de préciser que les grands partis, appelés à jouer un rôle important au sein du gouvernement ou de l'opposition s'égarent, parfois, dans « des disputes stériles surdimensionnées par les médias et dictées par des préoccupations carriéristes ».