Maturité et sérénité. Deux qualités qui semblent manquer terriblement à la majorité gouvernementale. C'est en tout cas le constat que dresse le secrétaire général du PPS, Nabil Benabellah, estimant que le climat actuel est marqué « de perturbations » pouvant nuire aux engagements réels du gouvernement. Pour lui, la pratique politique a cédé la place à « l'art du scandale » l'éloignant de sa première et unique mission : l'intérêt suprême du pays. Rattraper les erreurs « Assez ! ». Le secrétaire général du PPS n'hésite pas à faire des reproches aux membres de la majorité dont son parti est l'une des composantes. Après avoir publié un communiqué, jeudi dernier, le PPS tient à réitérer sa position (unique) à l'occasion du Forum de la MAP, organisé hier à Rabat, autour du sujet « Le PPS face à l'épreuve de la cohésion de la majorité gouvernementale » en soulignant à nouveau son inquiétude de réaliser que la politique soit devenue « un show ». « Il est de notre devoir de corriger l'erreur. Certes, il est logique que nous ayons des divergences face aux défis. Nous nous sommes d'ores et déjà exprimés sur la mise en œuvre de la constitution et sur les réformes économiques et sociales fondamentales avec un style qui nous est propre. Ce qui a permis de lancer une certaine dynamique au sein du gouvernement. Mais, il y a également une autre façon de faire pour laquelle nous n'avons pas opté », affirme Benabdellah. Et de préciser qu'au sein de la majorité, il est nécessaire de respecter « un seuil minimum de cohésion » et de veiller sur les engagements pris vis-à-vis de la responsabilité gouvernementale. « C'est inadmissible de mettre un pied dans un secteur et l'autre dans un secteur différent », insiste-t-il, regrettant également la réactivité aux critiques. Responsabilité oblige ! Au nom de la cohésion, c'est la raison qui s'impose. Le leader du PPS ne s'accorde pas avec ceux qui ont fait du chef du gouvernement une cible de toutes les accusations, mais reste convaincu qu'il ne faut pas non plus y répondre automatiquement. « L'action politique exige sagesse et maturité », martèle-t-il, appelant à éviter les polémiques et à épargner le chef du gouvernement. A la place des reproches, ce sont les débats qui devraient susciter l'intérêt de la majorité notamment pour ce qui est des lois organiques sur la régionalisation, la langue amazighe et la parité. « Sommes-nous dans un espace politique stimulant ce débat en profondeur ? », se demande Benabdellah. Son appel, il ne l'adresse pas uniquement à la majorité, mais également à l'opposition à condition que celle-ci respecte aussi « le seuil minimum » de la moralité. « Les débats ne concernent pas Abdelilah Benkirane à lui seul, parce qu'il est chef du gouvernement. Les lois organiques concernent les gouvernements successifs des prochaines années, elles encadreront l'avenir de notre pays. Il faut une cohésion pour construire l'espace démocratique que nous voulons et non des conflits stériles », soutient le secrétaire général du PPS. Ne pas éveiller cette conscience politique pourrait remettre le feu aux poudres en déclenchant une colère sociale sans précédent.