Etre travailleur domestique n'est pas une sinécure dans ce monde moderne. L'Organisation internationale du travail le confirme dans son nouveau rapport intitulé « Les travailleurs domestiques dans le monde : statistiques mondiales et régionales et étendue de la protection juridique », la première étude du genre. On y apprend que ce sont 52,6 millions de personnes qui ont exercé des travaux domestiques en 2010, alors qu'elles étaient 33,2 millions en 1995, soit une hausse de 19 millions. « Ces chiffres excluent (...) les enfants employés comme travailleurs domestiques âgés de moins de 15 ans qui ne sont pas pris en compte dans les enquêtes utilisées par le rapport. Leur nombre avait été estimé par l'OIT à 7,4 millions en 2008 », précise l'OIT. C'est un secteur largement féminisé, puisque 83% des travailleurs domestiques sont des femmes. D'après le rapport, le travail domestique représente 7,5 % des emplois des femmes dans le monde, un emploi féminin sur cinq au Moyen-Orient et un emploi sur six en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Absence de protection juridique Les employés domestiques sont souvent privés de leurs droits les plus élémentaires. Le rapport indique que seuls 5,3 millions de personnes sont couverts par la législation générale du travail de leurs pays au même titre que les autres travailleurs, tandis que 15,7 millions – soit le quart en sont exclus. Autre problème signalé, l'absence de repos hebdomadaire. Plus de la moitié des travailleurs domestiques ne bénéficient pas d'une limitation de la durée de travail hebdomadaire contrairement en ce qui est prévu par la législation du travail. « (…) De nombreux travailleurs domestiques sont exposés à une durée du travail bien plus longue en pratique et ce en dépit du fait que pratiquement tous les pays ont fixé une limite légale générale pour la durée du travail qui varie de 40 à 48 heures hebdomadaires », constate le rapport. Pis, 45% n'ont pas droit aux repos hebdomadaires et plus d'un tiers des travailleuses n'obtiennent pas des congés ni des prestations de maternité. « Les insuffisances de couverture sont particulièrement importantes au Moyen-Orient et en Asie mais on trouve également des lacunes dans d'autres régions. Même lorsque les travailleuses domestiques sont incluses dans les régimes d'assurance sociale qui offrent des prestations de maternité, les critères d'éligibilité restrictifs ou l'absence de la mise en application peuvent, dans la pratique, empêcher l'accès à ces avantages », souligne le texte. Dans ce lot, ce sont les employés migrants qui paient le plus lourd tribut. La non maitrise de l'environnement local constitue pour eux un handicap de taille. Ils sont souvent victime d'exploitation et sont exposés à des violences psychologiques et sexuelles. Situation au Maroc Au Maroc, la situation des travailleurs domestiques n'est pas un long fleuve tranquille. En novembre 2012, l'organisation des défenses des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a levé un coin du voile en publiant un rapport sur l'exploitation des filles domestiques âgées de moins de 15 ans. Des mineures mal rémunérées qui subissent des violences physiques ou sexuelles. La condition des employés domestiques a été remise au goût du jour par la récente tentative de suicide d'une bonne dans le quartier de Bourgogne à Casablanca. Contactée par le Soir échos, Fouzia Assouli présidente de la Ligue démocratique pour les droits de la femme (Lddf) nous a indiqué qu'elle est en train d'effectuer des recherches auprès de ses proches pour connaître les causes de cet acte.