La fin de la violence à l'égard des femmes n'est pas pour demain. Le projet de loi relatif à la violence conjugale qui avait été déposé en février 2010 au Secrétariat général du gouvernement (SGG) n'a toujours pas été adopté par les députés. Un texte, qui rappelons-le, avait été élaboré par l'ancienne ministre du développement social, de la famille et de la solidarité Nouzha Skalli, dans le souci de combler le vide au niveau des législations en vigueur. Mais pour la Ligue démocratique des droits des femmes (LDDF), une loi spécifique sur la violence conjugale ne constitue pas un moyen efficace pour lutter contre ce phénomène. La ligue revendique un texte de loi en mesure de protéger les femmes contre tous les types de violence. «Il faut une loi globale qui réprime toutes les formes de violences, en l'occurrence le harcèlement sexuel et le viol et non seulement la violence conjugale. N'oublions pas que la violence psychologique constitue la forme de violence la plus répandue, avec un taux avoisinant les 50%», affirme Fouzia Assouli, présidente de la LDDF. Et d'ajouter : «L'élaboration de cette loi globale devra se faire en concertation avec tous les acteurs concernés, à savoir les départements de la famille et du développement social, la justice, la santé, l'intérieur, l'éducation nationale, ainsi que les associations agissant pour les droits des femmes». Pour cette militante des droits des femmes, il faudrait des dispositions qui ne se limitent pas seulement à des mesures punitives. «Des mesures d'accompagnement psychologique s'imposent. En l'absence d'une prise en charge, bon nombre de femmes violentées tentent de se suicider pour échapper à la violence», précise-t-elle. En attendant, la situation reste alarmante dans notre pays. Lors d'un congrès international sur la violence contre les femmes qui s'est tenu mercredi 6 septembre à Casablanca, la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille, de la solidarité et du développement social, Bassima Hakkaoui, a indiqué que près de six millions de femmes sont victimes de violences au Maroc, soit une Marocaine sur trois. Des chiffres qui renvoient à ceux qui avaient été auparavant dévoilés par le Haut Commissariat au Plan (HCP) (voir encadré p 5). La ministre a également révélé que dans plus de la moitié des cas (55%), il s'agit de violences conjugales. Et c'est dans les lieux publics que la violence physique est la plus répandue. C'est du moins ce qu'avait révélé l'enquête du HCP. Avec un taux de prévalence de 9,7%, près d'un million de femmes en sont victimes, soit 2 femmes violentées physiquement sur 3. Notons que le taux de prévalence dans ces lieux est 5 fois plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural (14,2% contre 3,1%). Les établissements d'enseignement ou de formation ne sont pas en marge de ce phénomène. En effet, 19.000 élèves et étudiantes ont eu à subir un acte de violence physique. Les auteurs de ces violences sont, dans 2 cas sur 3, des camarades masculins, dans 15% des cas, un membre du personnel administratif de l'établissement et dans un cas sur 5 un membre du personnel enseignant. Dans le milieu professionnel, 32.000 femmes actives occupées avaient fait l'objet de violences physiques.