L'association des professionnels du matériel biomédical (APMB) tire la sonnette d'alarme sur le développement du trafic illicite des dispositifs médicaux. Le phénomène prend une ampleur inquiétante, mettant en danger la vie des patients. Immersion au coeur d'un système inquiétant! L'association des professionnels du matériel biomédical (APMB) revient à la charge pour dénoncer l'anarchie qui sévit sur le marché des dispositifs médicaux. Le vide juridique dont souffre ce secteur a profité aux réseaux parallèles qui approvisionnent le marché de produits ne répondant pas aux normes internationales de qualité. Pour Ahmed Achaach, membre de l'association des professionnels du matériel biomédical, la réglementation du secteur est son cheval de bataille. Depuis des années, cette ONG réclame une loi imposant le respect des normes de de sécurité gage de qualité. «Aujourd'hui, n'importe quelle société peut importer des matériels médicaux d'Europe ou des Etats-Unis et les vendre sans aucun contrôle sur le marché national. Cette situation doit cesser car les matériels médicaux n'est pas une marchandise lambda. Dans le cas des marchés publics, l'Etat verrouille un petit peu le processus en exigeant aux sociétés soumissionnaires l'enregistrement des produits», renchérit cet acteur privé. Un projet de loi relatif aux équipements médicaux a été élaboré par le ministère de la Santé et a été adopté en Conseil de Gouvernement en juillet dernier. Cependant, la mise en application n'est toujours pas d'actualité. Nous sommes le seul pays méditerranéen à importer du matériel d'occasion, sans contrôle. Le ministère de la santé veut une vrai traçabilité des équipements médicaux Ce texte de loi qui impose une procédure d'enregistrement, d'importation, de distribution et de vente de ces produits, est actuellement en examen au Parlement. Les professionnels s'impatientent donc. « En attendant l'adoption du projet de loi et son entrée en vigueur, nous souhaitons un contrôle accru des établissements sanitaires privés. Nous devons multiplier les inspections sanitaires. Le ministère de la santé a diffusé une circulaire dans laquelle il demande aux cliniques et professionnels de la santé de s'assurer de la traçabilité du produit. Toutefois, c'est insuffisant », poursuit M. Achaach. La préoccupation des professionnels est compréhensible. Implanter des appareils médicaux dans le corps du patient sans connaître leur origine, les conditions d'acheminement et de stockage peuvent s'avérer dangereux pour la santé et entraîner la mort du patient. «Pour exemple, un stimulateur cardiaque pacemaker peut parfois se dérégler notamment quand le malade passe sous un détecteur de métal. Le patient dispose de 48h pour reprogrammer le pacemaker, sinon, c'est la mort. si le fournisseur du produit est une société fantôme, il arrive souvent que personne ne soit là pour aider le patient. », explique un professionnel du secteur avant d'ajouter : « de notre côté, sur un simple coup de téléphone, nous agissons dans les 15 mn pour reprogrammer le pacemaker à distance. Cela explique réellement l'importance de la traçabilité». L'association contre l'importation des équipements d'occasion Selon ce professionnel, il s'agit d'un élément essentiel exigé par le fournisseur. « Il arrive parfois que notre fournisseur décide de rappeler certains lots de ces produits pour une erreur de fabrication. Alors il est important de savoir où le produit a été vendu, à quel établissement voire même le nom du patient». Le secteur souffre également d'autres maux comme la vente des équipements médicaux d'occasion. « Nous sommes le seul pays du bassin méditerranéen à importer du matériel médical d'occasion, sans aucun contrôle. Nous acceptons toute la ferraille qui arrive d'Europe. Le phénomène prend d'ailleurs une ampleur inquiétante », déplore M. Achaach. Face à cette anarchie, l'association des professionnels du matériel biomédical se bat avec les moyens du bord. Elle mène auprès des médecins et des cliniques des campagnes de sensibilisation et tente de faire du lobbying avec les autorités pour accélérer le rythme d'adoption du projet de loi. Affaire à suivre! * Tweet * * *