La décision du gouvernement hollandais de réduire les allocations familiales et les pensions de retraite des MRE établis au Maroc suscite la colère de la communauté marocaine des Pays-Bas. Entretien avec Abdou Menebhi, président du Centre euro-méditerranéen Migration et développement, basé à Amsterdam. Selon une déclaration officielle du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saâd Dine El Otmani, à la Chambre des représentants, le gouvernement hollandais a décidé l'annulation des pensions des retraités MRE établis au Maroc et des ayants droit. Que fait la société civile aux Pays-Bas pour faire annuler cette décision prise d'une manière unilatérale ? Premièrement, il ne s'agit pas d'une annulation mais d'une réduction à hauteur de 40 % des pensions des retraités marocains établis au Maroc et les ayants droit. Près de 9 000 personnes sont concernées par cette décision. Outre les pensions de retraite, le gouvernement hollandais a également décidé de réduire les allocations familiales dont bénéficient les veuves et les enfants orphelins. La décision a été prise il y a quelques mois par le gouvernement hollandais, mais n'a été appliquée qu'en décembre dernier. Nous avons reçu des appels des retraités marocains qui nous ont dit qu'ils ont reçu des lettres de la part du gouvernement hollandais qui les avise de la décision de réduction. Abdou Menebhi, président du Centre euro-méditerranéen Migration et développement, basé à Amsterdam. Bien sûr, nous ne sommes pas restés les bras croisés. La société civile s'est mobilisée pour faire annuler cette décision qui est en contradiction avec l'accord liant le Maroc et les Pays-Bas en matière de sécurité sociale, signé en 1972. Depuis trois mois, nous menons une campagne de sensibilisation et de lobbying auprès des parlementaires hollandais. Notre démarche a porté ses premiers fruits. Récemment, la Première chambre du Parlement hollandais a demandé au gouvernement d'arrêter l'exécution de cette décision en attendant l'avis du Conseil de l'Etat sur ce sujet. Le but étant de savoir si cette mesure est en contradiction avec les conventions signées entres les Pays-Bas et le Maroc. Nous devons attendre quelques mois le temps que le Conseil de l'Etat statue sur cette affaire. Nous avons demandé aux personnes victimes de cette mesure qui n'ont pas reçu leur pension dans son intégralité d'entamer une procédure de protestation. C'est un formulaire de contestation de la décision à remplir et à adresser au gouvernement hollandais. Cette procédure leur permettra de recouvrer leur argent (les 40 % de la pension) quand le Conseil de l'Etat annulera la décision gouvernementale. Le problème qui se pose est que le gouvernement marocain brille par son absence sur ce dossier. Mais, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a annoncé qu'une série de mesures ont été prises et que l'ambassade du Maroc est restée mobilisée pour suivre ce dossier. Il a même annoncé la mise en place d'une cellule de veille qui se réunit chaque semaine. Elle se compose, selon ses dires, des représentants son département, de ceux du ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger et des responsables de la Caisse nationale de la sécurité sociale. Qu'en dites-vous ? Les diplomates marocains ne connaissent rien de ce dossier. La preuve en est la déclaration du ministre au Parlement marocain selon laquelle le gouvernement hollandais a décidé d'annuler les pensions alors qu'il s'agit d'une réduction de 40 %. Aucune délégation marocaine n'a effectué une visite aux Pays-Bas pour discuter sur cette mesure. Le gouvernement hollandais a à maintes reprises déclaré au Parlement qu'il a demandé à son homologue marocain de s'asseoir autour de la table des négociations pour discuter les propositions d'amendements qu'il souhaite introduire à l'accord le liant au Maroc en matière de sécurité sociale. Cependant, il n'a reçu aucune réponse claire de la partie marocaine. Le ministre des affaires sociales et de l'emploi des Pays-Bas avait déclaré en Conseil de Ggouvernement que face au refus de son homologue marocain de négocier, il faut annuler la convention sur la sécurité sociale. Nous, le centre euro-méditerranéen Migration et Développement, avons adressé des courriers au ministre des Affaires étrangères et de la coopération, à celui de l'Emploi et de la formation professionnelle ainsi qu'au ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger, toutefois, ils n'ont pas donné suite à nos doléances. Le gouvernement marocain doit avoir le courage d'intervenir pour défendre les droits de ses citoyens. Quelle a été la réaction de l'Ambassade marocaine ? Même l'Ambassade marocaine n'a pas bougé le petit doigt. Aucune réaction de nos diplomates. C'est la société civile qui se mobilise pour défendre les droits des Marocains. Il y a quelques jours, une personne nous a appelés de l'Ambassade pour demander si je veux assister à une réunion prévue aujourd'hui lundi à Al Hoceima. Y seront présents, selon cette personne de l'Ambassade, les responsables du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle ainsi que le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger. Nous avons répondu favorablement à cette invitation. Nous sommes toujours prêts au dialogue pour défendre les droits des Marocains. * Tweet * * *