Si l'on en croit une petite information, glissée subrepticement dans un organe sur le mode quasi confidentiel, aux premiers jours de janvier prochain – et la date a même été fixée au 3 du ce même mois – Hamid Chabat proposerait officiellement à Abdelilah Benkirane un mini-remaniement du gouvernement. Il le ferait, dit-on, arguments à l'appui, de manière à le convaincre à la fois de sa nécessité et de son bien-fondé ! Hamid Chabat, SG inamovible de l'UGTM peut à tout moment mobiliser ses milliers de fidèles pour faire entendre sa voix. Hamid Chabat, qui a annoncé qu'il ne briguait aucun poste ministériel, serait-il en train de plaider des postes pour les autres ? En l'occurrence ses « poulains » ou ses proches du parti de l'Istiqlal ? Le nouveau Secrétaire général du parti, également secrétaire général de son état, à la tête de l'un des plus anciens syndicats du Maroc, l'UGTM, serait-il en train d'entrer par la petite porte dans la galaxie de la grande politique ? Se peaufinerait-il par touches successives le masque de chevalier noir d'une scène politique, non seulement inerte mais réduite à une sorte de cloaque ? Influer sur l'échiquier politique Une certaine idée se précise et le nouveau leader de l'Istiqlal, qui a accompli un véritable parcours de combattant pour conquérir le parti, nous la confirme : son action ne s'arrête pas à la prise du pouvoir au parti, il veut influer sur l'échiquier, s'imposer même et, en tout cas, avoir prise sur la marche et les mécanismes de la politique. On savait d'ores et déjà sa tentation irréversible à marquer sa présence par le biais de la coalition gouvernementale, on savait même ses préférences proclamées pour tel ministre issu du parti ou tel autre en instance, on a découvert surtout l'animosité que certains de ses coreligionnaires du parti, devenus ministres, lui inspirent , comme Mohamed El Ouafa, Nizar Baraka et autres !… Ils constituent à ses yeux les résidus de l'héritage – et quel héritage, dira-t-on, n'est-ce pas ! – d'un certain Abbas El Fassi auquel il est reproché à la fois la cuisante défaite du parti aux élections de novembre 2011 et le recul ostensible du parti depuis l'échéance 2007... Comment peser sur l'évolution de l'échiquier national et, au-delà, sur la politique du Maroc dans la perspective des quatre prochaines années avant les prochaines élections, aussi bien locales – non encore fixées – et surtout législatives de 2017 ? C'est la question que ne cesse de formuler en son for intérieur Hamid Chabat. Ramené à l'aune de cette échéance, le deadline lui semble à la fois et proche, mais il pressent à coup sûr la nécessité d'aller désormais de l'avant, d'anticiper et, surtout, de prendre des longueurs d'avance sur les autres. S'il propose au Chef de gouvernement un remaniement ministériel, si minime soit-il, c'est à la fois pour imprimer sa marque au niveau du parti qu'il dirige désormais et renforcer le cercle de ses fidèles au sein du gouvernement de coalition... Sans compter que, à ses yeux et à ceux de ses conseillers, la nécessité d'un remaniement – même technique – devient une loi, un an exactement après sa constitution ! Hamid Chabat n'invente rien, il reprend à son compte les critères de la gestion politique, gouvernementale s'entend. Il a le droit de proposer, il a même la raison pour lui, parce que la règle de mobilité survient et impose aux responsables, au nom de l'intérêt général, de privilégier l'efficacité. La question qui se pose est, néanmoins, la suivante : le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, va-t-il tendre l'oreille aux revendications de Hamid Chabat, puis qu'il a déjà répondu à ce son de cloche par la négative, autrement dit le non catégorique à un remaniement ? Va-t-il céder à ce qui s'apparente, à ses yeux, à des « caprices démagogiques » du chef de l'Istiqlal, au prétexte fallacieux qu'il veut hisser ses hommes à lui et non d'autres ? Au sommet du gouvernement, la chose a été comprise, jaugée et jugée suffisamment avec une certaine ironie, mais désormais prise au sérieux. Car, le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal n'a pas l'air de plaisanter, ni de lancer facilement des anathèmes... L'UGTM, bras syndical du PI Il est, l'a-t-on oublié , le Secrétaire général inamovible du syndicat UGTM au sein duquel il affûté des années durant ses armes et sur lequel il pèse encore et encore de sa stature, tel un imprévisible prestidigitateur qui peut, à tout moment, mobiliser ses milliers de fidèles pour faire entendre sa voix... Le challenger que fut Abdelouahed El Fassi pendant l'élection du parti en sait quelque chose, puisqu'au dernier dimanche précédant le scrutin, Chabat a mobilisé la centrale syndicale entière dans un grand stade de Rabat et décliné sa force réelle... On aura compris, en effet, que le parti de l'Istiqlal est une chose, mais que le syndicat UGTM en est une autre...C'est d'autant plus vrai que la nouveauté de nos jours au Maroc, est constituée par cette loi que, hormis l'UMT qui s'en tient à sa traditionnelle et historique mission, les syndicats sont de plus en plus puissants et ont tendance à se substituer allègrement aux partis, qui ont cette caractéristique de s'entredéchirer... L'USFP est liée à la FDT, le PJD à l'UNTM, l'Istiqlal à l'UGTM... Les centrales syndicales sont en train de découvrir un champ d'action inédit, défraîchi même, elles marchent dans les pas des partis. Hamid Chabat a compris que le parti ne peut être son seul levier, mais son syndicat est à sa vision ce que les fondations sont à l'ouvrage. Nous entrons dans une période de confrontation où toutes les armes sont valables et les coups possibles. Hamid Chabat semble donner un répit aux uns et aux autres, notamment au gouvernement, il promet l'action et prend soin, mêlant la douce pédagogie à la force du propos, d'alerter... * Tweet * * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)