Nouveau visage du 7e art au Maroc, Youness Bouab, est le comédien vedette de Zéro, nouveau long-métrage, de Nour-Eddine Lakhmari. Sorti le 19 décembre dernier, il dispense un personnage à la part d'ombre accrue dans la peau d'un flic torturé. Le comédien Youness Bouab dans Zéro, troisième long métrage de Nour- Eddine Lakhmari. Il est surprenant de dialoguer avec Youness Bouab. Le ton n'est pas celui attendu et convenu des interviews auxquelles certains jeunes premiers nous ont accoutumé. Son regard hypnotique, son charisme issu d'on ne sait où : d'Orient, ou peut-être des Balkans, interpellent d'emblée. Son vif intérêt pour le monde qui l'entoure, le Maroc d'aujourd'hui, le scrutin français en période pré-électoral dans ce café parisien où rendez-vous a été fixé, donne le ton d'une force tranquille. Né à Salé, d'un père marocain et d'une mère française, frère aîné du comédien, Assaad Bouab, Youness passe sa prime enfance à Rabat. Bachot en poche, il trace vers Paris où il renoue avec la tradition et l'esprit des Lumières, comprenez Montaigne, Voltaire, Rousseau sur les bancs de la Sorbonne. On voit alors sans mal, Youness, apaisé, réfléchi, diplômé d'une maîtrise et d'un DEA en philosophie, qui extrait naturellement de son sac à dos, le dernier essai de Michel Onfray, « L'Ordre libertaire, la vie philosophique d'Albert Camus »… Curieux, ouvert, animé par un autre esprit, celui du voyage et de la découverte, il s'installe en Allemagne, l'année de sa licence et y poursuit ses études, dans le cadre Erasmus, étudiant alors la pensée de Kant, Nietzsche et Hegel. De retour à Paris, il dispense des cours particuliers de philosophie, passe par la case d'un job pendant un an dans un vidéo-club, comme Quentin Tarentino, et renoue avec ses premières amours : les planches du théâtre. « J'avais besoin de retrouver le théâtre. J'ai suivi une formation au studio Pigmalion, vivement encouragé par mon frère, Assaad, conscient de mon désir de comédien à cette époque », explique Youness. L'année 2007 sonne le retour au pays natal, « on m'a proposé un contrat de scénariste, destiné à l'écriture d'une série télé au Maroc. A ce moment, j'ai recommencé à Les comédiens et le cinéaste de Zéro lors du 12e FIFM. travailler dans le domaine que j'aimais ». Apparu dans « La route vers Kaboul », du cinéaste belgo-marocain, Brahim Chkiri, sorti sur les écrans au Maroc, en avril dernier, et ayant explosé le box office avec plus de 250 000 spectateurs, Youness Bouab est depuis le 12e Festival International du Film de Marrakech, le héros de Zéro, qu'il incarne dans le nouveau film au titre éponyme du cinéaste Nour-Eddine Lakhmari, vers une retenue à la fois placide et douloureuse. D'ombre et de lumière Un jeune flic cassé par la vie, torturé, malmené par les siens : un père amer, abandonné par sa femme infirme et fasciste « La lecture du scénario et ce personnage tout de suite conquis. Idem pour la thématique abordée, le rapport complexe entre ce fils et son père, les incessantes humiliations de Zéro, ses douleurs et ses questionnements », confie Youness. Après la présentation du film en compétition officielle, sous les couleurs du Maroc lors du 12e FIFM, le comédien a particulièrement été heureux de vivre ce festival événement car « c'était la première fois que je voyais « Zéro », comme les autres comédiens et membres de l'équipe. Ce fut un moment chargé de beaucoup d'émotion. D'abord la Youness Bouab, nouveau visage du 7e art au Maroc. projection du film dans la salle du Palais des Congrès puis celle au cinéma le Colisée, face à un public plus populaire ». Autre temps fort pour Youness, la présentation de Zéro samedi 22 décembre, à la Cinémathèque de Tanger, en présence du cinéaste et des comédiens devant un public d'initiés qui a relevé l'efficience du débat d'une heure « l'accueil et la discussion qui ont suivi la projection tangéroise, ont été très louables. Les spectateurs, ont apporté des réponses aux questions d'autres personnes ». A la question récurrente qui revient souvent dans le discours, adressé à Nour-Eddine Lakhmari « Pourquoi un film si sombre ?», le réalisateur répond sans ambages : « Je ne suis pas l'Office du tourisme, c'est mon regard de cinéaste, tout simplement ». Après l'avant-première Casablancaise, mercredi 18 décembre, saluée par le public et la profession, qui a touché le comédien, « ma famille y a vu Zéro et enthousiasmé le cinéaste « la salle était archi-comble, de nombreux spectateurs n'ont cessé de me questionner sur mes choix » a déclaré Lakhmari. La tournée du film se poursuit à Tétouan et à Meknès. Quant à Youness, qui aime « l'énergie des auteurs marocains » comme Faouzi Bensaïdi, Brahim Chkiri, Hicham Lasri, il rêve de tourner dans un long-métrage de Jacques Audiard et Abdellatif Kéchiche. Pour une vie… de films. Sa nouvelle philosophie. * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)