Les amateurs d'art contemporain vont découvrir, pour la première fois au Maroc, les œuvres d'un artiste japonais à la galerie Bab Rouah de Rabat. Il s'agit de l'artiste graveur Akemi Noguchi. Il expose ses œuvres inspirées des sentiments qu'il a eus lorsqu'il a découvert le métro parisien à la fin des années 70. Son regard sur le métro rend les souterrains plus humains, plus colorés avec une touche très personnelle. Une technique qui, à première vue, laisse penser qu'il s'agit de croquis. Mais en vérité, il s'agit bel et bien de gravures d'une belle finesse réalisées via la technique du mezotint. «Après avoir appris cette technique, en procédant par tâtonnements, j'ai enfin achevé la première œuvre de métro en 1984 : Saint Michel, représentant le visage d'un artisan», témoigne Akemi Noguchi. Lorsqu'il s'est rendu en Europe pour la première fois au printemps de l'année 1973, cet artiste japonais avait d'abord envie de voir les grottes de Lascaux et d'Altamira. Il est resté huit jours dans un hôtel tout près, pour admirer ces fresques tous les jours. Le résultat ne fut pas à la hauteur de ses espérances. «Quelle impression m'ont donnée ces fresques ? Je me sentais misérable et, en conséquence, j'ai complètement perdu confiance en moi-même. L'idée de l'art construite jusque-là et la source d'énergie indispensable à la réalisation artistique se sont effondrées», raconte l'artiste. Son regard sur le métro rend les souterrains plus humains, plus colorés avec une touche très personnelle. Le déclic va se produire lorsqu'il était assis sur une chaise sur le quai du métro. «Inconsciemment, mes yeux se sont levés et sont tombés sur un grand panneau publicitaire du quai en face. C'était une de ces affiches familières qui serait remplacée dans quelques jours. Elle représentait un grand visage d'artisan qui fabriquait un stylo d'une certaine marque. En regardant les yeux de cet artisan, je me suis rappelé les fresques des grottes représentant des cerfs et des bisons et qui étaient restées gravées au fond de mes yeux». C'est suite à ce qui ressemblerait à une sorte de vision soudaine qu'il a décidé de travailler autour du métro. L'exposition se poursuit jusqu'au 15 mai.