La galerie AB de Rabat abrite, à partir de ce jeudi 8 avril, une exposition de l'artiste Souhail Azouzi. Originaire d'Asilah, cet artiste dévoile ses totems après 10 ans d'absence. «Il faut dire que je suis quelqu'un de discret et d'exigeant qui refuse d'exposer sans conviction. J'ai besoin de sentir que mon art est valorisé», explique l'artiste. Son monde artistique est meublé de personnages créés de toutes pièces à base de matériaux simples. Il se définit comme étant un voleur d'ombre. «Dès qu'un rayon de soleil se pose quelque part, je me précipite pour observer l'effet qu'il produit. Ce sont des images fugaces qui hantent mon esprit et qui sont le point de départ de ma création», confie Souhail Azzouzi. Cette passion l'habite depuis l'âge de 5 ans. «Alors que j'habitais Salé, je demandais à mon père de m'acheter des sacs épais en papier que je découpais pour en faire des personnages». L'artiste raconte qu'il attendait avec impatience le week-end et les jours fériés pour accompagner son père acheter les journaux. «J'en profitais pour me faire offrir des tubes de gouache et du papier», révèle l'artiste. Pour confectionner ses œuvres, l'artiste aurait aimé disposer d'un espace plus grand. La plupart du temps, Souhail Azouzi travaille avec des supports et des objets qu'il retrouve dans son environnement immédiat. «J'aime cette idée qu'un objet soit détourné de sa fonction première pour retrouver un second souffle, comme un tapis de paille, des feuilles de papier ou encore un vieux tisonnier. L'objet jadis utilitaire devient alors une œuvre d'art». Souhail Azzouzi pourrait être assimilé à un fétichiste. «Je ne veux pas détruire mais reconstruire sur quelque chose d'existant en laissant souvent un détail qui rappelle l'ancienne fonction de l'objet revisité». Pour confectionner ses œuvres, l'artiste aurait aimé disposer d'un espace plus grand. «Je regrette de ne pas avoir assez d'espace pour réaliser des installations gigantesques car je suis particulièrement attiré par le Land Art, cette tendance de l'art contemporain qui consiste à utiliser des matériaux de la nature et exposer ses œuvres à l'extérieur». L'artiste est nostalgique lorsqu'il se rappelle l'époque où il vivait en Europe et où il avait la possibilité de travailler dans de grands ateliers. «Ces grands espaces me permettaient de réaliser des œuvres monumentales. Aujourd'hui, je suis obligé de m'adapter à mon espace en créant des pièces plus petites, voire minimalistes». Fidèle aux personnages imaginaires de son enfance, l'univers authentique de Souhail conserve une fraîcheur déroutante. Ses toiles et ses sculptures minimalistes où dominent le blanc et le bleu de l'Océan Atlantique ont été exposées dans plusieurs galeries et institutions du pays et à l'étranger. Les influences de Souhail Azzouzi Le graveur Omar Khalil a marqué son parcours artistique. Lorsqu'il était enfant, il lui a offert sa première plaque de gravure alors qu'il était en résidence d'artistes au Festival d'Asilah. A l'époque, ils étaient fiers de nettoyer les plaques d'artistes comme lui et tant d'autres. Il y avait des créateurs de tous bords, certains étaient même des stars comme Christian Boltanski connu pour son travail sur la récup. Et puis il y a eu sa rencontre avec Khalil El Ghrib, qui a beaucoup encouragé son travail à ses débuts. «Tous les dimanches il m'offrait des revues d'art datant des années 40 qu'il trouvait dans des marchés tangérois», confie l'artiste.