Le e-Commerce, un secteur naissant et en plein essor, connaît d'ores et déjà des dérapages. Superdeal, une entreprise, ayant pignon sur rue, n'hésite pas à bafouer les droits les plus basiques de ses salariés. C'est en tout cas ce que nous apprend Ghita qui, après avoir occupé pendant un an et sept mois le poste de responsable marketing et communication de la société Superdeal, s'est vue mise à la porte pour «faute grave». « Le directeur m'a convoquée dans son bureau où il m'a remis un document de rupture de contrat qui ne précisait pas la raison pour laquelle j'ai été licenciée. Il m'a expliqué que c'était à cause de la démission d'une de mes collègues qui a rejoint la concurrence. Il m'a reproché de ne pas l'en avoir informé avant d'ajouter que cette décision a été prise en concertation avec les actionnaires» Cela m'a anéantie, avoue-t-elle, encore sous le choc. Fraîchement diplômée de l'Ecole nationale de Commerce et de Gestion (ENCG), cette jeune femme de 25 ans, intègre l'entreprise spécialisée dans l'achat groupé sur le Net en mars 2011, soit un mois après son lancement. « J'ai accepté un salaire en dessous de mes prétentions sur la base de promesses d'une évolution rapide », raconte Ghita. La jeune recrue se donne corps et âme à l'entreprise. Ses journées débutent tôt et finissent très tard. La société ne déclare qu'une partie du salaire de la jeune femme. « Pour certains salariés, la déclaration n'était même pas faite », ajoute la jeune femme. Ces salariés, des commerciaux pour la plupart, lassés par une situation qui perdure, quittent l'entreprise au bout de six mois, parfois dès la fin du troisième mois. Non respect de la procédure d'écoute Selon Redouane Garfaoui, inspecteur de travail, un salarié ne peut être congédié que s'il commet une faute grave. Par ailleurs, l'employeur doit respecter la procédure d'écoute telle que définie dans l'article 62 du Code du travail. Cette procédure constitue une garantie importante pour le salarié. Lors de la séance d'audition, le salarié exprime son point de vue librement et sans contrainte. Il apporte les preuves de la réfutation de la faute reprochée. L'employeur doit être attentif aux explications du salarié. Un licenciement prononcé sans le respect de cette procédure donne automatiquement droit de bénéficier de dommages et intérêts, sans discussion sur le fond de la décision. L'ex-responsable marketing de Superdeal n'a pas bénéficié de cette procédure. Du côté de la société, le silence a d'abord été de mise. Mais, devant notre insistance, les responsables finissent par répondre. « Ces accusations sont dénuées de tout fondement. Nous avons licencié cette personne dans la légalité. Elle est libre aujourd'hui de recourir à la justice si elle se sent lésée », déclare Ismaïl Loubaris, directeur de la stratégie de Superdeal, joint au téléphone, avant d'ajouter : « Ce n'est pas devant la presse que je dois m'expliquer. Cette affaire n'est pas de votre ressort. Je ne comprends pas l'intérêt d'écrire sur un tel sujet ». Le salarié peut dans un premier temps solliciter une conciliation à l'amiable devant l'inspecteur du travail avant de recourir à la justice. D'après les documents en notre possession, Superdeal a manqué les deux séances de conciliation. Cela démontre le peu d'intérêt que porte l'entreprise au respect du Code du travail. L‘AVIS de l'avocat Abdelilah Abderrazak, « Si le salarié licencié prouve qu'il n'a pas commis de faute grave selon l'article 39 du code de travail, il faut passer par une procédure de conciliation selon le paragraphe 4 de l'article 532 du code de travail. En cas d'échec, le salarié a le droit de demander ses indemnités devant le tribunal social selon l'article 41». Qui est derrière Superdeal ? Superdeal, alias Super Citydeal, inscrite au registre de commerce sous le numéro 231529, a été fondée le 4 février 2011 par quatre associés. Le capital de la société à responsabilité limitée (SARL), qui a été porté à 400 000 dirhams en juin 2011, est détenue à parts égales par Rharbaoui Hajar qui assure la gérance, Benneftah Mohamed Amine (directeur grands comptes auprès de Microsoft, Belkasmi Sofia et Salma Tounsi. Cette dernière se veut être la femme de Omar Tazi, directeur Central Services de Méditel. « Salma Tounsi est bien sur les statuts de l'entreprise mais comme prête-nom de Omar Tazi», nous affirme Ghita qui d'ailleurs nous en a fourni la preuve : des échanges d'e-mails dans lesquels le cadre du deuxième opérateur téléphonique donne ses instructions à l'ex-responsable marketing de Superdeal. * Tweet * *