Du 23 au 25 novembre, la province de Tarfaya a célébré l'avant-première édition du Festival «le Petit Prince du Désert». Un hommage à son fils adoptif, Antoine de Saint-Exupéry. En 1927, Antoine de Saint-Exupéry dépose ses valises à Tarfaya en qualité de chef de l'aéroplace pour les lignes de la compagnie Latécoère qui s'étendaient de Toulouse à Saint- Louis (Sénégal). 85 ans après, la province se rappelle. Un souvenir sur fond de symbiose entre Culture et Histoire. « Ce Festival a pour but de célébrer l'arrivée, du pilote et écrivain Antoine de Saint-Exupéry, de permettre aux festivaliers de retourner sur les traces des pionniers de l'Aéropostale, mais aussi d'offrir aux jeunes participants de l'avant-première une odyssée dans les trois pays ayant inspiré l'écriture du Petit Prince : la France, le Maroc et les Etats-Unis» indiquent les organisateurs. Le Festival le Petit Prince du Désert est aussi l'occasion de rendre hommage à la richesse culturelle de Tarfaya. Une philosophie humaniste Pour ressusciter le pilote-écrivain, le désert a divorcé, pour la circonstance, avec sa quiétude légendaire en proposant à ces nombreux hôtes un programme riche et varié. Les activités littéraires ont constitué le premier acte du Festival. Au cours des tables-rondes, des auteurs et chercheurs français ont dévoilé au grand public le parcours et l'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry, en mettant l'accent sur ses rapports séculaires avec la province de Tarfaya, anciennement appelée Cap Juby. Les animateurs ont également mis l'accent sur la quintessence de son message: Une philosophie humaniste. « Ce festival de Tarfaya est l'occasion de reconstituer le passé et de construire le futur. Saint-Exupéry avait une vision du monde qui était à la fois celle d'un homme d'action et de lettres qui ne distinguait pas entre la contemplation, la méditation et l'action. Il n'agissait pas de manière égoïste pour obtenir gloire ou fortune. Il développait un esprit de sacrifice, visible dans son engagement. Antoine de Saint-Exupéry voulait démontrer cette part de supériorité qui se trouve en l'Homme, y compris chez les enfants et les démunies », nous confie Thanh-Van Ton-That professeur de littérature comparée et de francophonie à l'Université Paris-Est Créteil. Le Festival a aussi été marqué par l'organisation de plusieurs ateliers sur l'environnement et l'aéronautique et des concerts sur la scène de la plage de Tarfaya avec de grands artistes marocains tel que Hindi Zahra ou le groupe Mazagan qui ont tenu le public en haleine. Ils ont dit ... Delphine Lacroix Responsable de la fondation « Succession de Saint-Exupéry » « Je suis impressionnée par toutes les énergies qui se sont mobilisées à Tarfaya pour la réussite cet évènement. Quand Antoine de Saint-Exupéry est arrivé à ici, il avait rencontré des difficultés avec les Espagnols. Il est resté à Tarfaya pour prendre en charge les pilotes qui venaient du Nord et du Sud. Grand admirateur des habitudes locales, il apprit la langue arabe dans les tentes des « Maures » autour du thé. Cette expérience l'a beaucoup marqué. Il aimait rencontrer des personnes avec qui il pouvait échanger des choses au-delà de la langue. Il recherchait la chose humaine qui permettait l'échange. » François D'Agay Neveu et filleul de Saint-Exupéry « Antoine a survolé le Maroc durant son service militaire en 1921. À cette époque, il n'a pas eu beaucoup de contacts avec la population. Par contre quand il vint à Tarfaya en tant que responsable de l'escale, il y resta 18 mois et entretint de bons rapports avec les nomades et les Espagnols. Il découvrit alors cet espace qu'il apercevait de loin depuis son appareil. C'est dans la solitude du désert, qu'il a rédigé des œuvres, comme « Courrier du Sud. Il essayait de montrer, à travers ses écrits, que l'on ne pouvait pas tricher dans le service, il fallait se surpasser pour relever les défis en dépit des obstacles» Geneviève le Hir,Docteur ès Lettres, auteur de la thèse « La force des images chez Saint-Exupéry » « On ne peut pas penser si l'on ne s'engage pas. Et c'est le fruit de cet engagement qui peut attester de la véracité de nos propos. Saint-Exupéry avait horreur des gens qui se limitaient simplement aux discours. C'était un véritable écrivain et homme d'action, une chose rare. Durant ses premiers jours à Tarfaya, il s'ennuyait. Par la suite, il a essayé de s'intégrer grâce à la langue arabe. Quand il a quitté le désert, il s'est mis à regretter ces moments, où il pouvait rester seul et méditer. » Bernard Daquié Aviateur-écrivain « Saint-Exupéry véhiculait des idées humanistes, en allant vers les autres peuples et leur apportait des connaissances d'égal à égal. Il disait, « ta différence ne nous sépare pas, elle m'enrichit». Il a vite compris que ce métier d'aviateur lui permettrait de voyager et de sortir de la France. On assistait, durant cette époque, à l'apparition des premières lignes aériennes. Antoine, c'est à la fois l'aviateur qui maitrise sa machine et le diplomate qui veut partager des vertus humanistes. » 3 QUESTIONS À … Hajbouha Zoubeir Fondatrice et organisatrice du festival Pourquoi l'organisation d'un tel évènement ? C'est une histoire, un patrimoine culturel. Le Petit Prince est l'un des livres les plus lus et les plus traduits au monde. Ce Festival est une façon de rendre un hommage, 85 ans après, à un aviateur qui a vécu à Tarfaya et de célébrer un évènement qui transcende les frontières. Ce rendez-vous pourra faire de Tarfaya un carrefour de rencontres et d'échanges entre plusieurs cultures. Quel bilan faites-vous de cette avant première édition du Festival ? Nous n'étions pas sûrs d'avoir l'adhésion de toute la population de la province. Mais nous avons pu relever le défi. Le Festival a suscité un grand engouement. Nous travaillons pour les habitants de Tarfaya. Cet évènement leur appartient. La première édition est prévue pour les 25, 26 et 27 octobre 2013. Pour le moment nous restons dans la province, mais nous n'excluons pas de l'organiser dans d'autres endroits du désert. C'est dans ce cadre que nous avons tissé un partenariat avec la Fondation Antoine de Saint-Exupéry qui développe beaucoup de projets pour les jeunes de la province. Parallèlement plusieurs ateliers sur les technologies et l'environnement ont été organisés. Dans quel but ? Lors de la soirée de lancement le 14 septembre dernier à Rabat, deux jeunes originaires de Tarfaya ont suivi des formations dans de grandes écoles à Casablanca et Toulouse. Nous avons décidé de profiter de ce festival pour étendre cette formation à d'autres jeunes. Une façon de les initier aux différentes techniques car ce sont eux les futurs décideurs. * Tweet * *