En ouvrant la deuxième année législative de la neuvième législature, le roi a procédé à une analyse descriptive du changement majeur que le Maroc a connu depuis la mise en œuvre de la nouvelle Constitution. Karim Ghellab, président de la Chambre des représentants, a présenté au souverain le bilan d'activité de la Chambre des représentants au titre de l'année 2011, ainsi que plusieurs publications réalisées par cette institution. « Nous invitons le Parlement à se pencher sur l'élaboration d'un code d'éthique, à portée juridique, axé sur les vertus du patriotisme et du souci de faire prévaloir l'intérêt général. Un code reposant sur les valeurs de la responsabilité et de la probité, et sur l'engagement pour une participation pleine et efficace à tous les travaux du Parlement, et le respect du statut juridique de l'opposition parlementaire et de ses droits constitutionnels ». C'est l'une des nombreuses recommandations significatives que le roi Mohammed VI a faites en prononçant, vendredi dernier, le discours d'ouverture de la 1ère session de la deuxième année législative du Parlement. Un vigoureux appel aux membres des deux chambres du Parlement, une interpellation sans équivoque à cette fâcheuse propension d'absentéisme qui est au Parlement, depuis toujours, ce qu'un mal est à un organisme. Le souverain met ainsi le doigt sur une plaie, il évoque successivement la responsabilité de chaque élu, sa probité envers ses électeurs, l'engagement et l'esprit de participation nécessaire. Mais, dans le même souci d'en appeler à la vigilance, il souligne le poids de l'opposition parlementaire, et rappelle qu'elle jouit d'un statut juridique et de ses droits constitutionnels, comme elle doit aussi remplir pleinement son rôle. Le message royal s'adresse à l'ensemble des parlementaires, aussi bien de la majorité que de l'opposition, il concerne naturellement les deux Chambres du Parlement. Le roi a procédé à une analyse descriptive du changement majeur que le Maroc a connu depuis la mise en œuvre de la nouvelle Constitution. Il a mis en exergue les avancées constitutionnelles et, surtout, la nouvelle mission dont est désormais investie l'institution parlementaire. « C'est au Parlement, explique le souverain, qu'il incombe dorénavant d'adopter un grand nombre de lois organiques, pour assurer la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution, surtout pour ce qui concerne ses matières les plus sensibles et les plus stratégiques... ». Avec conviction , défendant plus que n'importe quel autre avocat l'institution parlementaire, le roi va jusqu'à rappeler que « dans certains cas et à l'initiative de notre Majesté, le Parlement est même habilité à procéder à la révision de la Constitution sans passer par la voie du référendum... ». C'est dire, en effet, la consécration d'une institution appelée à refléter le débat serein et la mise à niveau démocratique. Deuxième Chambre et Régionalisation Le discours royal au Parlement issu des élections législatives anticipées du 25 novembre 2011, gagnées par le PJD, constitue à coup sûr un programme d'action. Il s'apparente à une « feuille de route ». Par quelque aspect qu'on l'aborde, il incarne des priorités et une unique philosophie : et d'abord l'engagement par temps impérieux. Les priorités sont en effet l'harmonisation de la réflexion et de la pratique parlementaires avec, éthique oblige, une collaboration efficiente, entre les deux Chambres, ensuite entre celles-ci et le gouvernement. Le Roi a mis en relief la place et le rôle de la deuxième chambre et, dans la foulée, il a appelé à « renforcer et organiser avec ordre et rigueur la nécessaire coopération entre les deux chambres du parlement et à rationaliser les relations de dialogue permanent et de collaboration étroite et équilibrée entre le gouvernement et le parlement... » ! La Chambre des conseillers, qui n'a pas encore élu ses membres, contrairement à celle des représentants – dominée par le PJD – constituera à coup sûr une des étapes nécessaires au nouveau parachèvement démocratique. Son évolution est liée à celle du paysage territorial qui se dessine ( dans ses déclinaisons institutionnelle, politique, économique et sociale) et, ce faisant, au chantier de la Régionalisation avancée. Le roi déclare à cet égard : « S'agissant de la réforme de l'organisation territoriale, considérée comme l'un des domaines structurants clés , il convient d'assurer les conditions juridiques et organisationnelles nécessaires pour la mise en place de la Chambre des conseillers dans sa nouvelle version constitutionnelle »... Et le souverain d'enchaîner : « Notre pays sera ainsi doté de la Régionalisation avancée que nous appelons de nos vœux. A cet égard, nous vous engageons à observer l'esprit et la lettre des dispositions constitutionnelles relatives aux régions et aux autres collectivités territoriales et à prendre en considération les propositions pertinentes de la Commission consultative de la Régionalisation en la matière » ! Des problématiques pertinentes ont également fait l'objet de recommandations royales et de manière solennelle pour ne pas attirer gravement notre attention. Il s'agit de la réforme de la Justice, de l'application des dispositions relatives au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des magistrats, du Conseil national des langues avec à la clé « l'officialisation effective de la langue amazighe , loin de tout « a priori » et de tout calcul étroit », a souligné le souverain. C'est un discours de rappel, une exhortation au travail. * Tweet * *