Tapis rouge, paillettes, troupes folkloriques en tous genres, l'ex-Hilton Rabat devenu Sofitel Jardin des Roses a eu droit à une inauguration digne d'un festival de cinéma. Une cérémonie qui intervient plusieurs mois après l'ouverture de l'hôtel à la clientèle sous sa nouvelle dénomination. Fallait-il attendre le changement de l'organigramme de Risma et la nomination du premier Marocain, Azeddine Guessous en tant que président du Directoire ? D'ailleurs, cette inauguration était l'occasion pour lui de prononcer son premier discours officiel, au cours duquel il a insisté à maintes reprises que Risma était le propriétaire des hôtels alors qu'Accor Gestion Maroc n'en est que le gestionnaire mandaté. Par ailleurs, Guessous a annoncé un partenariat de grande envergure avec Akwa Group, le holding appartenant au ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch. Cet accord porte sur la réalisation, dans les six années à venir, de 25 unités de la Chaîne Etap Hotels, enseigne d'entrée de gamme du groupe Accor à l'international. Risma et Akwa Group ont créé une société commune pour gérer ce projet. C'est le groupe d'Akhannouch qui fournira les terrains. «Nous pouvons faire huit hôtels en un an, voire deux ans», lance Guessous par rapport à ce partenariat. A cela s'ajoutent la réalisation de 5 nouveaux Ibis sur les cinq ans à venir, l'extension du Sofitel Agadir et la rénovation de celui de Marrakech et la réalisation de deux nouveaux Suitehotels. L'objectif étant, selon Gérard Pélisson, patron du groupe Accor et président du Conseil de surveillance de Risma, d'atteindre un réseau de 50 hôtels, toutes enseignes confondues, dans les cinq années à venir. «Nous avons déjà investi plus de 300 millions d'euros au Maroc. Ce montant est voué à doubler dans les cinq prochaines années», annonce Pélisson. La liste, non exhaustive, des investissements de Risma montre une orientation vers l'hôtellerie moyenne gamme aux dépens du grand luxe. C'est la consécration de la nouvelle orientation de l'entreprise basée sur l'investissement qui génère une rentabilité plus rapide. «Les investissements lourds deviennent rentables au bout de 6-7 ans. Ce n'est pas le cas des hôtels de moyenne gamme tels qu'Ibis qui le sont au bout de deux à trois ans. Pour préserver la croissance, il faut générer une rentabilité rapide. L'hôtellerie économique est le moteur qui va générer le cash flow nécessaire pour continuer les investissement», explique Guessous. Cela veut-il dire un freinage de l'investissement dans le luxe ? «Nous avons fait les investissements qu'il fallait en Sofitel, maintenant nous allons nous focaliser sur les investissements économiques», lance Marc Thépot, membre du Directoire de Risma. La nouvelle orientation d'investissement intervient alors que le Directoire de Risma est constitué de 2 représentants de la partie marocaine à savoir Azeddine Guessous et Souad Benbachir, administrateur du groupe CFG. Marc Thépot devient l'unique représentant du groupe Accor. «Les gens du Directoire ne représentant pas les actionnaires, ils ont été choisis pour leurs compétences propres. L'organisation mise en place repose sur un Conseil de surveillance qui représente les actionnaires et une équipe de gestion mais qui rend compte au Conseil de surveillance par rapport à la stratégie et la gestion», explique Guessous. Qu'est-ce qui justifie cette nouvelle formule ? «Elle existait déjà auparavant. Mais l'équipe de gestion étant à majorité française, les actionnaires ont voulu mettre une frontière claire entre les prérogatives du propriétaire à savoir Risma et celles du gestionnaire Accor Gestion Maroc. Auparavant, les deux sociétés étaient dans un flou artistique. Les investisseurs et les actionnaires ne savaient pas qui faisait quoi. Désormais, Risma donne certes les hôtels en gestion, mais c'est elle qui fixe les budgets, surveille la gestion et attend la rentabilité», détaille le président du Directoire de Risma. Avec 65% du capital, les institutionnels marocains sont en droit d'être majoritaires dans l'organe de gestion. «Mais Accor demeure l'actionnaire industriel de référence», rappelle Thépot. Sur les 3,5 milliards de DH d'investissement réalisés par Risma, seul 1milliard de DH est puisé sur fonds propres. L'endettement de la structure, ressort donc, théoriquement, à 2,5 milliards de DH. Pour Guessous, le rapport dettes sur capitaux propres est «acceptable, mais nous allons faire en sorte que l'enveloppe d'endettement baisse». «Les investissements lourds deviennent rentables au bout de 6-7 ans. Ce n'est pas le cas des hôtels de moyenne gamme qui le sont au bout de deux à trois ans». Les résultats 2009 de Risma sont en chute libre. Mais Thepot explique cette tendance par la fermeture pour rénovation de l'ex-Hilton. «C'est ce qui a pesé sur le résultat net, mais ce sont des charges non récurrentes», note-t-il. La fermeture du Sofitel justifie, selon Thépot, même la baisse du chiffre d'affaires. Un seul hôtel sur la trentaine que compte la chaîne peut-il justifier cette tendance ? «Un hôtel comme celui-là représente entre 15 et 20% de notre chiffre d'affaires», précise Thépot qui reconnaît l'impact de la baisse des nuitées uniquement sur les Sofitel. «Les performances des autres enseignes sont en hausse», précise-t-il. A noter que le ministre du tourisme Yassir Znagui était présent à la cérémonie. Mais son discours est resté superficiel. Il a rappelé son engagement à livrer la stratégie 2020 avant la fin de cette année. Mais il n'a livré aucun détail sur sa vision pour le développement du secteur.