L'Organisation des Femmes de la justice et du développement (FJD) travaille en ce moment même sur l'élaboration d'un mémorandum décrivant sa vision de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. Eclairage. Les Femmes de la justice et du développement ont émis plusieurs recommandations pour la mise en place de l'APALD. Pas encore de vision claire et nette pour décrire dans sa globalité l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination (APALD). L'heure est à la collecte des idées et des principes qui devraient servir de base à cet organisme auquel la constitution a appelé dans son article 19. Après le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), c'est l'Organisation des femmes de la justice et du développement (FJD) qui tente, aujourd'hui, de décrire sa vision de cette autorité en réunissant avocats, militants, académiciens et parlementaires autour de la question. Invités à une rencontre, tenue jeudi dernier à Rabat par les FJD, chacun a apporté son eau au moulin en faisant part de recommandations. Des principes de base «Nous préparons actuellement un mémorandum sur la base des nombreuses recommandations que nous avons recueillies, à l'occasion. Il s'agit de principes que nous estimons nécessaires pour la mise en place de l'APALD. A ce jour, il n'existe aucune autorité similaire dans le monde », déclare la députée du PJD, Amina Mae El Ainain, qui a conduit cette rencontre. La mission s'annonce donc difficile, puisque le Maroc trace le chemin vers une exception. « Le Maroc ouvre un chantier très avancé. Dans le monde et en Europe, par exemple, il existe des organismes de lutte contre la discrimination et non pour la parité », fait remarquer la députée, soulignant que l'aspect novateur impose inéluctablement une recherche approfondie et des efforts unificateurs. « Les principes de Paris, principes concernant le statut et le fonctionnement des institutions nationales pour la protection et la promotion des droits de l'Homme ont été, pour nous, une boussole », affirme Amina Mae El Ainain. Cette « boussole » oriente ainsi les lignes directrices de base à l'APALD insistant sur l'indépendance et le respect de la diversité. Eviter les erreurs passées «Il ne faut pas tomber dans les mêmes erreurs qui ont entaché la mise en place du CNDH. L'indépendance n'admet pas le principe des nominations qui crée une relation logique avec les autorités exécutives ni l'absence de diversité. Et sur ce point, la composition du Conseil a ignoré la composante islamique, présente pourtant dans la société. L'APALD doit représenter une nouvelle étape où indépendance et représentativité sont respectées à la lettre», estime la députée. APALD devra être, aux yeux des FJD, « un mécanisme démocratique » où la société se retrouvera sans aucune « sensibilité politique ou religieuse ». Quant aux rôles prioritaires de cette Autorité, ils sont liés à la veille et à la sensibilisation. Les FJD soulignent l'importance de lui attribuer des compétences lui permettant de mener des enquêtes et recueillir des plaintes liées à la discrimination basée sur le genre. « L'APALD devra s'inspirer dans cela de l'Instance équité et réconciliation », explique Amina Mae El Ainain soulignant que l'Autorité sera surtout amenée à agir sur les mentalités. L'obstacle des mentalités Par le rôle de sensibilisation, l'APALD s'attaquera aux mentalités qui ont longtemps relégué la femme au bas de l'échelle. « La parité n'est pas un mécanisme quantitatif où on se contentera d'appliquer les 50/50. C'est plus compliqué que cela, car le plus important est d'agir sur les mentalités qui créent la discrimination. Pour cela, l'Autorité doit disposer de tous les moyens nécessaires afin d'y arriver », insiste la députée précisant que dans cette quête la discrimination positive représente un point fort. « La parité ne doit pas constituer un problème pour la femme en lui imposant de faire ce qu'elle ne peut pas faire biologiquement. La femme n'est pas l'homme, comme le prétendent certains en scandant le drapeau de l'égalité entre les sexes », met en garde la députée. C'est ici où la réflexion dévoile la complexité du sujet face auquel l'unanimité est loin d'être acquise. * Tweet * *