L'article 19 de la Constitution stipule la création d'une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination. Mais pour en faire un projet concret, les féministes et droits-de-l'hommistes maintiennent qu'il faudra d'abord en délimiter la mission. Rabia Naciri, membre du CNDH ; Driss El Yazami, président du CNDH et Mohamed Cheikh Biadillah, président de la Deuxième chambre, lors de la rencontre sur la parité, organisée jeudi au Parlement. Indépendante politiquement et financièrement, dotée de compétences et du pouvoir nécessaire pour intervenir, contrôler, mener des enquêtes et des recherches. C'est ainsi que les féministes décrivent leur vision de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD), à l'occasion de la rencontre organisée, jeudi dernier à la Chambre des conseillers au Parlement, à l'initiative de cette dernière en partenariat avec le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Balbutiements Pour les militantes des droits de la femme, c'est le projet phare du Maroc nouveau, où elles estiment que l'égalité homme-femme en sera le noyau. « Nous n'avons pas trouvé une expertise arabe pour ce genre de projet (...). Les idées dont s'est inspiré le CNDH proviennent des pays de l'UE et d'Amérique Latine », déclare Rabia Naciri, membre du CNDH, en présentant l'étude qu'elle a co-réalisée avec l'experte Amina Lamrini Ouahhabi. Prenant pour base les bonnes pratiques internationales de lutte contre la discrimination, cette étude vise à élaborer une assise juridique pour l'APALD. Il est question d'en définir les objectifs, le mandat, la composition et la structure organisationnelle avant de soumettre ce projet au processus législatif grâce auquel la création de cette autorité pourra devenir effective. Et, pour cela, le CNDH estime qu'une entité fondée sur les « Principes de Paris » pourrait être la mieux indiquée. Consensus difficile À la réflexion qui ne fait que commencer, la Chambre des conseillers veut y contribuer de très près. Pour le président de la Chambre, Mohamed Cheikh Biadillah, l'égalité ne dépend pas uniquement de la volonté politique, mais également de celle des acteurs économiques, sociaux et culturels. « Ce qui demande un travail approfondi», souligne-t-il, précisant que la discrimination positive doit être considérée comme un outil de mettre fin à des dysfonctionnements qui ont longtemps sévi. Driss El Yazami, quant à lui, a appelé les acteurs à plus de dialogue et de réflexion sur le sujet. Les militantes, elles, qu'elles soient présidentes d'association ou parlementaires revendiquent une APALD qui ne disparaîtrait pas à la fin du mandat de chaque gouvernement, et dont la mission joint prévention des violences à la promotion des droits de la femme. * Tweet * * *