Le week-end dernier, Essaouira a abrité la 4e édition du Women's Tribune. Le thème de cette année était : « Femmes et société : constater pour agir ». Une quatrième édition axée sur le développement durable et les changements constitutionnels. L'édition de cette année était particulièrement axé sur le développement durable avec la présence notamment d'une représentante de l'ONU (voir interview en page 9). La première journée fut consacrée à la dimension économique et au développement durable et la seconde dédiée, elle, aux grandes évolutions de la femme et à son influence dans les domaines politique et social. Un hommage fut rendu lors de la clôture à Mohammed M'jid. Parmi les thèmes abordés ayant le plus fait débat, l'accès des femmes aux postes de décision et l'écart des salaires entre genres. S'agissant de ce dernier, Laila Mamou, Présidente du Directoire Wafasalaf a indiqué que cet écart ne se manifestait qu'à partir des postes de middle management. De nombreux intervenants se sont accordés à dire que la responsabilité n'était pas uniquement celle de l'employeur, mais aussi celle des marocaines, qui ont intériorisé de tels stéréotypes. Fathia Bennis témoigne : « Dans mon entreprise, les hommes frappe à ma porte chaque année pour renégocier leurs salaires, chose qu'aucune de mes employées femmes n'a jamais fait». S'agissant des postes de décisions, l'instauration des quotas a fait débat. «le quota pour le quota n'a aucun sens. S'il est utile pour l'entreprise, il faut l'instaurer, mais uniquement pour amorcer le mouvement » a insisté Laila Mamou. Bouthayna Iraqi, ancienne députée RNI, a quant à elle appelé à la reconsidération de la notion de quota elle-même. « En politique, un quota de 20% ne signifie pas un pouvoir de 20% pour les femmes. L'environnement politique n'est pas favorable à la prise de pouvoir des femmes » a-t-elle indiqué. Lors du grand débat politique, Abdelahad Fassi-Fehri du PPS a appelé à ne pas « ghetto-iser » les questions sur les femmes, dans la mesure où elles touchent toute la société. Le représentant du PPS qui a été interrogé sur l'absence de propositions de femmes au gouvernement par son parti, s'est contenté d'affirmer qu'il s'agissait d'une grave défaillance, que ledit parti ferait en sorte de ne plus reproduire. Alors que l'édition précédente avait largement porté sur le mouvement du 20 février, celle-ci a particulièrement traité des changements constitutionnels. Nadia Bernoussi a rappelé les 13 nouvelles dispositions constitutionnelles en faveur des questions féminines, tout en indiquant quelques défaillances, notamment la supériorité de l'identité nationale aux lois internationales, dans l'article 19. Une exception qui donne, selon Bernoussi, une grande marge de manœuvre aux juges. Mohamed Tozy, a déclaré de son côté, qu'il y avait une grande focalisation et beaucoup d'attentes par rapport au texte constitutionnel. Or, la constitution « ne règle pas le problème, mais pose le cadre des relations entre les différentes composantes de la société ». Il a qualifié la constitution marocaine d'« inflationniste » puisqu'elle tentait de tout régler. Chose qui traduirait selon lui « un sous développement politique et une méfiance entre les acteurs politiques ». Des femmes d'horizons différents ont participé au Women's Tribune. L'intervention de Hind Kabawat, avocate syrienne et militante associative pour le rapprochement des religions et des civilisations, a particulièrement retenu l'attention de l'assistance. Elle revenait tout juste d'un camp de réfugiés syriens en Turquie et a témoigné des conditions de vie sur place. « L'absence de réaction et d'aide internationale risque de conduire le peuple syrien à recourir à l'aide des seuls groupes qui veulent bien les soutenir, les islamistes… », a-t-elle prévenu. La ministre en charge des Français à l'étranger, Hélène Conway-Mouret, en visite au Maroc la semaine dernière, est également intervenue lors du colloque. À l'issue de ces ateliers, plusieurs recommandations ont été faites, notamment concernant l'Education. Il a été demandé davantage d'efforts en éducation civique à travers, par exemple, la révision des ouvrages scolaires, la sensibilisation grâce aux médias et la création de l'Observatoire de la Parité. Interrogée sur l'impact du Women's Tribune sur la condition féminine depuis son lancement en 2009, Fathia Bennis a déclaré, qu'il y avait eu beaucoup de changements et que certaines des recommandations faites lors des précédentes éditions, avaient été incluses dans la nouvelle constitution, en précisant néanmoins que le Women's Tribune n'avait pas été impliqué… * Tweet * *