Le Conseil national des droit de l'homme a tenu, hier à Rabat, une conférence de presse afin de présenter son rapport préliminaire sur la situation des établissements hospitaliers chargés de la prévention et du traitement des maladies mentales. Une étude qui insiste, entre autres, sur la refonte de la loi du 30 avril 1959 relative à la prévention des maladies mentales, à la protection et au traitement des malades mentaux. Pour Driss El Yazami, président du CNDH, les malades mentaux souffrent de marginalisation et d'exclusion sociale. La conférence de presse s'est tenue hier, au siège du conseil national des droits de l'homme, devant un parterre de journalistes de représentants du ministère de la Santé et de militants des droits de l'homme sous le thème « santé mentale et droits de l'Homme : la situation des établissements hospitaliers chargés de la prévention et du traitement des maladies mentales ». Un évènement organisé afin de présenter le rapport préliminaire du conseil sur le sujet. Objectif : mettre en évidence les liens substantiels qui lient la santé mentale aux droits de l'Homme dans leur globalité, attirer l'attention sur la corrélation avérée entre la santé mentale et la santé physique et sur l'importance de la santé mentale entant que composante essentielle de la santé générale des personnes. Le rapport vise également à sensibiliser la société au droit des malades mentaux et à mettre en exergue la situation dans les établissements et services de traitement des maladies mentales. Un constat alarmant Le rapport d'étude en question a été élaboré par une équipe hétéroclite composée de médecins et de juristes relevant du CNDH. Le tout, en collaboration avec le ministère de la Santé ainsi que des acteurs de la société civile. Sur le terrain, des visites ont concerné 20 établissements et services chargés de la santé mentale, du 27 mars au 6 juillet 2012. Des visites qui ont permis de constater et d'identifier les « carences et insuffisances » dont souffre le secteur. Ainsi, le constat du CNDH est clair, « les dysfonctionnements constatés se résument ainsi : la désuétude du cadre juridique. L'état déplorable de la majorité des structures. Le manque flagrant en matière de compétences. La faible qualité des services médicaux et non médicaux dispensés aux patients et l'absence de contrôle. Ainsi que l'inefficacité et la faiblesse des rapports sur le sujet. Sans oublier la marginalisation et l'exclusion sociale dont souffrent à la fois les malades et les soignants », indique Driss El Yazami, président du CNDH. L'état des lieux A noter que le secteur public compte 172 psychiatres et 740 infirmiers spécialisés en psychiatrie. Le secteur privé compte, pour sa part, 131 psychiatres. Des chiffres « insuffisants » selon le CNDH qui insiste sur l'insuffisance du personnel médical et paramédical disponible en psychiatrie. Une situation loin de pouvoir répondre aux normes universellement établies et reconnues en la matière. Selon le conseil, 54% des psychiatres se trouvent dans l'axe Casablanca-Rabat et nombreux sont l'établissement qui ne disposent que d'un seul psychiatre. Côté professionnel, on déplore l'absence de statut de l'infirmier en psychiatrie, aux mauvaises situations de certains établissements, ou encore le manque de formation. « Il y a un chantier important en matière de formation et de formation continue dans ce secteur », précise Dr Omar Betasse, membre de la commission d'étude du CNDH. L'absence de prise en charge spécifique, notamment l'approche genre et la prise en charge «approprié» pour les enfants et les personnes âgées, s'ajoute à un manque de de services d'addictologies, jugés insuffisants et inaccessibles pour les toxicomanes majoritairement démunis. * Tweet * *