Jeudi était un jour de bilan pour le ministre de la jeunesse et des sports, Mohamed Ouzzine. L'air ému, le ministre a critiqué la participation des athlètes marocains aux JO, cependant il n'a pas été vraiment décisif. Mohamed Ouzzine , ministre de la Jeunesse et des Sports. Il avait pris tout son temps pour annoncer ses décisions et perspective à venir. Ce qui a attiré l'attention c'est la façon avec laquelle, Mohamed Ouzzine, parlait de ce bilan : Il y avait, dans sa voix, de l'émotion mélangée avec de la colère. Il a même oublié que c'était « Iguider » et non pas « Goumri » qui a sauvé l'honneur du Maroc en remportant la seule médaille aux JO. Goumri était tombé dans le test anti-dopage. Lors de cette conférence, le ministre a annoncé que la participation marocaine aux JO de Londres « a échoué à 90 % ». Eloquent. Mais qui en est le responsable ? « Tout le monde », a expliqué Ouzzine. Tout le monde veut dire : fédérations, ministère, clubs, CNOM, bref, toute la sphère sportive. « Ce qui compte, ce n'est pas le règlement des comptes, le constat est là. Ce qu'il faut dorénavant c'est du courage et de l'audace », poursuit le ministre. Ouzzine a monopolisé la parole pendant toute la conférence, malgré la présence à ses côtés de Kamal Lahlou, vice président du CNOM (comité national olympique marocain). Ce dernier n'a pipé mot. Pourtant, il est responsable aussi de cet échec. Dans la salle, bondée de journalistes, nous avons remarqué l'absence des présidents des fédérations sportives qui ont leur responsabilité dans cet échec également. On se souvient qu'avant de partir à Londres, le ministère avait organisé une conférence pour présenter les 75 qualifiés pour les JO : presque tous les présidents des fédérations étaient là. De temps en temps, la présence applaudissait ces présidents, uniquement parce que leurs athlètes étaient qualifiés. Kamal Lahlou faisait même des blagues, de temps à autre. Lors de la conférence de jeudi, rien de cela. Les visages étaient graves. Mohamed Ouzzine a fustigé une « organisation sportive des clubs non structurée et fragile» ainsi qu' « une absence d'une vision claire ». Le constat n'est pas nouveau. Le ministre a, cependant, donné raison aux résultats du bureau d'étude, chargé par le ministère dans les premiers mois de sa prise de fonction, pour effectuer un bilan des sports au Maroc. « Le bilan reflète la réalité de nos sports » remarque le ministre. « C'est ce qui m'attriste », poursuit Ouzzine. Les 15 commandements Le ministère voudrait que le sport soit meilleur qu'aujourd'hui. Pour cela, un plan de décisions a été dévoilé. Le ministre a parlé d'« encadrement » et de « détection des « génies » en sport ». Dorénavant, c'est le ministère de la jeunesse et des sports qui s'en occuperait. Mohamed Ouzzine a également fait référence à la « Jamaïque » ce petit pays qui a « surclassé » les Etats-Unis. Chez nous, ce n'est pas la même chose apparemment. Selon le bilan du ministre, il n'existe pas de « porteurs de projets sportifs » ni de « culture de sport d'excellence ». Le ministre trouve également que « le flou règne concernant la relation entre les sportifs et les dirigeants », que le Maroc est « présent aux différentes manifestations sportives pour être uniquement présent et non pour ramener de bons résultats ». Le ministre veut également redorer le blason de l'institut des sports Moulay Rachid à Maâmora. « Un pôle d'excellence sera crée qui comportera trois directions : accueil, sports, et médecine » annonce le ministre. Le ministre veut aussi créer « un conseil de sages » dans l'avenir. Le dopage, ce fléau…Lors de cette réunion de « Nakssa » comme l'a appelée le ministre, le dopage a pris une place importante. « Tolérance Zéro », a expliqué Ouzzine. Et pour commencer, deux athlètes seront « punis ». « En l'absence d'une loi anti-dopage, nous allons procéder par nos propres enquêtes. Nous avons commencé par les cas de Meryem Selsouli et Amine Laalou. Pour Laalou, s'il s'avère qu'il a été dopé, il sera révoqué de son poste au ministère, immédiatement. Dans le cas de Meryem Alaoui Selsouli, s'il y'a eu lieu de prises de substances dopantes, le processus de son recrutement sera arrêté », annonce Ouzzine. « Si nous avons la preuve de ces faits, les deux athlètes seront également exclus du programme de préparation des athlètes de haut niveau », continue le ministre. Mohamed Ouzzine a ajouté aussi « la création de l'agence nationale de lutte contre le dopage ». Le dossier est entre les mains du secrétariat général du gouvernement. Il sera étudié lors de la prochaine rentrée gouvernementale. Le ministre a également pris la décision de dissoudre « le comité national de lutte contre le dopage ». Cette conférence a été une occasion pour le ministre de faire le bilan général ainsi que pour mettre les points sur les I. Le ministre est conscient que « sans démocratie dans la gestion sportive » rien cela ne sera possible de ce qui a été annoncé ne sera appliqué. « Il y a une grande différence entre le réalisme et la fantaisie » comme a dit si bien Mohamed Ouzzine. * Tweet * *