Le gouvernement dans sa dernière lettre de cadrage envisage d'enclencher le processus d'industrialisation. Rien que des promesses en l'air, selon l'économiste Abdeslam Seddiki. Ajoutant que le projet de loi de finances n'est pas conçu pour des plans stratégiques. Les chiffres font état d'un repli de la contribution de l'industrie au PIB tombant à plus de 13 % au lieu de 17 % durant les années 1990-2000. Des ambitions saupoudrées d'étonnement! Le Chef du gouvernement dans sa dernière circulaire relative à la préparation du projet de loi de finances 2013 entreprend de mettre un terme à une réalité industrielle « tendue » en ligne avec la spirale négative de désindustrialisation enclenchée il y a de cela plus de deux décennies. Les chiffres font état d'un repli de la contribution de l'industrie au PIB tombant à plus de 13 % au lieu de 17 % durant les années 1990-2000. Revitaliser les activités industrielles Ordonner une cure de revitalisation aux activités industrielles et partant, relancer le processus d'industrialisation ne se fait pas du jour au lendemain. De l'avis de l'économiste Abdeslam Seddiki, le projet de loi de finances n'est pas conçu pour des plans stratégiques. «C'est un dispositif pour présenter les recettes et les charges de l'Etat suivant le principe de l'annualité budgétaire. Mieux encore, le Maroc ne dispose pas d'industrie à proprement dit mais plutôt de sous-traitance industrielle», appuie-t-il. Entre les deux c'est tout un monde de différenciation. Qu'en-est-il alors de la stratégie nationale «Emergence» et des métiers mondiaux dont se targuent les prédécesseurs au gouvernement actuel? Pourraient alors se demander certains. Seddiki, avance que le pays ne dispose pas de plans stratégiques. «On a juste des plans sectoriels. De plus, les plans mis en place à l'instar d'«Emergence» ont prouvé leur échec. Et il ne s'agit pas d'activités industrielles, ça relève plutôt des orientations de la division internationale du travail(DIT). Autrement dit juste des créneaux de production explique-t-il. Allant même jusqu'à' à se demander si les initiateurs de cette lettre de cadrage savent ce que veut dire industrialisation. À ses yeux, ce terme veut dire tout bonnement maîtrise de la technologie. Ce qui n'est pas le cas. Ensuite, pour parler d'industrie il faudrait qu'il y ait un lien intrinsèque entre les activités productives et celles de recherche et développement. Sans parler du fait que notre économie ne produit pas de biens d'équipement. Le choix stratégique du gouvernement Benkirane laisse à désirer et sur maintes points. Le lecteur de cette circulaire reste sur sa faim. Seddiki, membre du Bureau politique du PPS, se demande « comment pourrait-on annoncer une telle orientation stratégique alors qu'on a aucune visibilité sur le type d'industrialisation choisi, sur le modèle à suivre , sur la stratégie à mettre en œuvre, sur les marchés et les partenaires avec lesquels coopérer?». Besoins en énergie et en technologie Une chose est sûre: emprunter la voie de l'industrialisation requiert de prime abord la disponibilité des moyens matériels et humains, l'encouragement des activités de recherche et d'innovation, sans oublier un des aspects cruciaux à savoir l'énergie. Etant parmi les champions mondiaux en termes de surenchère des coûts énergétiques, le Maroc importe plus de 98 % de ses besoins en énergie. Par ailleurs, comment pourrait-on annoncer une telle orientation tout en laissant à côté toute la structure même de l'économie actuelle. Les taux d'ouverture, de pénétration et d'investissement brut se situent respectivement à 38 %, 39 % et 35 % en 2010. Une économie qui achète de l'étranger tous ses besoins en matériels d'équipement. Autre élément important est celui du transfert de technologie. Le Maroc n'a pas réussi jusqu'à présent, même avec l'implantation du méga-projet de Renault Tanger, à trouver une réponse à cette question. Pour avoir également une idée sur cette structure de l'économie, il suffit de jeter un coup d'œil sur les crédits bancaires. La simple lecture des statistiques monétaires du mois de juillet dernier laisse dégager un constat sans appel : les crédits liés au secteur de l'immobilier et du BTP captent à eux seul le gros lot de l'ensemble des crédits bancaires. Ce qui veut dire encore une fois que ce secteur reste par excellence le levier de l'économie et la locomotive des autres activités. Au terme des sept premiers mois de l'année en cours, l'encours des crédits immobiliers et celui des crédits à l'habitat se sont élevés respectivement à 216,9 milliards de dirhams et 145,2 milliards contre 133,5 milliards de dirhams pour les crédits à l'équipement qui arrivent à la 4e place, en terme de volume de crédits accordés. * Tweet * *