Vite comparé aux dragons asiatiques et africains (Afrique du Sud), le Maroc montre ses carences pour n'avoir pas su optimiser les efforts massivement consentis dans les équipements et les ressources humaines à l'emploi dans le secteur secondaire. La faiblesse de la productivité du travail et de la valeur, risque d'entraver la nouvelle stratégie d'industrialisation du pays. e nouveau ministre de l'Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies en personne, dresse un constat sans complaisance aucune : «Au Maroc, l'industrie n'a pas encore exploité tout le potentiel que représentent ses activités… là où nous sommes un peu en retard, c'est sur la valeur ajoutée», en relevant que la valeur ajoutée industrielle a stagné durant ces dernières années pour tenir encore le niveau de 2002 avec un taux de 15%. L'industrie compte quelque 7750 entreprises, dont 20% actives dans la branche textile et emploie à une cadence annuelle moyenne estimée entre 400 000 et 500 000 personnes. Le chiffre d'affaires de ce secteur a totalisé 230 milliards de DH en 2006, en dégageant une valeur ajoutée de 70 milliards de DH pour un effort d'investissements évalué à plus de 15 milliards de DH. Booster les investissements industriels Mais c'est loin d'être suffisant pour espérer un décollage accéléré d'une industrie compétitive qui peine encore à trouver ses structures de mise à niveau propices à leur modernisation compétitive. Et pour ce faire, Ahmed Réda Chami ne voit d'autres solutions, qu'un volontarisme plus accentué des pouvoirs publics et partenaires économiques, secteurs privé et public confondus, apte à assurer des progrès dans le même élan que les dragons dont on parlait plus haut. «Trouver de nouvelles niches de croissance est vital, produire plus et mieux, ça l'est également. En ce sens, la recherche, le développement et l'amélioration technologique ont leur mot à dire», explique le ministre USFPéiste. En clair, pendant ces trois dernières décennies, la croissance a été générée, certes, par plus d'investissements et de travailleurs, sans que la productivité requise ne soit au rendez-vous, à l'image des performances remarquables réalisées dans des pays comme la Corée du Sud ou la République sud-africaine. Et ce, en dépit du fait que la production industrielle s'est accrue de 6% en moyenne entre 2002 et 2006, soit une croissance plus forte que l'évolution du PIB et que l'investissement a progressé de 10% par an. Quant aux investissements directs étrangers ciblant le secteur secondaire, le Maroc fait moins bien en Afrique que des pays comme le Soudan, l'Egypte, la Tunisie et le Nigéria, avec une part estimée à 2,9 milliards de DH. Ces «flottements» expliquent pour une bonne part la nouvelle tutelle du département de Chami sur la Direction des investissements extérieurs, dont le bilan est qualifié de mi-figue, mi-raisin. «Nous devons mettre les bouchées doubles et faire en sorte que la Direction des investissements soit plus dynamique». Et le ministre de préconiser une pénétration plus incisive des secteurs autres que l'immobilier et le tourisme qui s'accaparent le plus gros des flux de capitaux d'affaires. Comme il s'est attaché à mettre le doigt sur les points faibles du plan Emergence, définissant la nouvelle stratégie industrielle du Royaume apte à réaliser, à terme, un PIB additionnel de plus de 90 milliards de DH et générer plus de 400 000 emplois. Si Emergence est «un bon plan», dira-t-il, il devra être «décliné en mesures et actions précises». Sur le volet de l'offshoring, secteur porteur de ce plan, Chami a constaté les retards dans les programmes qui viendraient principalement des infrastructures. D'ailleurs, le ministre s'est empressé, deux mois à peine depuis qu'il est au gouvernement, à rattraper un «grand oubli» commis par les auteurs de l'étude du plan Emergence, en annonçant le prochain plan Envol, entièrement dédié aux nano-bio-micro-technologies. Enfin, un contrat-programme Etat-PME devrait être finalisé vers la fin de ce mois de janvier 2008, dont l'objectif est de chercher à faire émerger des champions nationaux à l'échelle de la petite et moyenne entreprise. Dans ce contexte, l'ANPME (Agence nationale pour la promotion des petites et moyennes entreprises), sera mise à l'épreuve qualitative de son action qui sera évaluée à la mesure du bénéfice du produit des stratégies d'accompagnement des entreprises avec lesquelles l'agence pilotée par Latifa Achihabi, a noué des partenariats en matière de programmes de modernisation compétitive et de développement des capacités du tissu productif.