Le Sommet de l'ASPA (Chefs d'Etat et de gouvernements des pays d'Amérique du Sud et des pays arabes) sera organisé les 1er et 2 octobre prochains à Lima, capitale du Pérou. La participation du roi Mohammed VI au Sommet de l'ASPA est annoncée par le gouvernement péruvien. Le dernier sommet de l'ASPA s'est tenu au Qatar en mars 2009. Une information parvenue de la capitale péruvienne fait état de la présence entre autres chefs d'Etat, du roi Mohammed VI, du roi Abdallah de Jordanie aux côtés de l'Emir de Qatar, de l'Emir de Koweit, de Mahmoud Abbas de Palestine et du président Souleimane du Liban. Cette information officieuse provient de José Beraun, vice-ministre des Affaires étrangères du Pérou. Elle relaie en effet la déclaration, officielle celle-là, du ministre péruvien des Affaires étrangères, Rafael Roncagliolo, selon laquelle le Pérou accueillerait donc le 3ème « Sommet Pays arabes-Amérique du Sud » et qui a précisé que « ce sommet sera également l'occasion de regarder au delà des enjeux nationaux actuels et de travailler ensemble pour façonner le nouveau monde globalisé, en construisant une relation de dialogue fort, de commerce, d'investissement, de coopération et de culture entre nos deux régions ». Le propos est on ne peut plus clair ! L'Amérique du Sud est un vaste continent, où l'économie se développe en dépit de ses îlots de pauvreté en déperdition, où le patrimoine culturel reste fort, entre un Brésil d'influence portugaise, aujourd'hui 6ème puissance du monde, l'Argentine, le Pérou, le Mexique, la Colombie, le Chili et autres nations de culture hispanique. Après le Brésil en 2005, le Qatar en 2009, c'est désormais le tour du Pérou d'accueillir cette 3ème session qui, contrairement à ce que certains pourraient prédire, sera davantage consacrée aux problèmes de coopération économique qu'à la politique. La part des investissements, de libre-échange, d'échanges commerciaux et de partenariats financiers occupe apparemment une place primordiale. Et les autorités péruviennes prennent soin de la mettre en exergue. Comme pour mieux illustrer cette tendance, le gouvernement de Lima a mis en place parallèlement au sommet, le «III Ceo Summit», un forum entrepreneurial, « qui sert de plate-forme pour la promotion des investissements interrégionaux ( pays arabes et pays d'Amérique latine), et destiné également à renforcer les relations personnelles et professionnelles entre les décideurs économiques, les hommes d'affaires et les chefs d'entreprises des deux continents ». Pourquoi ce rapprochement stratégique ? Certaines caractéristiques structurelles justifieraient, en effet, le rapprochement dont l'océan Atlantique – plutôt qu'un obstacle – constituerait un lien, un vertueux point d'ancrage. Une importante communauté arabe , libanaise, syrienne, palestinienne, maghrébine aussi, est installée depuis des lustres dans les pays divers de l'Amérique latine. Cette diaspora arabe – juive, chrétienne et musulmane - y est très active, elle revendique son double titre d'arabe et d'américaine. En 2005, lors de sa grande tournée dans les pays d'Amérique latine, le roi Mohammed VI a rencontré les représentants de la communauté marocaine, et a été également chaleureusement accueilli par les représentants des communautés juives marocaines, installées dans les pays d'Amérique du Sud, avec cette caractéristique remarquable que tous les rabbins de ces pays sont d'origine marocaine. C'est dire qu'il existe une tradition historique au long cours d'une réelle interpénétration culturelle entre le monde arabe et l'Amérique du Sud. Le premier a exporté ses communautés humaines, ses « ambassadeurs», ses cultures et sa civilisation. La deuxième a réussi la pari de pétrir l'héritage arabe et la civilisation américaine. C'est à l'évidence un socle patrimonial. Or, les défis de la mondialisation, les échanges intenses et croisés qui configurent le monde d'aujourd'hui ne laissent guère indifférents les deux continents. Mais surtout les problématiques de développement global et durable se posent de la même manière et avec la même acuité aux deux continents. Une session de rattrapage Cette troisième session de l'ASPA devait se tenir en principe en février dernier, elle a été reportée en raison des événements qui ont secoué le monde arabe, à partir de janvier 2010 et qui ont secoué tour à tour la Tunisie, l'Egypte, la Libye, le Yémen, l'Etat de Bahreïn et aujourd'hui encore la Syrie ensanglantée par la guerre civile. Les organisateurs de cette session que sont les Péruviens, tout en ambitionnant de recueillir la quasi-totalité des chefs d'Etat et de gouvernements des vingt-et-un pays arabes, font cependant preuve de réalisme. Ils temporisent leurs ardeurs. « Il ne faut pas s'attendre, affirment-ils, à ce que tous les leaders arabes viennent. C'est un forum de coopération, pas un forum politique. C'est une relation avec le monde arabe qui en est encore à ses débuts, un avenir nouveau ». Il convient de rappeler que ce troisième sommet surviendra, et ce n'est pas le moindre détail, quelques jours seulement après la fin de l'Assemblée générale des Nations unies du mois de septembre et à laquelle, crise de Syrie oblige entre autres, une grande majorité des chefs d'Etat arabes devraient en principe prendre part. Le chef de la diplomatie péruvienne estime « que la région du monde arabe traverse une période historique de transformation sociale et politique, avec une évolution et une diversification de ses structures économiques » Il ajoute : « Nos jeunes générations sont plus désireuses que jamais d'apprendre les langues et les traditions des uns et des autres et de nouer des amitiés à travers les voyages et les médias sociaux ». Il lance « un appel aux peuples arabes et Sud-Américains afin de se rapprocher davantage leurs cultures dynamiques et leurs économies émergentes. » ! * Tweet * *