Les Marocains effectuent-t-ils régulièrement des dons de sang ? Quelle catégorie de la population est plus régulière à cet exercice ? Quels sont les dernières statistiques sur la collecte de sang notamment à Casablanca ? Pour répondre à toutes ces interrogations, le Soir échos a fait un tour au Centre régional de transfusion sanguine de Casablanca (CRTS). Les statistiques ont démontré que peu de Marocains font des dons de sang malgré les différentes campagnes de sensibilisation menée durant l'année. Journée ensoleillée à Casablanca. Le soleil, comme s'il n'éprouvait aucun pitié pour les usagers, déferle ses rayons Avec l'achèvement des travaux du tramway, les ruelles du Boulevard Hassan II retrouvent leur quiètude et leur ambiance. Entre le Boulevard et le Centre régional de transfusionn sanguine de Casablanca, il n'existe que quelques petites ruelles à franchir. L'édifice se trouve sur le Boulevard Zerktouni, non loin du Marché des Fleurs. En cette matinée du jeudi, une dizaine de personnes est présente dans les lieux. Des infirmiers et des agents sanitaires s'affairent autour d'eux. De l'autre coté, se trouve la salle d'attente, mitoyenne à une autre salle ou des infirmières procèdent aux prélèvements de sang chez des patients. « On a enregistré environ 62 000 dons à Casablanca pour l'année 2011, avec un pourcentage de 50% chez les hommes et les femmes. Les collectes ont été faites au niveau des collèges, des lycées, des banques et autres entreprises. Les gens n'hésitent pas à donner leur sang quand ils sont bien informés. Les récalcitrants pensent qu'ils encourent une contamination ou des risques de maladie alors qu'au niveau du centre, on utilise des systèmes stériles sans risques », informe Dr Nadia Noourichafi, directeur adjoint du centre. Collecte de sang Ce résultat est le fruit d'une stratégie de collecte établie tout au long de l'année. « Nous avons un plan de collecte au niveau des entreprises. Tous les mois on planifie un certain nombre de collectes dans des organismes donneurs. Au niveau de Casablanca, nous réalisons deux collectes mobiles par jour, sans compter la présence d'un camion du centre dans une place à Casablanca et les prélèvements qui s'effectuent au niveau du centre qui est ouvert de 8h à 19h , 6j / 7 », ajoute-t-elle. Hausse de la demande Ce serait un pur pléonasme de dire que les accidents de la route sont légion au Maroc. Chaque jour on dénombre en moyenne 10 décès et 120 blessés dans des accidents de la circulation, à en croire la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). La plupart du temps, ces victimes perdent beaucoup de sang. Les hopitaux utilisent leur banque de sang pour sauver certaines vies. « Nous collectons environ 300 dons quotidiennement. Chaque année la demande augmente de 12% environ , même si on constate une hausse de 10% sur les dons. En dehors des accidents de la circulation qui sont des faits occasionnels, il y a une demande au niveau des pédiatries, dans les maternités, les centres d'hémodialyse, etc.. « Il faut que les gens soient plus sensibles en venant donner leur sang. Ils peuvent le faire tous les 2 mois. Les hommes peuvent donner 4 à 5 fois par an, et les femmes 3 à 4 fois durant l'année », estime Dr. Nadia Nourichafi. Chaque semaine, 1200 à 1500 collectes sont effectués au niveau du centre et dans les unités mobiles. Effet Ramadan? Durant le mois de Ramadan, certains sont peu enclins à effectuer des dons de sang. Dominés par la faim et la soif et de surcroit dans ces temps par une forte canicule, ils étaient, à coup sûr, plus préoccupés par le menu du ftour. Au niveau du centre, l'on a constaté une baisse du nombre de donneurs . « On n'a pas encore fait le bilan du Ramadan, mais on a constaté une baisse des dons comparée aux années précédentes. Durant le mois de Ramadan, les gens venaient dans le centre après le ftour. Les prélèvements se faisaient de 21 h à minuit. On avait aussi installé pendant les nuits de Ramadan, deux tentes dans les quartiers de Bernoussi et Derb Sultan Fida. », remarque-t-elle. Cette baisse observée pendant le mois béni est l'arbre qui cache la foret. En effet, les statistiques ont démontré que peu de Marocains font des dons de sang. « L'Organisation mondiale de la Santé a estimé que dans une population donnée, on doit avoir au minimum 5% de donneurs. Au Maroc on ne dépasse pas la barre des 2%.»,confie notre interlocuteur. Handicaps Selon le Dr Nadia Nourichafi, le centre est confronté à plusieurs problèmes notamment le manque de personnel. «On constate l'absence d'appui du ministère de la santé dans la promotion des dons. Même les affiches, c'est nous-mêmes qui les confectionnons.» D'où ce cri de coeur «Il faut qu'il soit sensible à notre cause, qu'il renforce le personnel car il existe un manque d'infirmiers, de techniciens et de médecins pour la collecte ». Les autorités sanitaires sont donc interpellées. * Tweet * *