La canicule n'est pas seulement insupportable. Elle favorise aussi l'activité dangereuse des arachnides et des reptiles dans les régions chaudes du royaume. Le Centre Anti Poison Marocain (CAPM) révèle au Soir échos les procédures, les chiffres, et les conseils pour éviter les risques liés à la santé pendant l'été. Les serpents et les scorpions menacent les populations des régions chaudes du royaume. Même s'il ne pleut pas, cette canicule est qualifiée étymologiquement de « temps de chienne ». Concernant la période annuelle du 24 juillet au 24 août, l'ardeur du soleil atteint son pic dans certaines régions arides telles que Marrakech-Tansift-El Haouz, Doukkala-Abda, Chaouia-Ouardigha, Souss-Massa-Drâa et Meknès-Tafilalet. « des régions extrêmement chaudes où l'on assiste à des cas de morsures de serpents ou de piqûres de scorpions », nous révèle Sanaa Benlarabi, Médecin, pharmaco-psychologue au CAPM dans le département de toxico-vigilance. Réflexes et secours à préconiser Les chiffres de 2012 ne sont pas encore publiés puisque l'année n'est pas encore finie pour faire le bilan final. Par contre le CAPM a bien voulu nous révéler les chiffres de l'année 2011. « Pour ce qui est des cas de piqûres de scorpions, nous en avons recensé 28 000 cas de piqûres. Pour les morsures de serpents, on nous a communiqué à peine 500 cas. Mais je pense que ce dernier chiffre doit être multiplié par 10 car on ne nous communique pas tout. Pour les cas de décès, 39 personnes sont mortes suite à une piqûre de scorpion, 9 à cause des morsures de serpents », nous révèle Benlarabi . Pour ce qui est des premiers secours qu'il faut entreprendre, il existe des réflexes qu'il ne faut pas sous-estimer. « Pas de bandage autour du membre piqué ou mordu. Pas de stratification et surtout pas d'utilisation du gaz butane ou du henné. Ces éléments ne soignent rien du tout. Il ne faut pas non plus paniquer car le sang est hyperactif lors de ces incidents. », nous explique la pharmaco-psychologue. Une fois mordu ou piqué, la victime se doit de se rendre sur le champ au centre de santé le plus proche. Là-bas, les médecins surveilleront les conséquences de sa douleur pendant 4 heures, en cas de piqûre. Si au-delà des 4 heures le patient se sent toujours mal, il est transféré à un hôpital spécialisé. « Nous ne n'utilisons aucun médicament lors de ces 4 heures de surveillance. Si rien de mal n'arrive au patient, l'épisode est clos », précise Benlarabi. En cas de morsure de serpent, les premiers secours sont les mêmes, sauf qu'une fois à l'hôpital, le patient est surveillé pendant 24 heures avec une réévaluation de son état de santé toutes les 4 heures avec un bilan biologique et des prélèvements constants. D'autres parts, les cas de décès sont causés soit par le venin du scorpion ou celui du serpent. L'âge du patient est important de ce fait. Plus il est petit (moins de 5 ans) , plus le risque de mourir est grand. « Cela s'explique par la concentration du venin qui est plus important chez l'enfant que chez l'adulte », poursuit la doctoresse. Les autres cas de décès sont dûs, entre autres, aux retards des patients qui ne se rendent pas aux centres de santé avant l'écoulement des 4 heures... Manque de médecins en été La distribution de désinfectants, d'antidotes, de seringues et de médicaments se fait annuellement au début du mois d'avril par le CAPM. Près d'une centaine de kits sont distribués gratuitement pour chaque région, ou plus en fonction des commandes. « Ces derniers comportent des seringues, des compresses, du paracétamol, de la dobutamine mais aussi des antispasmodiques. », nous apprend Benlarabi. Plusieurs campagnes de sensibilisation sont organisées par le CAPM. Les médecins de ce dernier conseillent aux gens qui habitent dans les régions chaudes de lisser d'un mètre leurs murs extérieurs, chose qui empêcherait les scorpions de les escalader. Les gens sont notamment invités à désherber les environs de leur maison, afin de pouvoir anticiper l'arrivée des serpents qui s'y cachent. Il est conseillé aussi de secouer draps et vêtements pour éviter les surprises. « Le vrai problème que les victimes rencontrent c'est qu'en été, il y a beaucoup de congés. Les gens ne trouvent pas forcément de secours rapides. Nous demandons à l'Etat de renforcer les équipes médicales durant la période estivale. », nous dit la doctoresse. Et de poursuivre : « Cette année-là, nous nous sommes déplacés à Souss Massa Drâa et Marrakech-Tansif-El Haouz. En plus de la sensibilisation, nous formons les médecins des régions pour avoir les bons réflexes faces aux morsures et piqûres. »conclut Sanaa Benlarabi. * Tweet * *