La série Omar Ibn Al Khattab, diffusée sur Nesma TV et sur la chaîne satellitaire MBC durant le mois de Ramadan, soulève une grande polémique. Décryptage. Diffusé sur Nessma Tv et MBC, la série «Omar Ibn El Khattab» fait l'objet d'une controverse ayant trait à la personnification de Omar, grande figure islmaique. Bannie dans plusieurs pays arabes dont la télévision égyptienne, « Omar Ibn Al khattab », une des plus grandes productions télévisées de cette saison attire, depuis quelque temps, les foudres des érudits islamiques, qui s'insurgent contre la personnification d'un des compagnons du prophète, cette grande figure de l'Islam considérée comme le deuxième des califes. La série, diffusée sur Nesma TV tous les jours à 20h 15 et sur MBC pendant le mois de Ramadan, déclenche également un tollé sur la toile, notamment au vu des quelques mille personnes scandant des invectives sur Facebook et demandant l'arrêt de la diffusion de la série. Des phrases telles que, « non à la diffusion de la série de Farouk Omar », en référence au surnom honorifique « EL Farouq » attribué au calife, ont été postées sur la page du groupe. La représentation visuelle du prophète étant proscrite par l'Islam, certains érudits de l'Islam décrètent que ses compagnons ne doivent pas être personnifiés, ou, en l'occurrence, incarnés sur écran par des acteurs. En prenant le risque de montrer Omar IBn El Khattab, les créateurs de la série ont pris partie et se sont attirés les foudres de certaines figures religieuses dont le grand Mufti d'Arabie Saoudite et celui de la prestigieuse université d'El Azhar. Interrogé sur le sujet par le journal saoudien Al Hayat, le professeur de loi islamique à l'université Al-Qassim Khaled el Musleh, a expliqué : « La personnification des compagnons du prophète a toujours été sujet à controverse, certains la prohibent et d'autres la sanctionnent ». Dans une autre interview avec Al-Safwa TV, il s'étend encore plus sur le sujet: « Si l'équipe du film a choisi d'opter pour la version religieusement réformiste, ceci ne donne pas le droit aux détenteurs d'idées opposantes de se déchainer contre eux. Au lieu d'attaquer les gens qui croient que montrer les compagnons du prophète n'est pas à l'encontre de l'Islam, il vaut mieux analyser les critères qui déterminent la façon dont ils sont personifiés. Des régles doivent être instaurées afin de dissiper toute erreur possible qui pourrait provoquer la colère du côté opposant », a t-il conclu. Il est important de signaler que le scénario a été révisé par des érudits et des historiens islamiques afin d'assurer une haute précision et fidélité historiques. Derrière le tollé, un savoir-faire Les scènes incluant des interventions du prophète sont filmées d'une manière innovante, montrant des passages hors caméra, des angles pris selon la perspective du prophète, ou des cadrages dans lesquels le spectateur devine ses paroles à travers les réponses du personnage montré sur écran. Malgré la polémique qui enfle, la série continue à être diffusée et récolte une grande popularité sur les deux chaînes. Le mérite revient sans doute à son casting imposant et son écriture brillante, informative sans être didactique, qui déroule une trame principalement d'ordre historique. Ecrite par le poète et dramaturge palestinien Waleed Seif, et réalisée par le réalisateur syrien Hatem Ali – deux artistes connus pour l'adaptation de drames historiques et de films épiques à l'écran – la série effeuille le parcours de ce grand leader, et pénètre dans les clans et sous-clans des Kurraych – tribu dont est issu Omar IBn Khattab – jusqu'à son rôle majeur dans l'expansion de l'Islam. Elle met en avant son sens de la justice, et son militantisme visant à réunir les communautés tribales et nettoyer la région de la corruption et la cupidité. Interprétée par Mehiar Khadour, et Samer Ismail qui campe le rôle de Omar, la série est produite conjointement par MBC et Qatar TV. La production syrienne – tournée en arabe classique - élève le niveau des productions arabes télévisées, et regroupe un casting de premier ordre, et des scènes de bataille rivalisant d'ampleur avec les meilleures productions du Moyen-Orient et du Maghreb. Et si la polémique contribue à augmenter l'audience de cette production, la télévision arabe ne peut que s'en féliciter. * Tweet * * *