Une commission parlementaire s'apprête à mener une enquête pour vérifier si l'entraîneur de l'équipe nationale de football, Eric Gerets, paie les impôts sur revenus. Une nouvelle polémique autour de Gerets se profile. Les députés comptent lever le voile sur le contrat qui lie la Fédération royale marocaine de football au sélectionneur Eric Gerets et faire le point sur son salaire et le paiement de l'impôt sur le revenu. C'est décidé. Les représentants de l'ensemble des groupes parlementaires, membres de la commission des secteurs sociaux, feront le déplacement, jeudi prochain (9 août), à la Fédération royale de football. Ils devront y effectuer une mission exploratoire dont le but est de vérifier l'imposition du salaire de l'entraîneur national Eric Gerets. Mission difficile La commission en charge de l'enquête n'a pas encore établi la méthodologie qu'elle devra suivre pour accomplir sa mission. Une réunion, prévue la veille à la Chambre des représentants, en fixera les lignes directrices. En attendant, ce qui est certain, pour les députés, c'est que cette mission relève d'une urgence. « Depuis le déclenchement de la polémique autour du salaire de Gerets au sein du Parlement, nous avons saisi la Fédération royale marocaine de football (FRMF) pour nous permettre d'accomplir ce travail de contrôle. Mais, nous n'avons reçu aucun écho tout au long de ces trois derniers mois », déclare au Soir échos Abdellatif Mirdas, député du groupe de l'Union constitutionnelle, président de la commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants. Les députés ont pris leur mal en patience sans pour autant renoncé à leur volonté. « Cette mission nous permettra surtout de mettre un terme aux informations contradictoires que nous avions reçues de part et d'autre. Au cours de l'examen du projet de loi de Finances, le ministre délégué chargé du Budget Idriss Azami Al Idrissi, nous a révélé que Gerets ne payait aucun impôt sur revenus. Tandis que le ministre de la Jeunesse et des sports, Mohamed Ouzzine, nous a assuré le contraire en se référant à la FRMF », fait remarquer Mostapha Brahimi, député du PJD, rapporteur de la commission. Alors Gerets paie-t-il les impôts sur revenus ou non ? C'est la question qui taraude l'esprit des députés décidés plus que jamais de saisir le président de la FRMF, Ali Fassi Fihri. Droit à l'information « Nous espérons rencontrer ce responsable, à l'occasion de notre mission au sein de la Fédération. Nous comptons sur sa collaboration pour nous permettre d'accomplir ce travail dans les meilleures conditions. Il s'agit, pour nous, comme pour la FRMF de mettre en œuvre la constitution qui garantit désormais le droit d'accès à l'information », souligne Abdellatif Mirdas. Et de prévenir que si le président de la Fédération délègue quelqu'un d'autre à sa place, la commission suspendra sa mission. Perspicace, la commission évoque non seulement ses prérogatives en tant qu'institution de contrôle, mais aussi sa volonté d'instaurer la constitution. « Il est temps de lever le voile sur le salaire de Gerets et de vérifier si ce dernier s'acquitte comme tout le monde des impôts sur revenus. Les citoyens ont besoin et ont droit de savoir », estime Nabila Benomar, députée du PAM, membre de la commission. Pour cette parlementaire, il n'est plus question de coller l'étiquette du tabou à chaque fois que cela « arrange ». « A la fin de notre mission qui ne durera, en principe, qu'une journée, nous dresserons un rapport qui sera remis au président du Parlement et c'est ce dernier qui pourra, ensuite, le soumettre au débat au cours d'une séance publique », explique Anass Doukkali, député du PPS, secrétaire de la commission des secteurs sociaux. Un rapport très attendu puisqu'il permettra, enfin, de rendre public le véritable salaire de Gerets qui a suscité une énorme polémique. « S'il est vrai qu'il touche près de 300 millions de centimes, il est normal de se poser la question sur son efficacité réelle et sur son apport au football marocain. Jusqu'à maintenant, le Maroc a été absent des grandes compétitions et championnats. Alors pourquoi un fonctionnaire paierait un impôt sur salaire de 40% et pas lui ? » se demande Mostapha Brahimi. Une mission aux échos belges La mission parlementaire de la commission des secteurs sociaux intéresse de très près les médias en Belgique, pays d'origine de l'entraineur Eric Gerets. Sur « RTL.be », on annonce même que Gerets est désormais « épinglé par le Parlement marocain ». Tandis que « 7sur 7.be » rapporte l'information de la mise en place d'une commission d'enquête chargée de déterminer si Eric Gerets paie des impôts sur ses revenus en citant deux quotidiens belges, parus mardi 31juillet, « Sud presse » et « Het Laatste Nieuws ». Et de préciser que l'entraîneur belge ne paie aucun impôt conformément à ce qui a été convenu dans son contrat avec la Fédération royale marocaine de football et qui stipule que c'est cette dernière et non Eric Gerets qui doit s'acquitter des impôts sur son revenu. La commission d'enquête doit à présent déterminer si tel a bien été le cas. En attendant, Gerets se refuse à tout commentaire, indiquent les médias belges ajoutant que certains de ses collègues affirment qu'aucun entraîneur ne paie d'impôts en Afrique. Selon « Het Laatste Niews », Gerets touche quelque 250.000 euros par mois en tant qu'entraîneur de l'équipe nationale marocaine.