Le mois béni de Ramadan est caractérisé par la multiplication des prières surérogatoires dans les mosquées. Plusieurs personnes souvent peu inclines aux prières collectives, profitent de ces moments d'intenses ferveurs pour se rapprocher de leur créateur. Le Soir échos a assisté à l'une de ces séances nocturnes. Les mosquées du Maroc accueillent les fidèles pour les prières nocturnes des Tarawih et d'Attahajjoud durant tout le mois sacré de Ramadan, à l'image de la grande mosquée Hassan II. Quartier Al Wifaq, Ain Sebaâ. Cinquième nuit du Ramadan. Une atmosphère calme y règne. Les reflets lumineux du croissant lunaire, tels des projecteurs, éclairent la cité. Des concerts sporadiques de bruits et le vrombissement des moteurs de voitures cassent, de temps à autre, la monotonie. La majorité des habitants est nichée dans les foyers après le f'tour. Les senteurs de la soupe harira qui s'échappent des cuisines flirtent avec les fosses nasales. Une dégustation et un repos mérités après une journée de jeûne. Affluence A côté de la préfecture de police, se dresse une mosquée. L'appel du muezzin sonne le glas de la détente. Après avoir alimenté l'organisme, il convient d'octroyer à l'âme sa ration spirituelle. Les fidèles désertent leur demeure. Les ruelles grouillent de monde. Hommes, femmes, jeunes, et enfants, nattes à la main prennent d'assaut l'édifice religieux. Les djellabas qui meublaient les armoires retrouvent une seconde vie. La mosquée qui peinait à se remplir en période ordinaire, se trouve désormais exiguë. Ne pouvant accéder dans l'enceinte, beaucoup d'entre eux s'asseyent sur les nattes étalées sur la cour. Pendant que certains effectuent des prières, d'autres écoutent scrupuleusement le prêche. Installé sur un fauteuil posé à côté du minbar, le Cheikh ressasse les bonnes vertus prescrites par l'Islam. La fin de son speech coïncide avec l'entrée de l'Imam vêtu en djellaba immaculé. La prière d'Al-ichae peut débuter. Ferveur et spiritualité Les nombreux fidèles forment des rangs parallèles. Un silence de cimetière gagne l'enceinte. L'assistance écoute religieusement le prêche de l'imam. La concentration atteint son paroxysme. La ferveur et la spiritualité meublent les visages. L'heure est à la méditation des quelques versets de la sourate « Al Israa » (Le Voyage nocturne). Des personnes du troisième âge, sous le poids de l'âge, effectuent la prière depuis leurs sièges. Des haut-parleurs installés dehors, amplifient le son des décibels. Après la dernière prière obligatoire de la journée, place aux séances surérogatoires de huit rakkaats divisées en quatre série de deux rakkaats. L'imam poursuit la récitation de la sourate « Annissaa » (Les Femmes) entamée la nuit dernière. Le nombre de fidèles s'effrite au fur et à mesure qu'il progresse dans la prière. Les personnes qui étaient stationnées dehors entrent dans les rangs pour colmater les espaces qui se dessinent. La fin des « Nawafils » coïncide avec le concert des marchands ambulants qui ont élu domicile juste en face de la mosquée. Plusieurs produits bousculent les étals : dattes, chaussures, livres religieux, produits laitiers, pastèques, etc. Chaque vendeur développe une palette d'astuces pour écouler sa marchandise. Les nombreux fidèles regagnent leur domicile. Interpellés, trois d'entre eux nous livrent leurs impressions. Témoignages Rachid (26 ans) « Je n'avais pas l'habitude de faire ces prières surérogatoires. Mais en tant que musulman, on doit les effectuer durant le ramadan et en dehors. C'est une chance pour se rapprocher de Dieu. Durant ces séances , je ressens l'amour que je porte envers mon seigneur ». Yassir (25 ans) « Ce sont des moments d'intenses implorations du Seigneur. On ressent cette fraternité entre musulmans. Avant, je restais à la maison pour effectuer mes prières. Pour Al-ichae, je me limitais simplement au « chafae » et « itr ». Je ne partais à la mosquée que les vendredis.» Youssef (27 ans) « Ces séances de prières ont renforcé ma foi. Elles m'ont permis de délaisser certaines pratiques ». * Tweet * * *