Les deux acteurs maroco-hollandais Nasrdin Dchar et Achmed Akkabi étaient sous nos latitudes ce week-end pour promouvoir Rabat, production néerlandaise projetée en plein air à Rabat et à Casablanca. Rabat, production néerlendaise qui met à l'épreuve l'amitié de trois jeunes hommes, Nadir (le Marocain Nasrdin Dchar), Abdel (le Marocain Achmed Akkabi) et Zakaria (le Tunisien Marwan Kenzari). Achmed Akkabi et Nasrdin Dchar sont des MRE, mais pas comme les autres. Quand ils reviennent dans leur pays natal c'est pour promouvoir un film-buzz qui a sillonné les festivals d'Europe. « Rabat » est un périple cinématographique à petit budget et à grand succès, réalisé par Jim Taihuttu et Victor Ponten, un road-trip qui parcourt les Pays-Bas, la Belgique, la France et l'Espagne jusqu'au Maroc. Frais et bien ficelé, filmé dans cinq pays et en cinq langues, il est porté par deux acteurs prometteurs et ambitieux. Comment l'équipe du film s'est-elle formée ? Nasrdin : Les réalisateurs Jim et Victor ont aimé le court-métrage que j'avais tourné en 2004 et qui s'intitule « 11.59 ». Parallèlement, j'admirais leurs vidéo clips et leurs spots publicitaires, et j'étais un grand fan de leur style novateur et décalé, et que je trouvais très différent de ce qu'on nous présentait aux Pays-Bas. On s'est rencontrés lors d'une pièce de théâtre dans laquelle je jouais, et c'est là où tout a commencé. Nous avons décidé de travailler ensemble sans vraiment savoir dans quelles conditions. Nous voulions réaliser un long-métrage , c'est tout ce que nous savions. Et voilà le résultat. Achmed : Moi j'ai joué avec Nasrdin dans le court-métrage « 11.59 » – un petit rôle, mon premier – et c'est lui qui m'a soutenu professionnellement, et m'a présenté à des amis qui travaillent dans le domaine du cinéma, dont Jim et Victor. Voilà comment ce rêve est né. Le film est écrit par les deux réalisateurs néerlandais, mais reste un travail collectif autour du Maroc, de la jeunesse, et de la différence. Racontez-nous. Achmed : Jim est mi-hollandais et mi-indonésien, et Victor est Hollandais, mais ils ont grandi dans des environnements multi-culturels, et ont baigné dans une culture qui prône la différence. A les voir, on dirait même des marocains (rires). Nasrdin : L'idée vient d'eux, mais nous partagions constamment des idées et des anecdotes autour du film. C'était un vrai travail collectif. Au début, nous voulions tous réaliser un long-métrage, et nous caressions tous le rêve de faire un road-trip des Pays-Bas jusqu'au Maroc, à l'instar de nos parents et de la plupart des Marocains résidant aux Pays-Bas. Le budget du film est minimal. Comment avez-vous réussi à obtenir le financement ? Nasrdin : C'est un financement collectif. Nous l'avons envoyé le scénario à plusieurs fondations publiques mais personne n'a cru en nous. Comme d'habitude, peu de fondations financent un premier long-métrage surtout avec des noms méconnus. Et bien que le budget soit minime, nous avons réussi à obtenir des prix et réaliser du bon travail. Achmed : C'est un ami chinois que je connais depuis mon enfance qui a cru en notre projet et a décidé de nous financer, et par la suite plusieurs subventions sont venues se greffer à la somme initiale. Sans lui, le film n'aurait pas été réalisé. Où situez-vous le film par rapport au cinéma hollandais ? Nasrdin : Le film est différent des autres films hollandais parce qu'il implique une prise de risques. La plupart des films hollandais visent le grand public, et ne prennent pas assez de risques. Nous avons eu la chance d'avoir à nos côtés la chaîne de salles de cinéma « Pate » qui en a distribué vingt copies, même si nous aurions souhaité qu'elle en distribue plus, vu la demande qui a continué à grandir. A noter qu'une des failles du cinéma hollandais est d'exporter ses films sans toutefois les promouvoir localement. Nous sommes partis de rien, réalisant un film avec les moyens du bord, tout en réussissant à récolter un grand succès, et à participer à plusieurs festivals en Europe. Deux talents prometteurs Achmed Akkab et Nasrdin Dchar, deux acteurs bourrés de talents, crèvent l'écran dans « Rabat ». D'origine marocaine, ils sont nés aux Pays-Bas, et irradient charme et naturel. Achmed Akkab, alias Abdel, est originaire d'Al Hoceima et y revient tous les ans pour voir sa famille. Il est diplômé de l'école de Maastricht, et a débuté sa carrière en jouant dans des spots publicitaires, et des séries télévisées. Parmi ses productions marocaines le film de Nabil Ayouche « What Lola Wants ». Son compère, Nasrdin Dchar, alias Nadir, est un autodidacte qui a fait des études d'économie, tout en nourrissant le rêve d'être acteur. Féru de théâtre, il prépare actuellement sa propre pièce, un monologue sur les mères intitulée « Oumi » qu'il compte faire tourner dans les Pays-Bas. « Rabat » est son premier long-métrage pour lequel il a décroché le prix d'interprétation masculine au Festival du film des Pays-Bas en 2011. Son souhait est de jouer dans un film marocain. * Tweet * * *