Selon les premiers résultats annoncés par la commission électorale, les libéraux sont en passe de remporter les législatives en Libye. Une victoire qui ferait de ce pays une exception dans un Maghreb dominé par les islamistes au lendemain du Printemps arabe. Les opération de décomptage des voix se poursuivent en Libye. Ci-dessus, des agents de la commission électorale libyenne lors du dépouillement dans un bureau de vote de Benghazi à l'Est de la Libye. L'exception libyenne se confirme petit à petit. Depuis lundi, les résultats diffusés par la commission électorale libyenne donnent les libéraux vainqueurs de ces premières élections, organisées en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, il y a quelques mois. Toutefois, les dépouillements se poursuivent et pourraient durer toute la semaine. L'Alliance des forces nationales (AFN), dont la figure de proue Mahmoud Jibril, ex-membre du gouvernement libyen, a remporté un succès sans appel à Janzour, dans la banlieue de Tripoli avec 26 798 voix contre 2423 pour le Parti de la justice et de la construction (PJC, issu des Frères musulmans), qui est contraint de se contenter de la deuxième place. À Zliten, près de Misrata, même scénario avec 19 273 voix pour l'AFN contre 5626 pour le PJC, après le décompte de 74% des voix. Mais dans la ville de Misrata à 200 km à l'est de Tripoli, les libéraux sont arrivés en quatrième position, loin derrière une petite formation locale, le PJC et le Front national qui sont de la tendance islamiste. La force de frappe de l'AFN 2,8 millions de Libyens ont pris part à ce scrutin historique salué par toute la communauté internationale et dont le taux de participation est estimé selon la commission électorale à 62%. Ces élections doivent aboutir à la mise en place d'une Assemblée du peuple de 200 membres, qui prendra, dès son entrée en fonction, le relais du Conseil national de transition (CNT) jusqu'à l'adoption de la future Constitution. Cependant, ce qui retient l'attention dans ce scrutin au delà de sa bonne organisation par les autorités libyennes, c'est la percée des libéraux. Car, comme au Maroc, en Tunisie ou encore en Egypte, on s'attendait à un avantage sans concession des islamistes auréolés dans tout le Maghreb par le Printemps arabe. La Libye semble être l'exception dans cette tendance générale qui embrasé l'Afrique du Nord. Sur les 80 sièges attribués par un scrutin de liste au Congrès national, l'Alliance des forces nationales, constituée d'une soixantaine de groupes, semble avoir tout raflé au grand dam des islamistes. Une lueur d'espoir pour les islamistes Mahmoud Jibril, prenant la mesure de la situation, a appelé le peuple libyen à l'unité. « Nous adressons un appel sincère pour un dialogue national, en vue de s'unir tous ensemble sous une seule bannière, pour parvenir à un compromis, un consensus sur la base duquel la constitution peut être rédigée et le nouveau gouvernement peut être formé », a-t-il déclaré. Cependant les islamistes ne comptent pas se résigner de sitôt. Le Parti de la justice et de la construction a encore une carte à jouer, selon son leader Mohamed Sawan. « Les premiers résultats ne concernent que 40% des sièges. Pour les 120 sièges restants, les résultats préliminaires font état de l'inexistence de l'alliance libérale. Nous avons beaucoup de sympathisants qui ont gagné des sièges. Nous prévoyons donc une grande présence des islamistes à l'assemblée », a-t-il souligné. Le jeu des alliances a donc commencé. En effet, la loi électorale a prévu 80 sièges aux partis et 120 aux candidats indépendants. Et c'est là que les islamistes comptent puiser leur force en vue de cette « grande présence ». C'est la déception au sein du Parti de la justice et de la construction puisqu'il a été battu par les libéraux dans ses propres bastions à l'Est. Cependant, rien ne semble encore joué dans la mesure où les résultats connus jusqu'à présent ne sont que partiels et ne concernent qu'une partie des suffrages exprimés lors du scrutin. * Tweet * * *