En rejetant massivement le traité anti-contrefaçon ACTA, les euroédputés ont souligné l'incohérence de ce projet et signé sa mise à mort. Le score, sans appel de 478 voix contre et 39 pour est une victoire nette de la raison sur les intérêts peu glorieux qui se terrent entre les lignes de cet accord. Le retrait de l'Europe rend de facto caduc cet accord et offre au Maroc, seul pays arabe et seul pays du Tiers monde à l'avoir signé la possibilité de se rattraper en ne le présentant pas devant le Parlement comme prévu puisque cette démarche est désormais inutile. Pourquoi ? Alors qu'en Europe, ce sont les dispositions relatives au contrôle de l'internet et aux téléchargements qui ont provoqué son rejet, le Maroc, ainsi que les pays les plus faibles économiquement et politiquement n'ont aucune, mais vraiment aucune raison de s'amputer de la possibilité de recourir à des génériques, assimilés insidieusement par ACTA à des « contrefaçons ». Négocié discrètement, en dehors des cadres internationaux comme l'OMC, ACTA est la volonté cynique de maintenir sous le joug, les pays dépendants des grandes multinationales du logiciel, de la culture et de la santé. Sur le plan de la santé, imposer à des pays pauvres comme le Maroc l'usage de médicaments sous brevet au lieu de génériques, c'est condamner des milliers de personnes à la mort pour enrichir des entreprises prospères. Ceci est d'autant plus tragique que les accords de l'OMC ou l'Accord de Libre Echange avec les Etats-Unis prévoient la possibilité de suspendre les brevets et de recourir à des génériques en cas de problème de santé publique. Une disposition qui n'a jamais été invoquée par notre ministère de la santé, alors qu'elle permettrait de soigner davantage de malades pour le même prix. Vu les sommes en jeu, et les enjeux associés, nul doute qu'ACTA ressucitera sous une forme ou sous une autre. C'est la raison pour laquelle nous devons faire preuve de vigilance et de nous opposer à l'hypothèque qui cherche à s'abattre sur notre avenir.