Les festivités du cinquantenaire de l'Algérie indépendante, débutées mercredi, vont s'étaler sur un an. Hier, le chef d'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, a déposé au pied du sanctuaire des martyrs une gerbe de fleurs à la mémoire des combattants marquant ainsi la date symbolique du 5 juillet. Les Algériens célèbrent depuis hier le 50ème anniversaire de leur indépendance en grande pompe. Les festivités s'étaleront sur une année selon le gouvernement. Les festivités du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie ont débuté mercredi avec un spectacle grandiose au théâtre de verdure à Alger. Le chef d'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, a donné le coup d'envoi de cette célébration lors d'une représentation intitulée « Les Héros du Destin » inspirée de l'histoire contemporaine du pays. Le spectacle a été suivi par l'hymne national et un ballet spectaculaire de feux d'artifice à travers le pays. Le public était en liesse pour cette première journée des festivités. La symbolique du lieu choisi pour cette célébration est très éloquente: la station balnéaire de Sidi Fredj, à l'ouest de la capitale, lieu historique du débarquement des Français en 1830. Hier, 5 juillet, date marquant la proclamation officielle de l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation française, le président algérien a déposé au pied du sanctuaire des martyrs une gerbe de fleurs à la mémoire des combattants en présence des plus hautes autorités civiles et militaires de l'Etat. Ces célébrations qui vont s'étaler sur un an, seront marquées par des colloques, des conférences, des concours et des diffusions de plusieurs documentaires à la télévision publique selon le ministre des Moudjahidines, Mohamed Cherif Abbès. À l'occasion de ce cinquantenaire de l'Algérie indépendante, le président américain Barack Obama a adressé, mercredi, un message de félicitations au chef d'Etat algérien. « Je voudrais vous féliciter pour vos efforts continus dans la construction d'un Etat stable et dynamique pour le peuple algérien cinquante ans après avoir recouvré l'indépendance », a déclaré Barack Obama dans son message au chef de l'Etat, selon l'agence de presse officielle APS. Polémiques autour du budget des festivités Toutefois, le budget de diverses célébrations ne manque pas de susciter des polémiques. Selon Le Figaro, près de 2 milliards d'euros ont débloqués par Alger dans le cadre de ces festivités. Une somme jugée colossale par de nombreuses voix au sein de la société civile. Mais le gouvernement algérien n'a pas donné de chiffres officiels concernant cette organisation. Les feux d'artifice ayant illuminé le ciel algérien mercredi et dont la fabrication a été confiée à une société chinoise sont estimés à 9 millions de dollars, selon un responsable du ministère des Moudjahidines qui a requis l'anonymat, cité par le journal français Le Parisien. Paris et Alger Les relations entre la France et son ex-colonie sont loin d'être au beau fixe cinquante ans après les accords d'Evian. Pour rappel, la guerre d'Algérie a coûté la vie à 1,5 million d'Algériens d'après les chiffres avancés par Alger. Les autorités algériennes veulent également que Paris admette sa part de responsabilité dans le massacre de 45 000 Algériens descendus dans les rues pour réclamer l'indépendance en 1945. L'élection de François Hollande semble susciter des espoirs mais les Algériens attendent toujours. « Maintenant qu'il est au pouvoir, nous espérons de l'action », a déclaré le ministre algérien des Anciens combattants, Mohamed Cherif Abbes. « L'Algérie renouvelle, en cette occasion, sa détermination à poursuivre la lutte jusqu'à ce que le colonisateur reconnaisse son crime contre le peuple algérien. Il est temps pour ceux qui ont commis du mal à travers leurs crimes coloniaux d'avoir honte, de reconnaître leurs crimes et de présenter leurs excuses aux victimes », a souligné le FLN (Front de Libération Nationale), le parti du président algérien, dans un communiqué publié mercredi. « C'est le moment. Nous devons prendre des initiatives et ne pas laisser passer ce moment », a, pour sa part, estimé Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense et actuel président de l'Association France-Algérie. « Nous n'éprouvons aucune haine à l'égard du peuple français mais nous avons le droit de demander à la France de reconnaître les crimes de la France coloniale et de s'excuser », a souligné Tayeb Al Houari, le secrétaire général de l'Organisation nationale des enfants de martyrs. Toutefois, le ministre français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, a confirmé, mercredi, qu'il se rendrait en Algérie les 15 et 16 juillet pour un tour d'horizon. Quid de la liberté de la presse ? Un rapport publié mercredi, la veille de la célébration de l'indépendance de l'Algérie, par Reporter Sans Frontières (RSF) souligne que la situation de la liberté d'information reste toujours « préoccupante » dans ce pays. « Si l'indépendance de l'Algérie a été arrachée en 1962, celle des médias n'est pas encore une réalité cinquante ans plus tard », note RSF dans ce document. L'ONG pointe notamment du doigt « les pressions économiques, mais également judiciaires, ou encore physiques et morales » auxquelles font face régulièrement les directions de journaux et les journalistes. * Tweet * * *