Le réseau national des centres d'écoute des femmes victimes de violence Anaruz vient de rendre publics les résultats de son nouveau rapport sur les violences fondées sur le genre. Le réseau s'est attardé longuement sur la situation du mariage des mineures, qui continuent à être contractés au vu et au su de tous. Réunion du réseau Anaruz, réseau national des centres d'écoute de femmes victime de violence, vendredi dernier à Rabat. D'après les derniers chiffres datant de 2010, 30.000 filles âgées entre 15 et 18 ans ont été mariées. Tout cela en dépit de l'âge du mariage fixé à 18 ans par le code de la famille. Un état d'urgence qui a poussé le réseau Anaruz, réseau national des centres d'écoute de femmes victimes de violence, à le placer au cœur de son nouveau rapport présenté vendredi dernier à Rabat.Le quatrième rapport du réseau n'est pas tendre envers ceux censés faire respecter le code (article 49) ainsi que la constitution (article 19). « Nos investigations montrent qu'il existe un grand écart entre l'esprit égalitaire qui a animé l'élaboration de ces articles et la réalité que vivent les femmes à cause des déficiences au niveau des lois, des procédures, des pratiques judiciaires et des comportements culturels des communautés », constate Anaruz dans son rapport. Non seulement le mariage des mineures est toujours pratiqué, mais il apparaît en « nette progression ». Celui-ci est passé de 38.710 mariages en 2007 à 44.572 en 2010, selon les chiffres fournis par le ministère de la justice. La coutume qui conduit à marier des filles avant l'âge légal de 18 ans perdure donc au Maroc. Une coutume « en décalage avec les évolutions sociales globales des pratiques matrimoniales dans la société marocaine », souligne le réseau. En effet, les femmes se marient en moyenne à 26 ans tandis que les hommes attendent 31 ans avant de se faire passer la bague au doigt. Des mariages précoces provoqués dans certains cas par des actes de viol. Une occasion pour Anaruz de remettre sur la table des discussions le très controversé article 475 du code pénal, qui exempte les violeurs de toute poursuite judiciaire, s'ils acceptent de se marier à leur victime. Un article qui est toujours en vigueur aujourd'hui. Face à la non-application des dispositions du code de la famille, destinées à protéger les mineurs du mariage, le réseau Anaruz propose plusieurs recommandations. Parmi elles, « un plaidoyer pour la mise en œuvre du conseil consultatif de la famille et de l'enfant », comme le prévoit la nouvelle constitution. Recommandations réalistes Le réseau plaide également pour « la diffusion de différentes informations sur le code de la famille sur le site web du ministère de tutelle », ainsi que la « mise en place d'un système d'information unifié (hôpital, tribunaux, police,...à au niveau central et région ». Dans les cas du mariage des mineures, il arrive souvent que les enquêtes préliminaires ne soient pas réalisées, en particulier dans les zones rurales. Or ces enquêtes sont le meilleur moyen, selon Anaruz, d'éviter tout contournement de la loi. Le réseau national des centres d'écoute des femmes victimes de violence appelle finalement à la réalisation d'études qualitatives à petite échelle dans les localités où le mariage des mineures est fréquent afin « d'améliorer la connaissance des problèmes et d'apporter des réponses adaptées ». * Tweet * * *