Le Parti de l'Istiqlal a décidé de reporter l'élection de son nouveau secrétaire général à une date ultérieure. Le mystère demeure entier sur cette décision dont l'intérêt premier semble celui de calmer les esprits. Abdelouahed El Fassi et Hamid Chabat, les deux candidats officiels au poste de secrétaire général, devront encore attendre. Qui sera le nouveau secrétaire général du Parti de l'Istiqlal ? La question reste entière, puisque le 16e congrès du parti n'y a pas répondu comme prévu. A l'ouverture même de ce meeting Istiqlalien, vendredi 29 juin à Rabat, le programme distribué par les soins d'un service de presse annonçait l'élection du secrétaire général à la première session du conseil national, samedi 30 juin à partir de 21h, tandis que le lendemain devait permettre l'élection de la commission exécutive avant la clôture du congrès. Tout avait bien commencé... Ce sont près de 6 000 congressistes, venues de différentes régions, qui ont pris place au complexe sportif Moulay Abdellah de Rabat pour participer au déroulement du congrès dont l'inauguration a été marquée par le défilement de presque tous les membres du gouvernement, à commencer par son chef, Abdelilah Benkirane. Malgré le passage furtif de ce dernier, il n'a pas échappé aux projecteurs. Aux premiers rangs, ministres, députés et leaders de partis, dont Mohand Laenser, Nabil Benabdellah, Saad Dine El Othmani et Ismail Alaoui, ont été nombreux à assister au discours d'inauguration et d'Adieu de Abbas El Fassi. « Permettez-moi d'exprimer à mes chers compagnons ma profonde émotion et d'achever ma mission après plus de 50ans de militantisme sur tous les fronts », annonce Abbas El Fassi avec une voix affaiblie. Après avoir présenté le rapport d'activité de son parti que ce soit au sein du gouvernement précédent ou dans le cadre du renforcement des relations internationales, le leader du PI s'est adressé aux siens : « Je lance un appel fervent à toutes les sœurs et à tous les frères au PI pour demeurer attachés à l'unité des rangs et aux principes ». Le congrès, à l'apparence sans problème, couvait en fait une bataille interne entre deux courants. Problème de clanisme Les deux candidats officiels pour le poste de secrétaire général, Abdelouahed El Fassi et Hamid Chabat, ont constitué, depuis quatre mois, leur troupes d'alliés mais le face à face au congrès risquait fort de devenir un « duel » sans merci. D'autant qu'aucun autre candidat ne s'est présenté après le retrait de Mohamed El Ouafa. Et c'est au début de la soirée du samedi que cette confrontation tant redoutée a éclaté. « Durant le débat autour du rapport présenté par Abbas El Fassi, ce dernier s'est clairement montré pour Abdelouahed El Fassi », explique un congressiste précisant que cette annonce a eu l'effet d'une bombe. Les critiques fusaient de tous les côtés et les alliés de Hamid Chabat n'ont pas hésité à se faire entendre en scandant des slogans dénonçant l'appartenance familiale que semble prendre le PI en se concentrant sur le clan El Fassi. « Il a été difficile de calmer les esprits, ensuite. Abbas El Fassi, lui, a préféré se retirer », confie ce congressiste. Pour prévenir les conséquences d'un affrontement, il n'y avait plus qu'à se mettre d'accord sur le report. Une aspirine contre la crise Pour le président du congrès, Mohamed El Ansari, l'unique issue, à ce moment précis, a été de désamorcer la crise en mettant en application la loi interne du PI permettant d'ajourner l'élection. Dans les statuts du parti, le secrétaire général est élu par le Conseil national via le vote à bulletin secret et à la majorité des voix et ce, pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. La grande majorité des congressistes a revendiqué les urnes à n'importe quel prix, imposant ainsi l'établissement d'une liste. L'opération risquait de prendre 12heures, alors que celle du comité exécutif pouvait atteindre 24 heures. Le manque de temps et la volonté des militants d'éviter «la guerre » ont finalement servie d'arguments pour trancher. « Il a été décidé, après compromis, de reporter la première session du Conseil national, lors de laquelle devaient être élus le secrétaire général et les membres du comité exécutif du Parti », déclare-t-il. Le temps pour le comité exécutif de se retrouver ces jours-ci afin d'assurer une meilleure organisation de cette étape décisive et surtout de veiller sur le maintien d'un climat calme et serein. Un problème résolu et un autre suspendu Le problème du congrès, dont la clôture a été annoncée très tôt dimanche 1er juillet, a donc été réglé, mais pas celui du parti qui se cherche une nouvelle identité sans provoquer les susceptibilités. « Les prolongations dont dispose le PI, à présent, doivent absolument aboutir à une issue convenable à tous au risque d'enfoncer encore plus la complexité du problème », explique ce militant. Les deux candidats, eux, estiment que le report est la meilleure solution. « Nous allons gérer nos affaires avec sagesse et clairvoyance », promet Hamid Chabat. * Tweet * * *