À quelques jours de la tenue du 16e Congrès du parti de l'Istiqlal, le favori Abdelouahed El Fassi devra batailler dur. Hamid Chabat envisage sérieusement de se porter candidat au poste de Secrétaire général du parti historique. Le secrétaire général de l'UGTM, Président du Conseil de la ville de Fès, Hamid Chabat s'apprête, selon toute vraisemblance, à se porter candidat au poste de n°1 de l'Istiqlal. C'est une page qui se tourne dans la maison istiqlalie. Le vieux leader Abbas El Fassi passera le flambeau, lors du 16e Congrès national du parti qui se tiendra le week-end prochain, après 14 ans à la tête du plus vieux parti du royaume. Habitués au consensus, les membres du parti auront probablement à faire, une fois n'est pas coutume, le choix entre deux candidats. Alors que le parti se dirigeait tout droit vers l'élection (une fois de plus) d'un membre de la famille El Fassi, Hamid Chabat a, selon des sources proches du parti, fait savoir qu'il souhaitait se présenter pour le poste de Secrétaire général. Une conférence de presse est d'ailleurs prévue aujourd'hui, durant laquelle le Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM) fera l'annonce officielle. Chabat contre l'atavisme Fassi Selon des sources concordantes, le leader syndical se serait insurgé contre la prédominance du clan El Fassi dans la direction du parti, et l'aurait fait savoir lors de la dernière réunion du Comité exécutif. Interrogé sur ces propos, le député istiqlalien et maire de Oujda Omar Hejira prend la défense de la famille El Fassi. Selon lui, « personne ne peut priver un cadre du parti de se présenter sous prétexte qu'il est fils de quelqu'un », allusion faite à la candidature de Abdelouahed El Fassi, fils de l'illustre Allal El Fassi. À propos de l'éventuelle candidature de Hamid Chabit, Hejira ne trouve pas de problème à ce que le maire de Fès se présente, « il a le droit de se présenter. Notre parti est démocratique et la candidature de Chabat est légitime », a-t-il rétorqué. Même remarque de la part de Latifa Bennani Smires, autre cadre du parti pour qui « Chabat est connu pour sa communication à outrance. C'est sa marque de fabrique », a-t-elle lancé. Vers la fin du consensus ? Va-t-on tout droit vers un bras de fer Chabat-El Fassi ? Pour nombre d'observateurs, rien n'est encore sûr tant la culture de conscience est très forte au sein de l'appareil istiqlali. Il est de coutume au sein du parti de se mettre d'accord sur un seul candidat. Faux ! Rétorque Omar Hejira, pour qui le dernier Congès a été l'exemple contraire. « Lors du dernier Congrès, Khalifa s'était bien présenté contre Abbas EL Fassi. Douiri à son tour s'était présenté face à M'hammed Boucetta ». Certes, mais lorsque Khalifa s'était présenté face à Abbas, il a avait bien finit par retirer sa candidature au dernier moment, sous la pression de la direction. La tâche s'annonce de toutes les manières délicate pour Chabat, eu égard au poids et au prestige de la famille El Fassi. Chabat pourra compter sur sa base syndicale. Pas sûr que cela suffise à l'heure où Abbas El Fassi a mobilisé pas moins de 3 000 congressistes pour soutenir son beau-frère. Prévu du 29 juin au 31 juillet prochain, le 16 Congrès du parti historique aura lieu à Rabat. Les congressistes éliront alors le cinquième Secrétaire national de l'histoire du parti de l'Istiqlal, après Ahmed Balafrej, Allal EL Fassi, M'hammed Boucetta et Abbas El Fassi. Dimanche, nous saurons si les congressistes opteront pour la continuité en élisant un membre de la famille El Fassi, ou bien finiront-ils par céder au changement. Un changement jusqu'ici incarné par Hamid Chabat, à moins que d'autres candidats ne pointent le bout de leur nez d'ici vendredi. En attendant le Congrès Dans le cadre de la préparation du 16e Congrès national du parti de l'Istiqlal, plusieurs rencontres ont lieu cette semaine entre différents organes du parti. Ainsi, la sous-commission des Statuts et règlements, présidée par Hassan Khorani, se réunit aujourd'hui à Rabat, tandis qu'une autre réunion, celle de la Commission nationale préparatoire, a lieu elle en début de soirée. Cette dernière examinera et adoptera le document que lui aura soumis la sous-commission des Status, pouvait-on lire dans l'organe officiel du parti, l'Opinion L'enfant terrible Hamid Chabat est une personnalité qui détonne au sein du parti de l'Istiqlal. Issu d'une famille modeste, il a tout au long de sa jeunesse milité dans les rangs de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM), le syndicat proche du parti, après avoir été ouvrier d'une usine de montage de motocyclettes. Chabat a d'ailleurs été le chef de file des manifestants lors des émeutes sanglantes survenues à Fès en 1990. Elu depuis 1997 à la chambre des représentants dans sa circonscription de Fès Chamaliya, tandis qu'en 2009, il réussit le test des communales et finit par occuper la mairie de Fès, grâce à la majorité détenue par l'Istiqlal au sein du Conseil de la ville. Personnalité incontournable de la scène politique nationale, Hamid Chabit est fort de ses partisans, mais n'en a pas moins de détracteurs. Son populisme et ses sorties polémiques ont le don d'irriter ses opposants, mais aussi ses propres amis du parti de l'Istiqlal.