Le Forum africain de la finance islamique démarre demain à Casablanca. Cette rencontre qui en est à sa troisième édition et qui s'étale sur deux jours porte sur le thème : «Crise financière islamique : Quelles perspectives pour l'Afrique ?» «Selon les récentes études de S&P et Moody's, les perspectives de croissance mondiale sont grandes pour la finance islamique pour 2010. Le continent africain n'est pas en reste avec les nombreux développements de cette industrie émergente», souligne les organisateurs. Au Maroc, les autorités monétaires se refusent à tout débat sur la question. D'ailleurs, le wali de la Banque centrale a annoncé, haut et fort et à maintes reprises, que le Maroc repousse toute idée d'implantation de banques islamiques au Maroc. A ses yeux, il n'est pas question de privilégier un pays du Golfe par rapport à un autre, puisque généralement ce sont eux qui ont manifesté le plus d'intérêt ces dernières années. Impartialité politique oblige ! «Les banques commerciales marocaines veulent conserver leur part de marché. Surtout que les banques islamiques fondent leur stratégie marketing sur le volet religieux. Et cela risque de leur coûter cher», nous fait remarquer Zoubeir Ben Terdeyet, organisateur de l'événement. Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, estime que les produits financiers que met une banque islamique à la disposition de ses clients, les banques marocaines sont en mesure de les commercialiser. Ainsi, les trois solutions bancaires islamiques vendues dans les réseaux des banques et sociétés de financement sont : «Ijara, Moucharaka et Mourabaha». La loi de Finances 2010 a réduit de moitié la TVA sur ces produits. Toutefois, et depuis leur entrée en vigueur, ces produits dits alternatifs n'ont pas attiré grand monde, même les banques ne se bousculent pas. Les coûts étant très élevés en raison de la TVA. Cela étant, et dans ce contexte tendu de crise, les banques islamiques, à travers le monde, ont su tirer leur épingle du jeu. Au moment où les systèmes financiers classiques ont été brutalement secoués. Devant l'essor que connaît la finance islamique, nos autorités financières ne sont pas restées les bras croisés. «Des ajustements fiscaux ont été faits au Maroc en 2009 afin de rendre les produits alternatifs beaucoup plus compétitifs », rappellent les organisateurs. La loi de Finances 2010 a prévu de réduire de moitié le taux de la TVA sur les produits bancaires sans intérêt et conformes à la charia passant ainsi de 20 à 10%. Par ailleurs, une question mérite d'être posée : Ces produits bancaires sont-ils vraiment islamiques ? Théoriquement parlant, la finance islamique qui puise ses principes dans le droit musulman, est fondée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt (riba) et les exigences strictes quant à la nature des activités qui devraient être licites. Pour Zoubeir Ben Terdeyet, l'appellation islamique a suscité beaucoup de réactions et de confusions. «Il vaut mieux les appeler produits respectueux de la charia», recommande-t-il. Toutes ces questions ressurgiront probablement lors du Forum. «Avec plus de 150 participants attendus du Continent africain, d'Europe et du Moyen-Orient, ce forum est une occasion unique en Afrique de nouer des contacts avec les acteurs principaux du marché», conclut-il. A noter enfin que l'encours de la finance islamique dans le monde est évalué à près de 850 milliards de dollars, représentant ainsi entre 1 et 2% du marché global. Selon Ben Terdeyet, la finance islamique a connu ces dernières années un regain d'intérêt plus important et se développe au rythme de 15 à 20% l'an. Produits alternatifs Ijara, Moucharaka et Mourabaha A partir du 1er octobre 2007, les établissements bancaires marocains sont appelés à appliquer plusieurs articles concernant les conditions de vente des trois produits «Ijara» (location, bail), «Moucharaka» (participation) et «Mourabaha» (gain partagé). Selon Bank Al-Maghrib, l'opération Ijara (articles 1 à 4 de la recommandation de la Banque centrale du Maroc) est définie comme étant tout contrat selon lequel un établissement de crédit met, à titre locatif, un bien meuble ou immeuble à la disposition d'un client. Elle peut consister en une location simple ou peut également être assortie de l'engagement ferme du locataire d'acquérir le bien loué à l'issue d'une période convenue d'avance. L'opération Moucharaka (Articles 5 à est définie comme étant tout contrat ayant pour objet la prise de participation, par un établissement de crédit, dans le capital d'une société existante ou en création, en vue de réaliser un profit. Les deux parties participent aux pertes à hauteur de leur participation et aux profits selon un prorata prédéterminé. Quant à l'opération Mourabaha, (Articles 9 à 13) elle est définie comme étant tout contrat par lequel un établissement de crédit acquiert, à la demande d'un client, un bien meuble ou immeuble en vue de le lui revendre moyennant une marge bénéficiaire convenue d'avance, le règlement par le client se fait en un ou plusieurs versements, à une date ultérieure, ne dépassant pas 48 mois.