Kofi Annan a rencontré Bachar Al-Assad, hier à Damas. L'émissaire de l'ONU s'est dit « horrifié » par les massacres perpétrés à Houla, tandis que Paris et Londres veulent accentuer la pression sur le régime de Damas. Kofi Annan a eu un entretien avec le président syrien sur fond d'indignations de la communauté internationale après les massacres perpétrés dans la ville de Houla. « Horrifié », c'est le terme qu'a employé Kofi Annan après les massacres perpétrés dans la ville de Houla, dans lesquels 108 personnes ont été assassinées, dont près de la moitié sont des enfants. L'émissaire onusien a d'ailleurs été reçu par Bachar Al-Assad, hier à Damas, a relevé l'agence de presse syrienne Sana, après avoir atterri, lundi en Syrie, pour sa deuxième visite dans le pays. Le massacre perpétré à Houla, petite ville située dans le centre du pays, a suscité l'indignation de l'ensemble de la communauté internationale, y compris en Chine et en Russie, traditionnels soutiens du régime de Damas. Fait rarissime, le quotidien chinois pro-gouvernemental China daily a consacré sa une au massacre, tandis que le gouvernement chinois a officiellement condamné la tuerie, sans pour autant pointer du doigt les forces de Bachar Al-Assad. « Ceux qui sont responsables de ces crimes brutaux devront en répondre », a ajouté Kofi Annan à son arrivée dans la capitale syrienne. Selon les premiers résultats d'une enquête de l'ONU, la majorité des victimes de la boucherie auraient été sommairement exécutés, a déclaré un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville. Avant d'ajouter que seulement « moins de 20 des 108 assassinats peuvent être attribués à des tirs d'artillerie et de tanks », a-t-il annoncé lors d'un point presse, précisant que « la plupart des autres victimes ont été sommairement exécutées lors de deux incidents différents ». Le responsable onusien a promis la prochaine publication d'un rapport sur les massacres, «Au minimum, il y aura un rapport de la commission d'enquête sur la Syrie», a-t-il précisé. Les « Chabiha » responsables ? S'étant déroulé dans la nuit de vendredi à Samedi, le massacre a fait 108 morts dont 49 enfants. Pointé du doigt par une bonne partie de la communauté internationale, le régime syrien a nié toute implication dans la tuerie, qu'il a d'ailleurs qualifié de « terroriste », imputant les attaques à des islamistes. Le ministère des Affaires étrangères syrien a affirmé que les victimes ont été assassinées à l'arme blanche, preuve selon le régime de l'implication de terroristes islamistes. Les autorités syriennes ont, de même, promis une enquête qui sera réalisée conjointement par l'armée et la justice syrienne. De leur côté, des habitants de Houla ont clairement accusé les forces paramilitaires du régime, les « Chabiha ». « À ce stade, il semble que des familles entières ont été tuées dans leurs maisons », a ajouté Rupert Colville. De son côté, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déclaré que la France était « favorable à ce que la Cour pénale internationale soit saisie ». « Bachar Al-Assad est l'assassin de son peuple. Il doit quitter le pouvoir. Le plus tôt sera le mieux. Jusqu'ici les actions entreprises pour cela ont rencontré deux limites », a-t-il annoncé dans une interview au quotidien français Le Monde. Pour le ministre des Affaires étrangères de François Hollande, « ce massacre épouvantable peut avoir comme conséquence que des pays jusque-là réticents évoluent », a-t-il supposé. Clinton condamne les « atrocités » Suite à un appel téléphonique entre François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron, les deux leaders européens se « sont convenus d'agir ensemble pour accroître la pression de la communauté internationale sur Bachar Al-Assad », a annoncé l'Elysée. Hier, François Hollande a décidé d'expulser l'ambassadrice de Syrie à Paris. Côté américain, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a pour sa part condamné les « atrocités ». « Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts le massacre d'hier dans le village syrien de Houla », a-t-elle déclaré dans un communiqué publié par sa porte-parole. « Les Etats-Unis travailleront avec la communauté internationale pour intensifier notre pression sur Al-Assad et ses affidés, dont le gouvernement par le meurtre et la crainte doit cesser », a promis la secrétaire d'Etat américaine, avant d'ajouter que les Etats-unis se tenaient « solidaires avec le peuple syrien et les manifestants pacifiques dans les villes syriennes qui investissent les rues pour dénoncer le massacre de Houla ». Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, au moins seize civils ont été tuées depuis l'arrivée de l'émissaire de l'ONU et de la ligue arabe en Syrie. * Tweet * * *