Le Maroc sera représenté par sept boxeurs aux JO de Londres qui se dérouleront du 27 juillet au 12 août prochains. Abdelhak Achik, l'entraîneur de l'équipe nationale de boxe, nous éclaire sur les préparatifs de nos pugilistes et revient sur quelques-uns des évènements marquants de sa carrière. Abdelhak Achik, l'entraîneur de l'équipe nationale de boxe Sept Marocains vont participer aux JO de Londres, comment se passent les préparations ? Les préparations se déroulent au centre des FAR à Maâmora aux environs de Salé. La concentration se passe de manière excellente. Nous avons été bien accueillis, et après on s'est installés à l'Institut Moulay Rachid des sports. Cela fait 3 ans que j'ai pris les commandes de cette équipe, nous avons participé à plusieurs compétitions. Nous avons fait le Championnat d'Afrique, les Jeux méditerranéens où nous avons récolté 4 médailles d'argent et 2 de bronze, et puis nous avons joué au Championnat arabe à Qatar où nous avons été classés premiers. Après, nous sommes partis en Azerbaïdjan concourir au Championnat du monde. Nous avons passé quelques stages en Italie et en Ukraine. Toutes ces préparations étaient destinées aux JO et c'est en partie grâce au financement qu'on a eu du CNOM. Le comité de suivi des athlètes de haut niveau a consacré quelque 33 milliards de centimes pour aider des athlètes de divers sports afin de mieux représenter le Maroc à Londres. Expliquez-nous comment cet argent est réparti entre les boxeurs ? Grâce à cet argent, des boxeurs ont amélioré leur qualité de vie, ils ont monté leurs projets, pu acheter des maisons. Les boxeurs recevaient des salaires mensuels, par exemple, ceux qui boxent pour l'équipe A touchent un salaire de 20 000 DH, l'équipe B 15 000 DH, et pour l'équipe C, c'est 7 000 DH. Il y a également des boxeurs qui s'entraînaient avec nous et qui recevaient un salaire entre 2 000 et 3 000 DH de la fédération. Après la qualification aux JO, quelle est la prochaine étape ? Nous allons partir en France pour concentration. Nous allons organiser des matchs contre des boxeurs là-bas. Ensuite, nous irons en Ukraine et puis à destination de l'Irlande puisque le climat de ce pays ressemble à celui de l'Angleterre. En Irlande, nous allons organiser des sparings. C'est mieux que les combats compétitions. Est-ce qu'on a encore des boxeurs de la trempe de Achik ? Il y en a quelques-uns, meilleurs que Achik, qui vont dire leur mot à l'occasion de ces Jeux olympiques. Nos boxeurs sont déterminés à remporter des médailles. Notre objectif, c'est le métal précieux. Nous avons déjà 3 médailles de bronze. Nous cherchons l'or maintenant. Parlons un peu de Achik de 1988… J'ai commencé en 1976. Celui qui m'a découvert c'est l'entraineur Hajji Mohamed. Il était boxeur et on s'entraînait tous les deux sur le toit de sa maison à Hay El Mohammadi. J'ai commencé à boxer dans « lhalka » après j'ai intégré un club où je m'entraînais sous l'aile de Zeroubi. J'avais 15 ans. À 24, j'étais qualifié pour les JO de Séoul 88. Racontez-nous ce qui se passait dans votre tête lors de vos combats en 1988 ? Bien avant, il faut que vous sachiez que j'avais promis aux dirigeants que j'allais remporter une médaille à Séoul. J'avais acquis assez d'expérience lors de mon séjour en France. Mon premier combat, à Séoul, je l'ai remporté aux points (5-0) contre un boxeur du Salvador. Le deuxième, c'était contre un Vénézuélien et je l'ai remporté par KO dès le premier round. Mon quart de finale, je l'ai joué contre un Chinois. Je l'ai mis KO en un seul round. J'avais eu un doigt cassé. Le docteur m'injectait des calmants pour ne pas ressentir la douleur. En demi-finale, j'ai joué contre l'Italien Baresi que j'avais déjà battu. Mais je peux vous dire que mon premier combat, contre le boxeur salvadorien, a été le plus difficile. Contre Baresi, avec un doigt cassé, à quoi pensiez-vous ? Je ne pensais pas à ma blessure. Je me disais que j'avais travaillé dur pour arriver à ce stade. Je voulais remporter la médaille d'Or pour améliorer ma situation sociale. Qu'est-ce qui a changé dans votre vie après la médaille olympique ? Il n'y a eu aucun changement. Comme vous le savez, nous, les sportifs on aime bien vivre. J'avais un petit boulot, au port, où je gagnais 3 000 DH mais ce salaire ne me suffisait pas. J'ai vécu la misère pendant 10 ans, jusqu'à ce que le roi m'octroie un agrément de transport. Depuis 1991, personne ne s'est soucié de mon cas. J'avais créé une école de boxe à Larbi Zaouli d'où sont sortis des champions tels Atkani Abdelhak et Lbida qui sont qualifiés aux JO. Il y a eu aussi Moussaid, qui a joué à Pékin. Un quotidien avait annoncé qu'Achik voulait s'immoler par le feu « si on lui enlève son agrément de transport », est-ce vrai ? J'ai été mal compris. L'agrément m'a été octroyé par le roi et lui seul peut me l'enlever. Ma famille vit de cet agrément, et quand ma mère a entendu cette annonce à la radio, elle est tombée malade. J'étais en colère. J'avais fait une vidéo quand j'étais en Finlande, où j'expliquais clairement la situation. J'ai reçu également des coups de fil de gens haut placés qui m'ont dit de ne pas m'inquiéter, et de ne pas réagir à ce sujet, que tout allait rentrer dans l'ordre. Je vois que vous portez un T-shirt portant l'inscription Mike Tyson. Est-il votre idole? Mike Tyson reste un grand champion qui cherche toujours les KO, mais j'aime bien regarder Marvin Hagler. J'imitais aussi beaucoup Fraser mais il m'était difficile d'imiter Mohamed Ali, parce qu'il était rapide et jouait plus la défense que l'attaque. Moi j'attaque plus que je ne me protège à cause de ma petite taille (rires). * Tweet * * *