Aziz Sahmaoui a sillonné les plus prestigieuses scènes du monde et collaboré avec les maîtres du jazz comme Nguyên Lê, Michael Gibbs, feu Joe Zawinul. Il sera sur la scène de Salé aux côtés de University of Gnawa, le 18 mai lors de la 11e édition du Festival Mawazine – Rythmes du Monde. Aziz Sahmaoui, féru d'instruments traditionnels. 15 heures. Entretien avec Aziz Sahmaoui, musicien hors-pair marocain, à l'Institut, café parisien, situé en face de l'Institut du monde arabe (IMA), où rendez-vous a été fixé. Solaire, souriant, affable, cet artiste de renom, véritable icône du son gnaoui, se délie avec mesure en toute simplicité. Depuis son enfance à Marrakech, dans le barnum musical des différentes tribus du Maroc, vivier de soie chantante, Aziz Sahmaoui, n'a cessé de s'enrichir en instruments et en cordes vocales. Chanteur et multi-musicien de musique gnaouie, il incarne aujourd'hui, une riche source d'inspiration pour la nouvelle génération. « J'ai grandi dans un climat de musique traditionnelle, profondément marqué par la passion et l'amour de la musique. Il régnait à Marrakech, une véritable magie, la présence du rythme y était très forte. J'ai eu la chance d'évoluer au sein de cette fresque musicale, enseignée par les plus grands maâlems, au son des tambours, et de tous les autres instruments à peau. C'était une formidable école pour l'initiation à la scène », confie-t-il de sa voix lente et soyeuse. Débarqué au cœur de l'Orchestre national de Barbès, dans les années 90, Aziz Sahmaoui, en est l'un des fondateurs, et compositeurs. Souviens-toi, ami lecteur de ce fameux soir, où sur le plateau de Nulle part ailleurs, Philippe Gildas, a faillit tomber de sa chaise, tant l'apparition des Larbi Dida, Aziz Sahmaoui, et Youssef Boukella soufflait une tornade tout droit sortie des sons pur jus maghrébins, mâtinée d'envolées jazz, servie dans une fusion du feu de Dieu et d'instruments arabes jamais soupçonnés auparavant, dont le fameux sifflet porté aux lèvres de Dida… Après avoir enflammé les mariages gargantuesques, les scènes parisiennes, c'est le grand baptême de la bande de copains, pour l'Orchestre national de Barbès, fraîchement invité lors du direct de Canal +, la chaîne cryptée du moment. Le chanteur et musicien, au plus fort d'un concert. Jazz et culture « gnaouas » C'est sur le terreau de la cité ocre, où se tient le festival des musiques traditionnelles, que dès l'âge de 7 ans, le père de Aziz Sahmaoui le conduit, l'enfant y est immanquablement imprégné. « J'y ai découvert le book, ce son qui m'a fasciné, et le banjo, qui ne révèle qu'une seule voix ». Le temps aidant, le goût et l'attrait grandissant de Aziz, le portent naturellement vers les instruments à cordes. « J'ai été conquis par la guitare, et la finesse de sa note ». Le souvenir des musiques traditionnelles, continuent d'opérer leur charme, depuis le festival qui se tenait à Ksar El Badii, il se lie à d'autres férus de sons, « nous avons introduit la batterie dans le chaâbi, comme le bendir, la derbouka, puis nous avons formé et réuni un orchestre complet, fort de violon, de basse et de piano ». Suit la formation « The Zawinul Syndicate » où Sahmaoui, continue d'explorer et d'affiner la musique traditionnelle maghrébine, toujours à l'écoute des courants les plus actuels du jazz et de la fusion. Il sera sur la scène de Salé, le vendredi 18 mai lors de la 11e édition du Festival Mawazine – Rythmes du Monde, avec University of Gnawa. Un groupe entièrement dévolu, à la musique gnaouie, dont un album a été signé au printemps 2011, intitulé « Aziz Sahmaoui & University of Gnawa », en 13 titres de couleurs variées. Ballades ‘' gnaouas ‘' et minimales. Un spectacle que Aziz est impatient de vivre car « ce concert au Maroc, est vraiment chargé de beaucoup d'émotion pour moi. Cet amour intarissable que je porte à mon pays, je vais le partager avec de bons musiciens, et je vais retrouver mon public, nous avons les mêmes codes musicaux, je suis heureux de retrouver le ciel de Rabat et mes frères marocains », souligne -t-il les yeux plein de joie. Fondé il y a un an et demi, sous l'impulsion de Aziz Sahmaoui, suite à l'élan insufflé par la formation de l'Orchestre national de Barbès, University of Gnawa, résulte d'une histoire amicale, entre musiciens, marocains, algériens et africains. Offrant une tonalité afro-maghrébine, elle réunit 6 artistes : Aloune Wade (basse), Herve Samb (guitare), Lamine Toure (percussions), Cheikh Lo Diallo (kora). Belle alliance et précieux alliage du Maghreb et du Continent Noir. * Tweet * * *