Depuis la mi-mars, le personnel du call center de Free à Casablanca, Total Call, tient une grève illimitée. La direction néglige les desiderata des employés. Ces derniers refusent de travailler car leurs conditions de travail sont « invivables » et les moyens de motivation « inexistants ». Une grève a déjà été déclenchée en novembre 2011 pour des revendications similaires. « La direction de Total Call nous ignore et marginalise nos demandes et nos principales revendications. Elle résiste aussi contre notre action syndicaliste. Et ne veut même pas nous recevoir. C'est devenu invivable entre nous et elle ». Hafid Elhani, membre du Bureau syndical de Total Call affilié à l'UMT, épaulé par les grévistes et les syndicalistes, peine depuis plus d'un mois à trouver un compromis avec une direction qui en plus de les éviter, « sombre dans des licenciements abusifs », nous apprennent d'autres sources. « Nous avons déposé un dossier de revendications qui soulève des points réalistes, mais encore une fois la direction n'y a point prêté d'attention ». Le bras de fer n'a pas lieu, puisqu'il s'agit là d'un dialogue de sourd. Revendications Hafid Elhani nous énumère l'ensemble des revendications que le personnel a présentées à la direction. Pour lui, cette dernière qui lutte contre toute action syndicale est en perpétuelle régression en matière de relations humaines. « Le dossier des revendications est en stand-by. La direction refuse de nous laisser désigner un délégué du personnel qui s'exprime en notre nom. Même l'idée des élections des délégués a été réfutée. Nous n'avons pas de comité de santé et de sécurité d'emploi. Le comité d'entreprenariat est, lui aussi, inexistant. », nous révèle Hafid. D'autres sources ayant requis l'anonymat évoquent un problème de « souffrance morale, car les employés vivent un stress insupportable de par le manque d'effectif, l'impossibilité de quitter le poste, des fois, quelles que soient l'urgence, l'indisponibilité des moyens de transport, mais aussi une restauration qui manque d'hygiène ». Enfin, en ce qui concerne les salaires, Hafid estime que la direction ne ménage aucun effort pour démotiver ses salariés. « Les employés du call center de Free, Total Call, touchaient 4000 dirhams de salaire fixe et 4000 dirhams de prime. J'ignore ce qui s'est passé, mais la direction a décidé de nous retirer cette prime et de la transformer en augmentation de 1500 dirhams. Seulement, cette augmentation n'a pas été appliquée. Ce qui fait que nous ne touchons plus 8000 dirhams mais tout juste 4000 dirhams à peine. Nous avons demandé, en vain, l'augmentation de nos salaires et l'amélioration, en général, de nos conditions de travail ». Direction sourde-muette Contactée par Le Soir échos, la direction de Total Call est restée injoignable. Une réunion entre cette dernière, la délégation de l'emploi et les grévistes a été néanmoins tenue la semaine dernière. Mais sans aucun engagement de la part de l'entreprise. « La direction est restée figée sur sa première proposition qui est : 4000 dirhams de salaire fixe plus 1500 dirhams remplaçant l'ancienne prime. Mais, évidement, la promesse n'a pas été tenue. La direction fuit ses responsabilités et ses engagements ! », conclut Hafid Elahni. La méthode Free La grève qui a commencé dans un premier temps en novembre 2011 a repris de plus belle dernièrement. Si Free arrive à avoir des offres à prix cassé, le site d'information Mamfakinch.com ironise : « Beaucoup de personnes se demandaient par quels moyens l'opérateur pouvait à ce point réduire ses coûts. Une partie de la réponse pourrait provenir de l'intensification du travail de ses téléopérateurs marocains et du refus d'augmenter leurs salaires. Mais, les centres d'appels permettent aux jeunes parlant une langue étrangère d'obtenir un travail relativement bien payé », affirme le site. Extension ou délocalisation ? Le groupe Iliad (Free) a ouvert le centre d'appels Total Call en 2005. «La société Total Call a pour mission de gérer les flux d'appels à destination des sociétés One.tel, Kertel mais aussi du 118 818 notre annuaire et dont une petite partie est aussi gérée à Paris. Ce sont des services qui demandent une bonne maîtrise du français mais pas de compétences techniques. Il s'agit d'une extension, non d'une délocalisation d'activité contrairement à l'ensemble de nos concurrents», tels étaient les arguments avancés par les dirigeants de Free en 2005.