Véritable démonstration de force des laïcs tunisiens dans les rues de la capitale, mardi, à l'occasion du 56e anniversaire de l'indépendance de la Tunisie. En effet, au moins 20 000 personnes, selon les organisateurs, ont manifesté à Tunis pour réclamer la démocratie et montrer leur attachement à un Etat civil, alors que l'Assemblée constituante, dominée par les islamistes, s'apprête à rédiger une nouvelle constitution pour le pays. « Le peuple veut un Etat civil. Révolution civile, non au califat ! », scandaient les milliers manifestants assoiffés de liberté et de démocratie. « On commémore ce grand événement dans un moment où notre pays connaît certaines dérives sur les plans constitutionnel, institutionnel et politique. Il y a des atteintes aux libertés, et nous manifestons contre l'instauration de la charia, la loi islamique, dans la future Constitution. Nous voulons une Constitution démocratique qui respecte les libertés et les droits de tous les Tunisiens », a déclaré Mongi Ellouz, secrétaire général adjoint du Parti démocrate progressiste (PDP), cité par la presse tunisienne. Une tâche compliquée À quelques kilomètres de là, un autre groupe, les salafistes cette fois-ci, se sont rassemblés à la Coupole El Menzah, un peu loin du centre ville pour revendiquer l'application de la charia dans la nouvelle Constitution. Pour rappel, plusieurs milliers de manifestants s'étaient déjà regroupés, vendredi, devant les locaux de l'Assemblée constituante pour la même raison. « Ni laïcs, ni scientifiques, la Tunisie est un Etat islamique. Pas de constitution sans la charia. Notre Coran est notre constitution ! », avaient-ils scandé. C'est donc un bras de fer entre les « bourguibistes » et les salafistes, qui ont la bride sur le cou, depuis la chute du régime Ben Ali, il y a un an. La tâche des représentants du peuple tunisien à l'Assemblée constituante s'annonce très compliquée.