Comment se porte le secteur de la Pêche maritime depuis la non-reconduction de l'accord avec l'UE ? Tout d'abord, il convient de ne pas oublier que le dernier accord de pêche est le plus petit accord parmi les accords de pêche passés avec l'Union européenne et l'Espagne, en particulier. Que ce soit en matière de capacité de pêche, du nombre de navires et leur type ou en terme de contre partie financière. La présence de navires européens a certes eu un impact positif sur la ressource, mais cette flotte peut être tenue pour responsable de la situation de notre ressource halieutique. Il n'est pas question de faire porter le chapeau qu'aux bateaux européens, mais simplement de dire qu'un accord tel que celui qui était en vigueur a pour effet direct la détorioration de la ressource nationale. Qu'en est-il des éventuels pourparlers et négociations pour une relance d'un accord de pêche avec l'UE ? Nous avons encore tous en mémoire les circonstances de l'accord de pêche signé en juillet 2005, le 25 juillet pour être précis. Je rappelle que le 24 juillet 2005, au soir, soit la veille de la signature de l'accord de pêche avec l'Union européenne, les officiels niaient toute reprise d'un accord. C'est via la MAP, le lendemain, que nous avons appris la nouvelle. Tout cela pour dire, que pour ce dossier des choses peuvent se passer sans que l'opinion publique nationale ne soit informée. Ce que je souhaite, c'est que l'Etat marocain puisse tirer les leçons du dernier épisode du feuilleton de l'accord de pêche au parlement européen. Le Parlement marocain et donc le peuple marocain doivent être associés au processus de conclusion de tout nouveau partenariat international dans le domaine de la pêche, de la négociation à la ratification. Quelle est la position des acteurs du secteur et celle des pouvoirs publics en ce qui concerne une éventuelle reconduction de l'accord de pêche ? La profession est contre tout nouvel effort de pêche dans les pêcheries nationales qui sont pleinement exploitées voire surexploitées. Cela représente un danger pour la ressource, et une concurrence pour les nationaux, à la fois au niveau de la pêcherie, mais également au niveau des marchés à l'export. Si je m'appuie sur la position des officiels et la récente déclaration du ministre de la Pêche, suite au vote du Parlement européen contre la prorogation du dernier protocole d'accord de pêche, les eurodéputés parlent d'un nouvel accord et affirment que les marocains sont capables d'exploiter leurs ressources par leurs propres moyens et au travers de leur savoir faire. En clair, nous sommes sur la même longueur d'onde, Etat, gouvernement et opérateurs du secteur. Comment expliquez-vous que la débat public sur la (non) reconduction de l'accord de pêche Maroc-Union européenne n'est plus ? Tout simplement parce que les marocains ont rompu depuis longtemps avec leurs traditions maritimes et considèrent les ressources halieutiques nationales comme existant sur une autre planète. D'autre par, parce que les partis politiques tout comme le Parlement préfèrent parler et spéculer sur l'identité des titulaires de licences pêches et n'ont que faire du «pillage» de la ressource nationale par les navires étrangers dont les européens. Je considère que la presse nationale est aussi responsable car elle est plus préoccupé et sensible à faire la chasse «au scoop», à la dernière actualité, sans attacher une importance aux choix stratégiques du pays, que ce soit pour la pêche ou pour d'autres secteurs d'activités. On ne peut pas, on ne doit pas, être aussi passif et réagir que lorsque le torchon brûle. Soyons proactif et arrêtons d'attendre qu'on nous dicte les choses. Il faut être capable de prendre son destin en main et être force de proposition. Après que la liste des titulaires d'agréments de transports a été rendue publique, on parle de la diffusion prochaine des titulaires de licences de pêche, qu'en pensez-vous ? Je pense tout simplement qu'il faut être précis, lucide et responsable, gare à toute démarche non conforme à des principes de base comme l'intégrité et le respect des valeurs fondamentales, dont le dénominateur commun est la cohésion nationale. Opposer les uns aux autres, c'est tout sauf productif pour l'intérêt général. Je considère qu'il est nécessaire de définir le sens de « l'économie de rente » et analyser le cadre des licences de pêche, toute pêcherie confondue, par rapport a cette définition. C'est important et primordial. Si chacun s'accorde à reconnaître que l'économie de rente est un fléau qui gangrène notre économie et constitue un facteur limitatif pour le développement économique, il faut savoir qu'y mettre un terme demandera du temps. Pour y arriver, toutes les forces vives doivent s'y employer avec détermination et solidarité. La même détermination doit être affichée vis à vis des partenaires étrangers. Les européens veulent « le beurre et l'argent du beurre». Le Maroc doit respecter ses obligations et procéder à une évaluation précise de l'ensemble de ses ressources halieutiques. Toute négociation qui interviendrait avant une «vraie» évaluation de la situation, serait une trahison. Et je pèse mes mots, ce n'est pas exagéré.