Les Services de l'Etat gérés de manière autonomes (SEGMA) censés améliorer la qualité des prestations publiques n'ont rien de public. C'est du moins ce qui ressort du dernier rapport sur les SEGMA publié par le ministère de l'économie et des Finances. À analyser de près les détails de ce document qu'on peut qualifier de riche, il en ressort au titre de l'année 2010 un « faible taux d'exécution des dépenses d'investissement qui n'a pas dépassé 23 % malgré les efforts déployés ces dernières années pour améliorer la capacité de gestion desdits SEGMA ». Ce gap énorme entre les crédits ouverts et les budgets effectivement dépensés concerne en fait tout l'appareil étatique. Ce qui remet en cause la transparence de l'administration et des finances publiques même. La faille est immédiatement perceptible surtout lorsqu'on se rend compte que l'excèdent des recettes (couverture partielle des coûts des prestations rendues) sur les dépenses s'est élevé à près de 3,5 milliards de dirhams contre 2,7 milliards en 2009, ce qui veut dire une hausse notable de l'ordre de 22 %. En effet, l'évolution des recettes avait suivi un rythme plus rapide (18 % à 5,5 milliards) que celui des dépenses (12 % à 2,1 milliards). Cette progression tient entre autres à « l'effort continu desdits SEGMA pour améliorer leurs recettes propres en rendant des services de qualité à la population », peut-on lire dans le document accompagnant le projet de loi de finances 2012. En détail,la structure des ressources laisse dégager une prédominance des excédents reportés à près de 50 %. S'en suivent respectivement les recettes propres (36,6 %) et les dotations budgétaires (13,8 %). Quant aux dépenses, la répartition par nature montre une prépondérance du poste Matériels et dépenses diverses pour 76 %, suivie des charges des efforts d'investissement (19 %) et enfin les charges de personnel (5 %). La principale conclusion à tirer de l'affectation aussi bien des recettes que des dépenses est que le secteur social et celui des infrastructures captent à eux seuls plus de 85 % du total. Pour rappel, les SEGMA interviennent essentiellement dans les domaines social, documentation et recherche, infrastructures, promotion des investissements et des activités économiques et enfin l'eau et l'environnement. La facture sociale s'alourdit davantage avec l'effet « printemps arabe ». Et les attentes des citoyens en matière de qualité des services, rapidité et simplicité des démarches à accomplir, satisfaction des besoins à moindre coût… se font de plus en plus sentir. En un mot : améliorer le mode de gouvernance. Chose qui laisse encore à désirer, quoique le gouvernement de Benkirane s'est voulu très généreux, comme on peut le déduire en lisant les grandes lignes de la loi de Finances 2012, côté social. Déjà la courbe d'évolution du nombre des SEGMA entre 2007 (160) et 2011(202) informe sur les préoccupations majeures de l'action publique. En 2010, leur nombre était de 191. Cette augmentation trouve son fondement dans la mouture de la loi de finances 2011, au titre de laquelle 13 nouveaux services avaient été créés contre 3 supprimés. Le souci donc de gagner en transparence et en performance se sent facilement eu égard aux recommandations des initiateurs du rapport : « les SEGMA sont amenés à être à l'écoute des usagers, à améliorer leurs conditions d'accueil et d'accès aux prestations rendues, à évoluer en fonction de leurs attentes et à les mettre au centre de leurs préoccupations ».