Une lettre ouverte, signée par une soixantaine de salariés et journalistes de la chaîne, travaillant pour la plupart dans le pôle information, a été adressée à l'attention de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. La lettre a pour but de « dénoncer et refuser la teneur d'un prétendu document de réforme préparé à l'insu des journalistes et salariés de la direction de l'information, dont des extraits ont été relayés par la presse nationale », stipule le communiqué reçu par Le Soir échos. Les signataires du document indiquent leur étonnement suite à un article paru mardi 27 février dans le journal Al Massae, stipulant la tenue d'une réunion entre des « salariés de la chaîne et le ministère de la communication ». Selon les signataires, la « prétendue réunion » aurait été organisée à leur insu, ce qui les a motivé à formuler un certain nombre de revendications, réclamant notamment une plus grande « approche participative dans le but d'améliorer le service information de la chaîne », objet de toutes les polémiques . Contacté par Le Soir échos, le journaliste Ouadih Dada, un des signataires de la lettre ouverte, nous livre plus de précision. Selon lui « ce qui a motivé les signataires de la lettre est de deux ordres : condamner la démarche entreprise dans le flou absolu et montrer le mécontentement de la majorité des journalistes contre les agissements d'une minorité qui dénigre aussi bien le travail de la rédaction que les membres de la rédaction, sous des prétextes d'ordre personnel ». Majorité silencieuse En clair, les journalistes signataires s'insurgent contre le front « anti-Sitaïl », la directrice du pôle information de la chaine publique. Depuis quelques années déjà, la presse ne cesse de relayer des actions revendicatives ayant pour but de dénigrer Samira Sitaïl. Ce que leur reprochent les signataires, c'est le fait que les meneurs de ses actions aient des visées personnelles contre la directrice de l'information. Pour Ouadih Dada, Sitaïl est « une journaliste professionnelle, ce qui dérange forcément ». Selon lui, il existe « une majorité silencieuse », qu'aurait utilisé le front « anti-Sitaïl » pour faire valoir des revendications d'ordre personnel. « On est en sous effectif, on est trop occupé à travailler. Personnellement, je travaille plus de dix heures par jour, alors que ceux, que j'appelle les éléments « agitateurs » ont tout le loisir d'organiser leurs grèves et autres actions revendicatives, qui je le rappelle, sont floues », souligne Dada, par ailleurs présentateur du journal francophone du soir. Démarche d'intérêt public À la question, comment se fait-il alors que les personnes, que vous condamnez, aient pu aller jusqu'à avoir une réunion avec Mustapha El Khalfi, Dada répond que « ces personnes ont certainement raconté à M. El Khalfi les mêmes choses que ce qu'ils avaient racontées aux journalistes pour les duper », s'insurge-t-il, ajoutant qu'ils « ont utilisé le soutien du syndicat », allusion faite à l'UMT (Union marocaine du travail). Concernant les noms de ces personnes, le présentateur n'a souhaité en divulguer aucun, mais selon lui, il s'agit de personnalités notoirement connues, qui « ont une certaine ancienneté dans la chaîne ». « Depuis un ou deux ans, dès qu'il y a une tempête médiatique, ce sont toujours les mêmes personnes qui y sont les initiateurs », remarque-t-il. Ce que souhaite désormais les signataires, qui représentent d'après Dada, la grande majorité des salariés et journalistes du pôle information, est de « mettre carte sur table, jouer la transparence, c'est ce que nous demandons au ministre de la communication. Nous souhaitons être informé de tout ce qui se fait, car nous sommes les premiers concernés. Nous considérons que nous avons entamé une démarche d'intérêt public », explique le journaliste. Concernant la ligne éditoriale du pôle information, Dada souligne « que ce soit la ligne éditoriale, les moyens matériels, ou les ressources humaines. Tout cela doit être discuté en toute transparence, en créant une plateforme ouverte à tous les concernés. C'est ce que nous avait d'ailleurs promis M. El Khalfi lors de sa visite chez nous », et d'ajouter que « les signataires souhaitent simplement que 2M soit à la mesure de ses ambitions, car nous y sommes particulièrement attachés ». Contacté par Le Soir échos, Mustapha Khalfi est demeuré injoignable.