Le silence qu'observent les écoles et les familles sur l'éducation sexuelle des jeunes est criminel ! ». Il n'y a pas d'autre mot qui exprimerait mieux son indignation et sa révolte. Dr Nadia Bezad, présidente de l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (OPALS Maroc), n'a pas peur d'afficher ses sentiments, sur l'évolution d'une situation alarmante. «Chaque année, plus de 350.000 nouveaux cas d'infections sexuellement transmissibles (IST) sont déclarés au Maroc. Depuis 1986 et jusqu'à ce jour, la stratégie nationale de prévention n'a pas réussi à ralentir la cadence. Nous enregistrons même une augmentation des IST/Sida d'année en année. Notre plan préventif est un échec, il faut le réorienter !», estime-t-elle. Une réaction, il devenait urgent d'en trouver une. A l'initiative de l'OPALS-Maroc, une coalition régionale pour la santé sexuelle et reproductive a vu le jour, vendredi 26 mars à Rabat, à l'issue du troisième colloque sur ce sujet. Après le lancement de la coalition civile nationale pour la santé reproductive en 2008 ayant recueilli 227 signatures, cette nouvelle initiative aspire à l'étendre. «L'Algérie, la Tunisie, le Liban, l'Egypte, la Mauritanie et le Cameroun font partie de cette coalition que nous avons régionalisée dans la volonté d'unir les forces», explique le Dr. Nadia Bezad. Et de rappeler que le Maroc est contraint de remplir ses engagements vis-à-vis des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), puisqu'il en est signataire. «Le cinquième objectif des OMD concerne la santé reproductive et sexuelle. Le Maroc n'a que cinq années devant lui pour y arriver. Nous réclamons, donc, que ce programme soit mis en place ainsi qu'une stratégie intégrée pour la lutte contre le Sida», revendique l'initiatrice de la coalition. En tant que société civile, cette coalition d'ONG veut exercer une pression en faveur d'une mobilisation. Pour cela, elle a émis, par la même occasion, l'«Appel de Rabat». Ses signataires proposent, entre autres, l'élaboration d'un manuel sur la santé sexuelle et reproductive. «Les jeunes et plus précisément les adolescents en sont la première cible. Ils ont le droit à une éducation sexuelle, à une connaissance des conséquences d'un rapport non protégé et à la protection notamment par l'utilisation du préservatif ». Sida :Les chiffres qui dérangent Le Maroc compte plus de 3.000 cas de personnes atteintes du virus du Sida. Ce sont les plus jeunes qui en font les frais, puisque la majorité des séropositifs ont entre 30 et 39ans. «81% des cas l'ont été par voie hétérosexuelle», rappelle le Dr. Nadia Bezad, présidente de l'OPALS-Maroc. Et de souligner que le Sida se féminise de plus en plus au Maroc où 40% des cas sont des femmes. L'OPALS souligne aussi que 2,13% des professionnelles du sexe sont séropositives. Ce qui impose la nécessité d'utiliser plus fréquemment le préservatif. «Or, jusqu'à ce jour, nous constatons que le préservatif est très peu utilisé, notamment par les jeunes qui vont de plus en plus souvent vers les professionnels de sexe», fait remarquer le Dr. Nadia Bezad.